Enfer des centres d’appel au Cambodge : un Sud-Coréen torturé à mort

La Corée du Sud a convoqué l’ambassadeur du Cambodge après la mort d’un de ses ressortissants, torturé à mort dans un centre d’appel.

Mise à jour au 17 octobre 2025 :

La Grande-Bretagne et les États-Unis ont sévi contre les cybercriminels au Cambodge et en Birmanie et la Corée du Sud a interdit les voyages dans certaines zones du Cambodge, voir :

Coup dur pour les cybercriminels au Cambodge et en Birmanie

Malgré les demandes de la Thaïlande et les pressions internationales, les réseaux criminels qui contrôlent les centres d’appel au Cambodge continuent de kidnapper, torturer et tuer des innocents, tout en escroquant des victimes à travers le monde.

Ces réseaux criminels sont soutenus par l’élite au pouvoir, selon plusieurs rapports internationaux, dont celui de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

D’après l’ONUDC, ces centres d’appels contribuent à hauteur de 40 à 60 % du produit intérieur brut du Cambodge.

Voir : Centres d’appel frauduleux : la Thaïlande met en cause l’élite cambodgienne

La répression de ces centres d’appels fait partie des quatre demandes de la Thaïlande avant de pouvoir signer un accord de paix avec le Cambodge, voulu par le président américain, Donald Trump.

Voir : La Thaïlande à Trump : la paix avec le Cambodge suspendue à 4 exigences

Malheureusement, plutôt que de faire pression sur le Cambodge pour démanteler ces réseaux, Donald Trump, qui ambitionne d’obtenir le prix Nobel de la paix, mise sur un accord de paix qui risquerait surtout de servir les intérêts des cybercriminels.

Cela permettrait une réouverture des frontières et des casinos qui servent à blanchir l’argent des centres d’appels cambodgiens, et c’est exactement ce que veut Hun Sen, l’homme fort du pays.

Voir aussi : Centres d’appel au Cambodge : l’étau se resserre sur la famille de Hun Sen

Certains observateurs pensent que c’est pour obtenir ce résultat que le conflit est monté d’un cran en juillet 2025, lorsque le Cambodge a bombardé des villages thaïlandais, tuant des civils innocents.

Voir : Thaïlande – Cambodge : les civils sacrifiés pour protéger les centres d’appels ?

La Corée du Sud convoque l’ambassadeur cambodgien

Le ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud : Cho Hyun. Photo : The Korea Herald

Le vendredi 10 octobre 2025, la Corée du Sud a convoqué l’ambassadeur cambodgien pour protester contre la mort d’un étudiant sud-coréen au Cambodge.

Le pays a aussi relevé le niveau d’alerte pour la capitale Phnom Penh en raison d’escroqueries en ligne visant les Coréens.

Le ministre des Affaires étrangères Cho Hyun a fait part de ses préoccupations à l’ambassadeur Khuon Phon Rattanak concernant la persistance des escroqueries à l’emploi et la détention de citoyens sud-coréens au Cambodge.

Il a exhorté le gouvernement cambodgien à prendre des mesures rapides et concrètes pour éradiquer les escroqueries en ligne.

Khuon a déclaré qu’il comprenait les préoccupations et la position du gouvernement coréen et qu’il en ferait part à son gouvernement, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères de Séoul.

L’ambassade du Cambodge n’a pas répondu aux appels de Reuters sollicitant des commentaires.

Selon les médias sud-coréens, un étudiant sud-coréen a été torturé à mort au Cambodge en août dans une affaire liée à une escroquerie à l’emploi.

Dans un communiqué séparé, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a relevé le niveau d’alerte pour Phnom Penh à un niveau spécial, à compter de 21 heures, heure coréenne (12 heures GMT).

Une fermeté que la Thaïlande n’avait pas montrée

Premier plan : femme dans un centre d’appel, arrière-plan : drapeaux cambodgien et thaïlandais.

La réaction de Séoul contraste avec l’attitude qu’avait eue la Thaïlande face à une affaire similaire survenue en novembre 2023.

À l’époque, Bangkok entretenait des relations apaisées avec Phnom Penh et n’avait exercé aucune pression sur les autorités cambodgiennes, une position qui a évolué depuis le déclenchement du conflit entre les deux pays.

En 2023, un Thaïlandais prisonnier d’un centre d’appel au Cambodge et qui y avait été torturé, avait été condamné à la prison pour s’être défendu et avoir tué l’un de ces tortionnaires.

Les prisonniers sont torturés en général quand ils refusent d’arnaquer leurs concitoyens et c’était donc un acte héroïque qui aurait dû être mis en valeur dans les médias thaïlandais.

La Thaïlande n’avait rien fait pour le protéger, et l’homme, en mauvaise condition physique suite aux tortures, était ensuite tombé malade et était décédé d’une pneumonie dans sa cellule insalubre.

Le Cambodge avait ensuite demandé une importante somme d’argent à la mère de la victime pour rapatrier le corps de son fils en Thaïlande.

Laissée seule, sans aucun soutien, la pauvre femme avait dû faire incinérer son fils pour pouvoir le ramener chez elle.

Voir : Un Thaïlandais kidnappé et torturé dans un centre d’appel au Cambodge est mort dans une prison

Dans un nouvel enfer khmer rouge

Photo tirée d’une vidéo où l’on voit un homme se jeter d’une tour abritant un centre d’appel au Cambodge.

En janvier 2025, un Thaïlandais a été filmé en train de tomber d’un immeuble de 18 étages à Poipet, au Cambodge, qui abrite un centre d’appel frauduleux.

Selon The Nation Thailand, plus d’une dizaine de personnes seraient déjà tombées du même bâtiment — le suicide étant, pour beaucoup de victimes, la seule échappatoire à cet enfer moderne, digne des Khmers rouges.

Bien sur, comme ces centres sont tenus par des personnes hauts placés, voir directement liées au pouvoir, la police cambodgienne n’a pas fait d’enquête à la suite de ces nombreux décès.

Voir aussi :

Conflit Thaïlande-Cambodge : zones interdites aux voyageurs au 15 septembre 2025

La Thaïlande à l’ONU : « le Cambodge ment, provoque et viole le cessez-le-feu »

Le FBI et huit pays avec la Thaïlande contre les centres d’appels cambodgiens

Thaïlande : la hausse du baht liée à des exportations d’or vers le Cambodge

Horreur des centres d’appels au Cambodge : kidnapping, torture, viol

Source : Bangkok Post