La Thaïlande s’interroge sur la détention d’animaux sauvages après des attaques de lions domestiques, révélant les failles d’une législation trop permissive.
La fascination de la Thaïlande pour les animaux puissants brouille la frontière entre passion et danger, entre animaux de compagnie et menace publique.
Les experts avertissent que la combinaison de lois laxistes en matière de possession, de la renommée en ligne et de l’envie d’interagir avec des prédateurs est une recette pour un désastre, en particulier pour les enfants.
« Les gens gardent même des lions et des tigres comme animaux de compagnie », a déclaré Sathit Pratchaya-ariyakun, président de la Société thaïlandaise pour la prévention de la cruauté envers les animaux (TSPCA).
Il s’est exprimé après un incident horrible survenu le 17 septembre dans la province d’Uthai Thani, où un pitbull a traîné un bébé de deux mois hors de sa poussette et l’a mortellement mutilé.
L’attaque s’est produite alors que le propriétaire avait affirmé à la mère du bébé que le chien n’était pas agressif.
En comparaison, les lions sont environ dix fois plus lourds que les pitbulls et beaucoup plus puissants.
Voir aussi : Thaïlande : appels à un contrôle des chiens dangereux après des attaques mortelles
Des lions en liberté
La lionne échappée de sa maison après avoir attaqué deux villageois a été capturée et enchaînée dans une cuisine à Kanchanaburi. Photo : Département des parcs nationaux, de la faune et de la flore.
Quelques jours plus tard, une lionne s’est échappée d’une maison à Kanchanaburi et a attaqué deux voisins, dont un enfant, blessant gravement l’enfant.
Voir : Thaïlande : un lion de compagnie attaque un enfant et un villageois
Le grand félin, qui était élevé comme animal de compagnie, a été placé en détention par le Département des parcs nationaux, de la faune et de la flore sauvages (DNP).
Le danger que représentent les grands félins pour les humains a été mis en évidence à Bangkok le 10 septembre 2025, lorsqu’une troupe de lions s’est jetée sur un gardien de zoo devant des visiteurs horrifiés.
Le gardien est décédé des suites de ses blessures peu après à l’hôpital.
Voir : Thaïlande : un gardien dévoré par des lions sous les yeux horrifiés des visiteurs
De même, les promenades avec des tigres ont été interdites dans un parc animalier de la province de Chonburi, après que l’un des fauves ait attaqué un touriste indien le 26 mai 2025.
Voir : La Thaïlande interdit les promenades avec tigres après l’attaque d’un touriste
Si de tels événements suscitent la peur dans le public, le désir de posséder et d’interagir avec des lions reste fort chez certains.
Sur les réseaux sociaux, des influenceurs tournent la situation en dérision :
« Ne vous inquiétez pas.
Mon lion domestique est dans une cage solide… il ne s’échappera pas.
Et même s’il le fait, il se contentera de jouer avec une balle.
Il est grand, mais toujours aussi bête », a plaisanté un influenceur dans un récent post.
« Je lui donne plusieurs kilos de poulet chaque jour, donc son estomac est plein.
Il est peu probable qu’il veuille manger des humains.
S’il a faim, je vous le ferai savoir. LOL. »
La publication a suscité des commentaires élogieux sur la gentillesse du lion, certains proposant même de le garder, ce qui rappelle à quel point beaucoup de gens ont une vision naïve des animaux sauvages.
Ces publications illustrent à quel point la perception du risque reste floue chez de nombreux Thaïlandais fascinés par ces félins.
Les lacunes juridiques
Deux lions ont été découverts dans une luxueuse villa de Pattaya où des agents de police ont arrêté un suspect australien recherché pour vol, le 9 mai 2025.
La loi thaïlandaise a été modifiée il y a plusieurs années pour autoriser la possession privée de lions s’ils sont obtenus légalement et enregistrés auprès du DNP.
Les propriétaires sont tenus de fournir des enclos sécurisés, des panneaux d’avertissement clairs et un moyen de transport sûr.
Voir : Vous avez le droit d’avoir un lion comme animal de compagnie en Thaïlande
Ceux qui ne s’enregistrent pas risquent jusqu’à un an de prison et/ou une amende pouvant atteindre 100 000 bahts (2 643 euros).
Les propriétaires qui laissent leur félin s’échapper risquent une peine de six mois de prison et/ou une amende pouvant atteindre 50 000 bahts (1 321 euros).
« Si vous ne respectez pas les normes, votre lion sera saisi et élevé par nos soins, mais à vos frais », a averti le directeur général du DNP, Athapol Charoenshunsa.
Élever un grand félin coûte cher
Selon les estimations du DNP, les coûts annuels pour un lion âgé de un à cinq ans s’élèvent à environ 533 000 bahts (14 089 euros), passant à 904 000 bahts (23 896 euros) pour les lions âgés de six à dix ans, et à environ 1,39 million de bahts (36 744 euros) pour les lions de plus de dix ans.
Le département s’occupe actuellement de la lionne impliquée dans l’attaque de Kanchanaburi.
Des dizaines de lions élevés comme animaux de compagnie
Un habitant a pris cette photo d’un lion de compagnie promené en laisse dans un quartier de Pattaya en janvier 2024.
Les détracteurs affirment que la légalisation de la possession privée de lions a donné au public la fausse impression que les prédateurs sauvages peuvent être aussi inoffensifs et « mignons » que des chiens de compagnie.
« Les animaux sauvages ont des instincts qui ne changeront jamais », a déclaré Sadudee Pungpugdee, directeur de la Division de la protection de la faune et de la flore sauvages.
Les lions (Panthera leo) sont classés par la loi thaïlandaise comme des animaux sauvages contrôlés de « catégorie A », considérés comme dangereux en raison de leur nature agressive et de la menace potentielle qu’ils représentent pour les humains.
En vertu de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), les lions peuvent être importés ou exportés avec les permis appropriés.
La relative facilité du commerce légal a favorisé la croissance rapide de la possession et du commerce de lions en Thaïlande, où 75 propriétaires non zoologiques détiennent au moins un lion comme animal de compagnie.
- La Thaïlande autorise la possession privée de lions avec enregistrement auprès du DNP.
- Plusieurs attaques récentes relancent le débat sur la sécurité et les lacunes juridiques.
- Environ 75 particuliers possèdent légalement des lions dans le pays.
Voir aussi :
Arrestation insolite en Thaïlande : un voleur australien vivait avec 2 lions
Lions aperçus dans les rues de Pattaya en Thaïlande : la police confisque les fauves
Insolite : un lion aperçu dans une décapotable à Pattaya en Thaïlande
Thaïlande : il tente de faire passer un bébé tigre pour un hybride ligre
Des trafiquants d’animaux tentent de vendre un bébé tigre via Facebook
Source : Thai PBS World
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3 commentaires
La place des animaux « sauvages », terrestres ou marins, et particulièrement des prédateurs carnassiers, se trouve dans leur habitat naturel, jungle, savane, forêt, océans, désert, toundra, antarctique… et pas enchaînés dans des salons, privés de liberté dans des propriétés privées, terrains urbains bien ou mal clôturés, cages, cirques ou tout autre lieu où ils peuvent constituer un danger pour la vie de personnes, tout cela pour flatter l’égocentrisme et l’égoïsme de personnes riches qui n’en ont rien à faire du bien-être animalier et du respect de la vie, de l’environnement et de l’habitat naturel de ces animaux…
La Thaïlande devrait revoir d’urgence les lois qui permettent la détention de tout animal sauvage, même « domestiqué » selon leur propriétaire, mais dont les instincts prédateurs et carnassiers restent intacts et peuvent se réveiller même après 10 ou 20 ans de vie parmi les humains, et interdire purement et simplement la détention de tels animaux…
Il faudra encore combien d’accidents, parfois mortels ou handicapants à vie, dont sont victimes enfants et adultes, avant que les politiques se décident à agir ?
Peut-être faudra-t-il qu’eux-mêmes ou un membre de leur famille en soit victime personnellement ???
Comme s’il n’y avait pas assez de clébards pouilleux en liberté.
Ce monde est fou et ce gouvernement qui autorise ça, c’est vraiment du grand n’importe quoi.