La flambée des exportations d’or a propulsé le baht à la hausse, rendant les voyages en Thaïlande plus coûteux pour les touristes étrangers.
Le 9 octobre, à 9 h00 (heure de Thaïlande) 1 euro vaut 37,93 bahts et 1 dollar US vaut 32,59 bahts.
Voir : Cours du baht thaïlandais (THB) : le taux de change du jour face à l’euro
Voici un article d’Andrew J. Wood, ancien directeur général d’hôtel qui compte plus de 35 ans d’expérience dans les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme :
Le dilemme de l’or et du baht en Thaïlande
L’économie thaïlandaise en 2025 est complexe.
Les exportations d’or ont bondi de près de 70 % au cours des sept premiers mois de l’année, contribuant à propulser le baht à son plus haut niveau en cinq ans.
Voir aussi : Thaïlande : la hausse du baht liée à des exportations d’or vers le Cambodge
Dans le même temps, les touristes, qui rapportent des milliards de dollars en recettes d’exportation invisibles, trouvent le pays moins abordable.
C’est là tout le dilemme de l’or et du baht : le succès de l’or et de la finance affaiblit la compétitivité du tourisme.
Les entrées d’or font grimper le baht
Les investisseurs mondiaux se ruent vers les valeurs refuges, et les traders thaïlandais surfent sur la vague.
Au cours des sept premiers mois de 2025, les exportations d’or ont dépassé 254 milliards de bahts (environ 8 milliards de dollars).
Avec l’afflux de dollars, le baht s’est apprécié de plus de 8 % par rapport au dollar américain, passant d’environ 34 bahts pour 1 dollar à 31,70 bahts.
Les autres devises connaissent la même évolution.
Par rapport à la livre sterling, 1 livre (UKP1) s’échange désormais contre environ 43 à 44 bahts, ce qui rend les vacances d’un couple britannique à Phuket plus chères qu’il y a un an.
L’euro et le yuan ont également baissé, et les voyageurs indiens en particulier ressentent la pression.
Il convient toutefois de noter que la Thaïlande n’est pas un pays important pour l’extraction de l’or.
La plupart des lingots proviennent de l’étranger, souvent importés de Suisse, de Hong Kong ou de Singapour, avant d’être raffinés et réexportés via les immenses marchés de bijoux et de lingots de Bangkok.
La Thaïlande est essentiellement une plaque tournante mondiale, et non un producteur d’or.
Pourquoi l’or seul ne fait pas bouger le baht, mais pourquoi l’or est l’étincelle
Les économistes soulignent que la corrélation ne signifie pas une simple relation de cause à effet.
En 2025, les exportations d’or ont bondi de près de 70 %, tandis que le baht s’est apprécié de plus de 8 % par rapport au dollar américain.
Une étude a fait état d’une corrélation de 0,88, la valeur 1,0 indiquant une corrélation parfaite.
En termes simples, lorsque l’or augmente, le baht suit presque toujours.
Cependant, comme le lien n’est pas direct, d’autres forces sont clairement à l’œuvre, notamment le retour des touristes et des investisseurs spéculatifs, ainsi que le ralentissement de la Chine et les tensions commerciales mondiales.
L’or est l’étincelle, mais pas le feu dans son ensemble.
Un baht fort apporte des résultats mitigés
Pour les négociants en or et les marchés financiers, c’est un triomphe.
Pour les touristes et les entreprises qui en dépendent, cela ressemble à un serrage de vis.
Une famille londonienne qui réserve deux semaines à Phuket constate soudainement que les repas et les hôtels sont plus chers, non pas parce que les tarifs locaux ont changé, mais parce que la livre sterling achète désormais moins de bahts.
Il en résulte une perte pour la Thaïlande, car les vacanciers se tournent vers des alternatives moins chères au Vietnam, au Cambodge ou en Indonésie.
Les économistes appellent cela le syndrome hollandais
Il existe un nom bien connu pour désigner ce type de déséquilibre.
Les économistes l’appellent le syndrome hollandais, un terme inventé en 1977 lorsque les Pays-Bas ont découvert du gaz naturel en mer du Nord.
Le boom gazier a fait monter en flèche le florin néerlandais, mais les fabricants néerlandais sont devenus moins compétitifs à l’étranger.
Le casse-tête de la Thaïlande est étonnamment similaire.
Le boom de l’or fait monter le baht, mais la monnaie plus forte rend le tourisme moins abordable et les exportations des usines moins compétitives.
La production automobile a déjà baissé cette année, ce qui montre à quel point la hausse rapide des devises peut nuire à d’autres industries.
L’essor des véhicules électriques importés est également un facteur.
Le tourisme est-il une exportation ?
Le tourisme est souvent qualifié d’exportation invisible, car aucun porte-conteneurs ne quitte le port, mais des milliards de dollars affluent.
En Thaïlande, il représente une part importante du PIB (20 %) et fait vivre des millions de personnes.
Le défi réside dans le fait que le tourisme est très sensible aux prix.
Les familles disposant d’un budget serré remarquent rapidement lorsque le baht s’apprécie.
Les voyageurs indiens peuvent préférer Kuala Lumpur à Bangkok.
Même si le nombre total d’arrivées augmente, les dépenses par personne peuvent diminuer.
Pour les conducteurs de tuk-tuk, les vendeurs de nourriture de rue et les hôtels familiaux, la différence est immédiate.
Qui sont les gagnants, qui sont les perdants ?
Les gagnants sont faciles à identifier.
Les négociants en or et les raffineries enregistrent des résultats records.
Les marchés financiers applaudissent un baht qui est synonyme de force et de stabilité.
Le gouvernement se réjouit de l’amélioration des réserves et des recettes.
Les perdants sont tout aussi visibles.
Les touristes se sentent pris à la gorge, les entreprises locales voient leurs marges se réduire et les communautés déjà confrontées à des plages bondées ou à des problèmes d’élimination des déchets voient leurs revenus diminuer lorsque le pouvoir d’achat des visiteurs baisse.
Comment la Thaïlande peut sortir du dilemme de l’or et du baht
La solution n’est pas de restreindre les flux d’or ou d’affaiblir artificiellement le baht.
La Thaïlande doit plutôt s’adapter en rendant son tourisme moins vulnérable aux fluctuations de prix.
Cela signifie cibler les voyageurs moins sensibles aux prix et plus axés sur l’expérience.
Le tourisme de bien-être et médical, la gastronomie, l’immersion culturelle et les voyages haut de gamme, comme le nouveau train de luxe Blue Jasmine à destination de Chiang Mai, sont autant de moyens d’élargir l’attrait du pays.
La Thaïlande peut également améliorer ses infrastructures, gérer efficacement les visas et investir dans la durabilité pour accroître sa valeur.
Si ces mesures sont prises, le pays pourra atténuer le dilemme et prouver que l’or et les plages ne sont pas nécessairement incompatibles.
Conclusion
Le dilemme de l’or et du baht illustre comment la prospérité s’accompagne de coûts cachés.
Les exportations d’or et les flux vers les valeurs refuges ont fait monter le baht, mais des risques monétaires plus importants pourraient nuire au tourisme et à l’industrie manufacturière.
D’autres facteurs, notamment les flux spéculatifs et le ralentissement chinois, ainsi que les inquiétudes liées aux droits de douane et à l’instabilité mondiale, jouent également un rôle.
Si la situation est mal gérée, les gagnants du commerce seront surpassés par les perdants du tourisme.
Si elle est gérée avec sagesse, la Thaïlande pourra équilibrer ses exportations visibles et invisibles, transformant ce dilemme en une opportunité de croissance.
- Les exportations d’or ont bondi de 70 % en 2025, renforçant le baht de plus de 8 %.
- Un baht fort rend la Thaïlande moins abordable pour les touristes étrangers.
- Les économistes parlent d’un “syndrome hollandais” : la prospérité d’un secteur affaiblit les autres.
Voir aussi :
La Banque de Thaïlande maintient son taux directeur à 1,5 %
Thaïlande : alerte, la vigueur du baht menace le tourisme et les exportations
Hausse du baht : la Banque de Thaïlande répond aux rumeurs d’argent gris
Thaïlande : un baht fort et la concurrence régionale font fuir les touristes
Baht trop fort : la Thaïlande perd du terrain face au Vietnam
Source : TTRW
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5 commentaires
Cette analyse assez fouillée a le mérite de mettre en exergue les interactions entre monnaies, cours de l’or et fluctuations boursières au niveau des mouvements économiques et de la rentabilité des entreprises, tant importatrices qu’exportatrices.
Mais il est un point qu’elle n’aborde pas, c’est le rôle que la Banque Centrale thaïlandaise pourrait jouer sur le cours du bath pour le ramener en quelques jours à un taux plus favorable et plus attractif aux exportations et au tourisme international : baisser son taux d’intérêt directeur pour ses interactions avec les banques thaïlandaises, aurait pour conséquence directe de ramener le bath à un taux autour de 38,50 à 39 bath / 1 euro, taux qui serait déjà plus séduisant pour les touristes internationaux qui auraient plus de baths à dépenser pour le même budget de départ, et donc serait également une plus-value pour les commerçants dépendants directement ou indirectement du tourisme.
Mais apparemment, la Banque Centrale est toujours aussi conservatrice et très frileuse quand il faut toucher à ce taux qui régule toutes les autres transactions bancaires du pays, les taux d’intérêts des banques et les taux de change dans leur globalité…
La situation actuelle risque donc de stagner dans la durée avec un lingot d’or qui va continuer à grimper vers des sommets rarement atteints, l’or ayant doublé de valeur en à peine 3 ans !!!
La Banque Centrale de Thaïlande maintient des taux beaucoup plus faibles qu’aux EU ou en Europe.
En l’occurrence, les baisses de taux récentes n’ont pas eu d’effet significatif sur le baht.
Là n’est donc pas l’explication.
Il faut cependant remarquer que la Thaïlande détient de très importantes réserves de change parce qu’elle est restée marquée par la crise de 1997, lorsque le baht avait été attaqué.
Les maigres réserves de change avaient été insuffisantes pour enrayer cette attaque.
Le taux de change est un faux problème puisque de nombreux secteurs, si la monnaie reste forte, ont l’option de baisser leurs prix.
Je ne serais pas surpris de voir la Thaïlande s’enfoncer dans une déflation dans les années qui viennent.
En gros, cet article préconise de continuer à laisser les riches s’enrichir au détriment des travailleurs, et nous ressert le fantasme d’attirer des touristes plus aisés.
Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Bonjour,
Pourquoi dites-vous que la hausse du baht sur l’euro rend les voyages plus chers ??
N’est-ce pas l’inverse ?
Si je change 100 € à 40 bahts, c’est mieux que 100 € à 35 bahts, j’ai 500 b de plus à dépenser, on est d’accord ?
Par contre un thaï qui va à l’étranger, plus le baht est haut, plus son voyage sera cher.
Pouvez-vous m’expliquer ?
CLOANA 162, bonjour…
C’est une question de vocabulaire et de terminologie.
Il ne faut pas confondre hausse du bath avec change plus intéressant ou baisse du bath avec change défavorable, c’est l’inverse…
Quand on dit que le bath est en « hausse », ça veut dire qu’il est plus cher par rapport aux autres monnaies, autrement dit dans votre exemple, quand le bath est à 35 pour 1 euro, avec 100 euros, vous n’obtiendrez que 3.500 baths à dépenser et donc il est plus haut (ou plus cher si vous voulez) que lorsqu’il s’échange à 40 baths où là, vous obtiendrez 4.000 baths à dépenser pour 100 euros.
Donc, un bath à 35/1 euro est un bath en « hausse de valeur », autrement dit « plus cher », qu’un bath à 40/1 euro qui est un bath plus « faible » et donc « en baisse de valeur ».
Ça, c’est pour le côté touriste étranger…
Et pour un thaï, c’est mieux d’avoir un bath fort « en hausse », car il devra dépenser moins de baths pour avoir 100 euros quand il s’échange à 35/1 euro qu’à 40/1 euro…
Pour résumer, un bath qui passe de de 35 à 40 baths pour 1 euro est un bath qui « baisse » (de valeur).
Un bath qui passe de 40 à 35 baths pour 1 euro, est un bath qui part « à la hausse » car il est plus cher pour celui qui doit en acheter…