La Thaïlande accuse le Cambodge d’instrumentaliser sa population civile pour attiser les tensions à la frontière dans la province de Sa Kaeo.
L’ancien camp de réfugiés de Ban Nong Chan, créé pour accueillir les victimes du génocide khmer rouge, est aujourd’hui au cœur d’un différend.
Bangkok accuse Phnom Penh d’avoir encouragé ses citoyens à s’y installer illégalement, tandis que l’armée thaïlandaise a renforcé la zone de barbelés depuis les affrontements meurtriers de fin juillet.
Cette fermeture empêche désormais le retour des civils cambodgiens et alimente une nouvelle escalade des tensions frontalières.
Bangkok dénonce une stratégie de provocation « inacceptable » et a alerté l’ONU.
Une zone créée pour protéger les civils cambodgiens du génocide khmer rouge

Enfants cambodgiens dans le camp de réfugiés de Nong Chan ou « Camp 511 » lors de la guerre civile cambodgienne.
D’après la Thaïlande, Ban Nong Chan, dans le district de Khok Sung à Sa Kaeo, est une zone située sur le territoire thaïlandais qui a été utilisée pour accueillir les victimes cambodgiennes fuyant le conflit interne lors de la guerre civile cambodgienne (1967-1975).
Lorsque le conflit au Cambodge a pris fin, certains réfugiés cambodgiens ont refusé de partir.
Le gouvernement cambodgien a ensuite affirmé que la région était le sol cambodgien et a soutenu l’installation de ses citoyens sur place.
Il a élargi la communauté cambodgienne, s’enfonçant davantage sur le territoire thaïlandais.
La Thaïlande proteste contre cette invasion depuis 2014.

Une photo satellite de 2025 de l’armée royale thaïlandaise montre la communauté de réfugiés d’environ 200 maisons occupées par des Cambodgiens dans la zone jaune du district de Khok Sung, à Sa Kaeo. Le Cambodge affirme que sa frontière est la ligne rouge, tandis que la Thaïlande marque sa frontière avec la ligne bleue, selon l’armée.
Après les combats meurtriers entre les deux pays, du 24 au 28 juillet 2025, qui ont fait de nombreuses victimes civiles, l’armée thaïlandaise a installé des barbelés empêchant les civils cambodgiens qui avaient fui la zone d’y retourner.
Depuis, ces civils n’ont pas été relogés par le gouvernement cambodgien, ils vivent dans des abris de fortunes et seraient utilisées pour créer des tensions à la frontière, selon la Thaïlande.
Un faux journaliste américain a récemment réalisé un reportage à ce propos, accusant la Thaïlande d’avoir envahi le territoire cambodgien et chassé les civils de leur village.
Voir : Un faux journaliste américain menace la Thaïlande depuis le Cambodge
Instrumentalisation du conflit à Ban Nong Chan

Les plateformes de médias sociaux cambodgiennes diffusent du contenu animé illustrant la récente confrontation à Baan Nong Chan, situé dans une zone frontalière contestée de la province de Sa Kaeo, le 25 août 2025
Le 25 août, des civils et militaires cambodgiens ont coupé les fils barbelés et des civils ont tenté de rentrer en force, retenue par des soldats thaïlandais qui bloquaient le passage.
Suite à cet affrontement, la photo d’une cambodgienne tenant son enfant d’un bras et armée d’un bâton de l’autre, a été détournée et transformée en dessin montrant un soldat thaïlandais pointant son arme contre la maman.
Cette image, rapidement diffusée sur les réseaux sociaux cambodgiens, visait à attiser la haine contre l’armée thaïlandaise et à renforcer la perception que Bangkok s’en prend à des civils sans défense.
Réactions en Thaïlande face aux tensions frontalières avec le Cambodge

Environ 300 Thaïlandais se sont rassemblés à Ban Nong Chan à Sa Kaeo, le mardi 26 août 2025, pour soutenir la souveraineté thaïlandaise. Photo : Bureau des relations publiques de Sa Kaeo
En réaction, le lendemain, 300 habitants thaïlandais se sont rassemblés à Ban Nong Chan.
Les manifestants ont exigé du gouvernement qu’il protège fermement la souveraineté nationale en avertissant que, faute de mesures concrètes, le peuple était prêt à défendre lui-même la patrie.
Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Maris Sangiampongsa, a accusé Phnom Penh d’utiliser des civils comme « boucliers humains » afin de compliquer toute réponse militaire et de créer un climat de provocation.
En visite officielle en Suède, le mardi 26 août, il a assuré avoir déjà alerté son homologue Maria Malmer Stenegard et annoncé qu’il porterait le sujet devant les Nations unies à Genève.
Il a déclaré que les actions du Cambodge, qui utilisent les civils comme outil de provocation, constituent une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.
Le porte-parole de l’armée thaïlandaise, le général de division Winthai Suvaree a mis en garde contre un « complot organisé », estimant que si la Thaïlande réagit, le Cambodge déformera les faits afin de susciter la sympathie internationale et ternir l’image de Bangkok.
« L’aide humanitaire et la générosité dont la Thaïlande a fait preuve par le passé ne devraient pas être utilisées par le Cambodge pour nous discréditer », a-t-il déclaré.
Les troupes thaïlandaises prêtent à ouvrir le feu sur les soldats cambodgiens

Le lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la 2e région militaire, répond aux questions lors de la conférence « La vérité depuis la frontière », qui s’est tenue le lundi 25 août 2025 à l’université Kasetsart de Bangkok. Photo : Pattarapong Chatpattarasill/Bangkok Post
Auparavant, le lundi 25 août, le commandant de la deuxième armée, le lieutenant-général Boonsin Padklang, a déclaré qu’il avait autorisé les soldats thaïlandais à riposter immédiatement si des troupes cambodgiennes étaient aperçues en train d’empiéter sur le sol thaïlandais.
Cette annonce fait suite à deux informations :
Des soldats cambodgiens, qui appartiendraient à l’unité du quartier général de la garde rapprochée (BHQ) du président du Sénat cambodgien Hun Sen, auraient été aperçus près de la frontière en train de surveiller les activités des patrouilles thaïlandaises.
Samedi, la 2e région militaire a également affirmé que des soldats cambodgiens avaient illégalement pénétré dans la province thaïlandaise de Surin pour poser une mine antipersonnel PMN-2, violant ainsi les accords internationaux et le cessez-le-feu bilatéral.
Voir : Thaïlande : des soldats cambodgiens aperçus en train de poser des mines
Un cessez-le-feu de plus en plus fragile

Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim (au centre), le Premier ministre cambodgien Hun Manet (à gauche) et le Premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai (à droite) posent pour une photo après une réunion de paix à Kuala Lumpur. Photo : AFP
Malgré l’accord de cessez-le-feu signé fin juillet, les tensions à Ban Nong Chan montrent combien la situation reste instable.
Entre l’utilisation de civils comme instrument de provocation, les accusations de propagande et la présence signalée de soldats cambodgiens en territoire thaïlandais, la confiance entre Bangkok et Phnom Penh est au plus bas.
Si les deux gouvernements affichent officiellement leur volonté de résoudre le différend par le dialogue, la multiplication des incidents fragilise chaque jour un peu plus l’accord.
La frontière de Sa Kaeo apparaît désormais comme l’épicentre d’un conflit latent, où la moindre étincelle pourrait faire voler en éclats la trêve fragile conclue il y a à peine un mois.
Voir aussi :
Sondage en Thaïlande : une majorité veut se distancier du Cambodge
Thaïlande-Cambodge : accord sur le déminage et la lutte contre les centres d’appels
Mines : la Thaïlande accuse, le Cambodge dénie, les preuves accablent
Thaïlande : des vidéos montrent des soldats cambodgiens posant des mines
Conflit Thaïlande-Cambodge : les zones interdites aux voyageurs au 16 août 2025
Source : Bangkok Post, Khaosod English, The Nation Thailand, Bangkok Post
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