Aggravation du conflit Thaïlande–Cambodge : 5 soldats thaïlandais blessés par une mine

Le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge s’est aggravé après qu’une nouvelle explosion de mine a blessé cinq soldats thaïlandais.

Un des soldats a perdu une jambe, près du poste frontière de Chong An Ma dans la province d’Ubon Ratchathani le mercredi 23 juillet dans l’après-midi.

C’est la seconde explosion, le mercredi 16 juillet, trois soldats ont été blessés et l’un d’eux a perdu son pied à cause d’une mine nouvellement posée sur le territoire thaïlandais au col de Chong Bok.

Voir : Le Cambodge aurait posé des mines en Thaïlande : 3 soldats blessés

Fermeture des postes frontières et expulsion de l’ambassadeur cambodgien

Fermeture des frontières entre la Thaïlande et le Cambodge.

L’incident a poussé le gouvernement à ordonner la fermeture de tous les postes frontaliers dans le nord-est de la Thaïlande.

Le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai a également annoncé que le gouvernement expulsait l’ambassadeur cambodgien, Hun Saroeun, et rappelait l’envoyé thaïlandais à Phnom Penh.

« En rappelant l’ambassadeur thaïlandais au Cambodge et en renvoyant l’ambassadeur cambodgien au Cambodge, nous examinerons l’état de nos relations », a déclaré M. Phumtham, qui est également Premier ministre par intérim, dans un communiqué du gouvernement.

L’armée thaïlandaise déploie son plan d’urgence

La 1ère division des forces spéciales mène un entraînement le 5 juin 2025 afin de se préparer à soutenir la mission de l’armée thaïlandaise dans l’est du pays, où un conflit frontalier avec le Cambodge est en cours.

L’armée a quant à elle activé son plan d’urgence « Chakrapong Phuwanart », qui avait été mis en œuvre pour la dernière fois en 2011 lors du conflit entre les deux pays au sujet du site du temple de Preah Vihear.

Ce plan concerne les 1ʳᵉ et 2ᵉ régions militaires, qui sont respectivement responsables des plaines centrales et du nord-est.

L’armée a déclaré que l’incident s’était produit alors que des soldats patrouillaient près de Huai Bon, dans le district de Nam Yuen, à Ubon Ratchathani, à 16 h 55.

Cinq militaires ont été blessés, dont un soldat gravement blessé à la jambe droite après avoir marché sur l’engin explosif.

Les quatre autres ont souffert de douleurs thoraciques et d’acouphènes suite au choc de l’explosion.

Tous sont actuellement soignés à l’hôpital de Nam Yuen.

Le soldat qui a perdu sa jambe droite a été identifié comme étant le sergent-major de première classe Phichitchai Boonkorat, de l’unité de patrouille du 14ᵉ régiment d’infanterie.

Un porte-parole a déclaré que le commandant en chef de l’armée, le général Pana Claewplodtook, se rendrait dans la région jeudi.

Un communiqué de l’armée thaïlandaise déclare :

« L’armée condamne fermement cet acte inhumain qui viole les principes de l’humanitarisme international et les accords internationaux et qui s’est produit dans le Royaume de Thaïlande.

Il s’agit d’un acte commis par le Cambodge.

Elle exige que le Cambodge assume la responsabilité de cet incident, qui est considéré comme une grave menace pour la paix et la stabilité le long de la frontière entre les deux pays.

L’armée confirme qu’elle utilisera tous les mécanismes existants de manière appropriée pour protéger le personnel militaire et les citoyens thaïlandais contre de tels incidents. »

Jusqu’à présent, les responsables cambodgiens ont nié toutes responsabilités et certains ont même accusé la Thaïlande d’avoir elle-même posé ces mines qui ont blessé ses propres soldats.

Une deuxième explosion

Le lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la région de la Deuxième Armée, a rendu visite à des soldats blessés dans l’explosion d’une mine terrestre, à l’hôpital Sunpasitthiprasong, dans la province d’Ubon Ratchathani. Photo : Région de la Deuxième Armée

L’incident de mercredi était le deuxième en une semaine.

Un soldat a perdu un pied et deux autres ont été blessés lorsqu’une mine a explosé dans la région de Chong Bok, dans le district de Nam Yuen, à Ubon Ratchathani, le 16 juillet.

Immédiatement après le premier incident, on ne savait pas si les mines terrestres étaient nouvelles ou si elles dataient d’un conflit précédent.

L’armée thaïlandaise a ensuite déclaré avoir déterminé que les mines antipersonnel de fabrication russe avaient été récemment posées et n’étaient pas l’œuvre de la Thaïlande.

La découverte des mines, à 100-150 mètres à l’intérieur du territoire thaïlandais, a immédiatement déclenché des opérations de déminage menées par un bataillon du génie.

Le lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la 2e région militaire, a averti que des centaines d’autres mines pourraient encore être enfouies dans la zone.

L’armée a été placée sous contrôle des zones frontalières après une brève escarmouche dans une zone non délimitée à Ubon Rathchathani le 28 mai, au cours de laquelle un soldat cambodgien a été tué.

Les tensions montent entre les deux pays

Des agents gardent une barricade après avoir fermé le poste-frontière de Ban Khlong Luek dans le district d’Aranyaprathet, dans la province de Sa Kaeo, le samedi 7 juin 2025. Photo : Radio Sa Kaeo

Le dernier épisode de ce conflit frontalier qui dure depuis des décennies a entraîné une série de fermetures de frontières, le Cambodge bloquant les importations de carburant, de fruits et de légumes thaïlandais.

Sur Internet, les discours nationalistes, les fausses informations et les deepfakes se sont multipliés de part et d’autre, tandis que les Cambodgiens ont été accusés d’avoir provoqué des incidents lors d’une visite dans un temple thaïlandais à Surin.

Voir : Thaïlande-Cambodge : la montée inquiétante de l’ultranationalisme

Ce conflit a également entraîné une crise politique interne, la Première ministre Paetongtarn Shinawatra ayant été suspendue de ses fonctions dans l’attente d’une enquête éthique sur la manière dont elle a géré un appel téléphonique avec l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen.

Voir : Une trahison de Hun Sen sème la zizanie en Thaïlande : la coalition éclate

Le Cambodge se prépare à la guerre

Les tranchées creusées par les troupes cambodgiennes proches de la province d’Ubon Ratchathani en Thaïlande. Photo : Thai PBS World

La semaine dernière, le Premier ministre cambodgien Hun Manet a annoncé que l’armée commencerait à recruter des civils l’année prochaine, activant ainsi une loi sur la conscription obligatoire longtemps restée en suspens.

Il a déclaré que les tensions avec la Thaïlande rendaient la conscription nécessaire et que le budget de la défense pourrait également être augmenté.

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Source : Bangkok Post