Le nombre d’obèses et de personnes diagnostiquées comme souffrant de diabète de type 2 augmente à un rythme alarmant en Thaïlande.
Près de la moitié de la population de Bangkok est aujourd’hui considérée comme obèse, mais le problème ne se limite pas à la capitale.
Il suffit de se rendre n’importe où à Phuket pour constater que le tour de taille des habitants s’élargit, reflétant un problème national qui s’inscrit dans le cadre d’une évolution mondiale vers des habitudes alimentaires malsaines.
Voir : Hausse du taux d’obésité en Thaïlande
Si les chaînes de restauration rapide occidentales y contribuent, le combat de la Thaïlande contre l’obésité est alimenté par un coupable plus insidieux : la prolifération de boissons sucrées et d’options de restauration rapide locales, malsaines.
Les dangers cachés de la cuisine de rue et des boissons sucrées
Stand de nourriture de rue à Bangkok
Traditionnellement, la cuisine thaïlandaise offrait un équilibre entre les saveurs sucrées, salées, acides et épicées.
Cependant, le paysage évolue rapidement.
Le thé glacé thaïlandais, boisson nationale très appréciée, est souvent très sucré.
Les vendeurs le noient volontiers dans du lait concentré ou utilisent du sirop de maïs à haute teneur en fructose comme édulcorant.
Cette tendance s’étend bien au-delà du thé.
L’immense popularité du thé boba, une importation taïwanaise composée de perles de tapioca à mâcher et de bases sucrées de thé au lait, a pris la Thaïlande d’assaut.
Ces concoctions, ainsi que les boissons à la mode comme les cafés glacés thaïlandais chargés de lait condensé et les boissons aux fruits mélangées avec de généreuses quantités de sucre ajouté, contribuent à une augmentation significative de la consommation quotidienne de sucre, en particulier chez les jeunes Thaïlandais.
Dans n’importe quel aéroport, les Thaïlandais transportent des boîtes et des boîtes de Krispy Kreme ou d’autres beignets pour les offrir à leurs proches.
Il n’y a pas que les gâteaux étrangers, il y a aussi les sucreries et les desserts thaïlandais que l’on trouve au bord des routes, dans toutes les épiceries et à l’extérieur des bureaux.
La commodité et la douceur addictive ont un coût, qui pourrait conduire à une génération future accablée par les problèmes de santé liés à une consommation excessive de sucre.
Dévoiler la tromperie des fast-foods en Thaïlande
Poulets frits (fried chicken) de KFC. Photo : Aleksey Gulyaev.
Si les fast-foods occidentaux constituent une cible facile, les innovations thaïlandaises en matière de restauration rapide méritent d’être examinées de près.
Le poulet frit recouvert d’une marinade au piment doux, comme le « Gai Yang » (poulet grillé) accompagné de « Jaew » (trempette épicée au piment), les brochettes de porc sucrées (« Moo Ping ») et les snacks de supérettes conçus pour privilégier le goût plutôt que la nutrition sont omniprésents.
Ces options sont souvent perçues à tort comme des alternatives plus saines aux chaînes occidentales, mais la réalité peut être trompeuse.
Les vendeurs ambulants agrémentent leurs plats de sucre et de glutamate monosodique pour un goût rapide.
De nombreux fast-foods thaïlandais, comme leurs homologues occidentaux, sont mauvais pour la santé en raison de leur teneur élevée en sucre, en matières grasses et en calories.
Les en-cas préfabriqués et emballés reposent souvent sur des ingrédients transformés, du sodium et des graisses malsaines pour prolonger la durée de conservation et l’appétence.
Bien qu’ils soient pratiques et économiques, ils ne contiennent pas les nutriments essentiels que l’on trouve dans une alimentation équilibrée.
La tempête parfaite : un changement de mode de vie
L’augmentation du nombre de boissons sucrées et de fast-foods malsains n’est qu’une facette du problème de l’obésité en Thaïlande.
Le changement de mode de vie joue également un rôle important.
L’urbanisation et l’allongement des horaires de travail ont réduit le temps consacré à la cuisine familiale et favorisé le recours à des solutions pratiques et facilement accessibles.
Les progrès technologiques contribuent également à un mode de vie plus sédentaire.
Les enfants rivés à leur écran et les adultes qui n’ont pas le temps de faire de l’exercice sont autant de facteurs qui favorisent la prise de poids.
Les activités traditionnelles qui favorisaient l’effort physique, comme les jeux en plein air ou la participation à des sports communautaires, sont remplacées par des divertissements passifs.
Ce manque d’activité physique exacerbe les effets négatifs d’une mauvaise alimentation.
La nouvelle génération, plus à l’aise devant sa tablette ou son téléphone que dans les rues de son quartier, ne fait qu’aggraver la situation.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un problème exclusivement thaïlandais et qu’il puisse être observé dans le monde entier, le manque d’éducation sur les dommages causés par ce mode de vie semble être un problème critique.
Rompre le cycle : une approche sur plusieurs fronts
Enfants en surpoids en Thaïlande. Photo : Chiang Rai Times
Il n’existe pas de solution miracle à la crise de l’obésité en Thaïlande.
Une approche sur plusieurs fronts est nécessaire pour s’attaquer efficacement au problème.
Les campagnes d’éducation sont essentielles pour sensibiliser aux dangers de l’excès de sucre et de graisses malsaines.
Les écoles peuvent jouer un rôle essentiel dans la promotion d’habitudes alimentaires saines et dans l’éducation des enfants à une nutrition équilibrée.
Des mesures incitant les fabricants de boissons à proposer des boissons plus saines, telles que des boissons à faible teneur en sucre ou sans sucre, pourraient inciter les consommateurs à faire des choix plus réfléchis.
Les restaurants peuvent être encouragés à fournir des informations nutritionnelles plus transparentes sur les menus, afin de permettre aux clients de prendre des décisions en connaissance de cause.
Construire un avenir plus sain en favorisant un changement culturel
Soupe de poulet aux vertus immunitaires.
En fin de compte, il est essentiel de favoriser un changement culturel en faveur d’une alimentation plus équilibrée.
La promotion d’ingrédients frais et locaux et de méthodes de cuisine traditionnelles mettant l’accent sur les aliments complets peut aider les gens à renouer avec le riche patrimoine culinaire de la Thaïlande.
En mettant en avant des versions plus saines de plats appréciés et en encourageant la cuisine familiale, on peut donner aux individus et aux familles les moyens de prendre en main leur alimentation.
Les campagnes sur les médias sociaux et les émissions culinaires axées sur la cuisine thaïlandaise saine peuvent inspirer la créativité et promouvoir une conversation nationale sur l’alimentation saine.
Voir : La Thaïlande lance un site de recette de cuisine santé
Responsabiliser les individus et faciliter les choix sains
Des personnes se promènent à Suan Rod Fai dans le quartier de Chatuchak à Bangkok. Photo : Nutthawat Wicheanbut
Au-delà de l’éducation et des changements culturels, il est essentiel de créer un environnement qui facilite les choix sains.
Les subventions accordées aux fruits et légumes peuvent les rendre plus abordables et plus accessibles.
La taxation des boissons sucrées pourrait avoir un effet dissuasif sur la consommation excessive.
Voir : Les Thaïlandais sont invités à réduire leur consommation de sucre
L’amélioration de l’accès à des centres de remise en forme abordables et la promotion de programmes d’exercices communautaires peuvent encourager un mode de vie plus actif.
Un appel à l’action pour protéger le bien-être de la Thaïlande
Vendeur de nourriture de rue à Bangkok. Photo : Mattmangum
La scène culinaire thaïlandaise est une source de fierté nationale.
En adoptant des versions plus saines de ses plats préférés, en promouvant une culture de l’alimentation réfléchie et en créant un environnement propice aux choix sains, la Thaïlande peut lutter contre la crise croissante de l’obésité.
Un effort collectif de la part des individus, des décideurs politiques, de l’industrie alimentaire et des professionnels de la santé est nécessaire pour assurer le bien-être des générations futures.
Cette lutte pour une Thaïlande plus saine passe par une appréciation renouvelée de ses traditions culinaires, un engagement en faveur de l’éducation et un investissement stratégique dans la création d’un environnement favorable à un mode de vie sain.
Il ne s’agit pas seulement d’une question de santé individuelle, mais aussi de préserver l’avenir du pays.
Une nation accablée par l’obésité doit faire face à une augmentation des coûts de santé, à une baisse de la productivité et à un déclin du bien-être général.
En s’attaquant de front à ce défi, la Thaïlande peut tenter de contrecarrer un avenir qui va dans ce sens et veiller à ce que le plaisir de manger soit équilibré par l’importance d’un mode de vie sain.
Voir aussi :
Un enfant thaïlandais sur dix est obèse
Godzilla : un célèbre macaque obèse tué par la malbouffe en Thaïlande
La Thaïlande frappée par une crise du diabète : plus de 300 000 nouveaux cas par an
Plus de 40 % des travailleurs thaïlandais sont en surpoids
Pourquoi la Thaïlande met ses moines bouddhistes au régime
Les moines de Thaïlande victimes de la malbouffe
Source : The Phuket News
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3 commentaires
Il n’y a pas si longtemps dans les années 2000 je suis venue faire un séjour en Thaïlande avec une amie qui était un petit peu forte de la taille, nous étions à la plage, elle n’avait pas de maillot de bains alors, nous sommes allés aux marchés et dans les magasins, mais pas moyen de trouver un maillot de bains à sa taille.
Aujourd’hui, je vis en Thaïlande, mais je n’ai jamais vu autant de jeunes qui sont en surpoids, la faute à qui à quoi avant les smoothies n’existais pas, tous les fasst food n’existait pas, mais aujourd’hui, il y en a partout, c’est AMÉRICAIN.
Les Asiatiques aiment bien tout ce qui vient des US c’est aussi pour cela que l’on m’aborde toujours en anglais mais dans un anglais très médiocres incompréhensibles.
La mal bouffe c’est répandu dans presque tous les pays, beaucoup ont perdu le savoir-faire de la cuisine à domicile et allez manger au Mc DO c’est bien plus simple avec un litre de Coca.
Ce sont en premier lieu les familles pauvres qui sont victimes de la mal bouffe, elles se gavent de produits gras peu onéreux avec très peu de fruits et légumes.
Effectivement, c’est comme en France où les familles pauvres vont faire les courses dans des supermarchés pas chers, pleins de produits dénués de nutriments essentiels utiles au développement du cerveau.
C’est l’une des causes cachées des problèmes de violences et d’agressivités que l’on retrouve dans les banlieues.