2025, l’année qui a fait vaciller la Thaïlande : séisme, scandales, guerre

L’année 2025 a exposé au grand jour la fragilité des institutions thaïlandaises à travers une série de chocs sans précédent.

Séisme meurtrier à Bangkok, scandales religieux, corruption policière, inondations historiques et guerre frontalière : cette année a mis en lumière toutes les failles de la Thaïlande, comme si le pays avait été frappé simultanément sur tous ses points vitaux.

Une revue de l’année sans concession par le journal Thai PBS World :

Des fondations fragiles

Effondrement d’un immeuble en construction dans le quartier de Chatuchak à Bangkok lors du tremblement de terre, le vendredi 28 mars 2025. Photo tirée d’une vidéo.

Le sol tremble, et nous, les Thaïlandais, savons bien que ce n’est pas seulement un pilier qui s’effondre, mais toute la structure de notre société.

Avec le recul, les troubles ont commencé lorsqu’un tremblement de terre de magnitude 7,7, le plus fort à avoir frappé la région depuis plus d’un siècle, a secoué Bangkok.

Si les secousses physiques ont fini par s’atténuer, elles ont révélé de profondes « fractures » dans l’intégrité de la nation.

L’effondrement du bâtiment de la Cour des comptes n’a pas seulement coûté des vies, il a également déclenché des enquêtes qui ont mis au jour une spirale descendante de corruption dans le secteur de la construction et le non-respect des normes de sécurité.

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Le public thaïlandais a vu les décombres révéler la vérité : l’argent des contribuables s’était évaporé et la réputation touristique du pays avait été sacrifiée au profit de raccourcis bon marché et dangereux.

En regardant les images, de nombreux touristes ont pensé que rester en Thaïlande pouvait être risqué.

Une morale fragile

Phra Thep Wachiratheeraporn, abbé du Wat Phra Phutthachai à Saraburi (à gauche) reçoit des vêtements laïques après avoir été défroqué pour avoir entretenu une liaison avec une femme connue sous le nom de Sika Golf (à droite).

Alors que le pays luttait pour se reconstruire, le tissu moral de la nation a commencé à se défaire.

Deux scandales religieux majeurs ont ébranlé la confiance du public.

Tout a commencé au milieu de l’année avec des scandales monastiques impliquant plus d’une douzaine de moines de haut rang dans des affaires très médiatisées de sexe et d’extorsion impliquant une femme.

Voir : Thaïlande : arrestation de la femme qui a séduit et fait chanter des moines

Ce fut un chapitre sombre de l’histoire du Sangha, mais ce n’était que la première « boîte de Pandore » à s’ouvrir.

En août, l’arrestation de Luang Phor Alongkot du Wat Phra Bat Namphu a provoqué une onde de choc dans la communauté bouddhiste.

Pour un homme autrefois vénéré comme un héros par les patients atteints du sida, être accusé d’avoir détourné des milliards de dons caritatifs et d’avoir prétendument volé l’identité d’un ami décédé a été ressenti comme une trahison de l’âme.

Voir : Scandale en Thaïlande : le moine héros du sida arrêté pour fraude

Pour beaucoup, l’acte sacré de faire des bonnes actions ne sera plus jamais le même.

Un système juridique fragile

Le général de police Torsak Sukvimol. Photo : Thai PBS World

Le royaume n’a connu aucun mois de répit.

En octobre, la crise s’est déplacée des temples vers les commissariats de police.

Une enquête massive sur des faits de corruption a mis en cause plus de 200 agents, dont l’ancien chef de la police nationale, le général Torsak Sukvimol.

Voir : Thaïlande : l’ancien chef de la police accusé d’un vaste scandale de corruption

Les allégations de pots-de-vin s’élevant à plusieurs millions provenant du réseau de jeux d’argent en ligne BNK Master ont brossé le tableau d’un système d’application de la loi en plein désarroi.

Tout comme les scandales monastiques, il s’agissait d’un effondrement systémique, d’un château de cartes où les plus hauts fonctionnaires contrôlaient une fortune dépassant l’imagination.

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Une gestion des catastrophes fragile

Les sauveteurs s’occupent d’une famille de plusieurs personnes qui étaient bloquées sur le toit de leur maison à cause des inondations à Hat Yai en novembre 2025. Photo : Thai PBS World

L’année a atteint un point de rupture en décembre lorsque la « grande inondation du sud » a submergé Hat Yai et déplacé des millions de personnes.

Voir : Thaïlande : des familles percent leur toit pour survivre aux inondations à Hat Yai

Il ne s’agissait pas d’un phénomène naturel sans précédent ; la catastrophe a été amplifiée par les défaillances des dirigeants, l’expansion urbaine non réglementée et des communications publiques dangereusement peu fiables.

Les inondations de 2025 ont mis en évidence une fragilité systémique tant au niveau local que national, prouvant que notre sécurité est souvent secondaire par rapport à une mauvaise gestion.

Relations instables avec les pays voisins

Un pont et une position de mortier cambodgienne ont été touchés par des tirs d’artillerie thaïlandaise près de Ban Nong Chan, dans la province de Sa Kaeo, le vendredi 12 décembre 2025. Photo : Forces militaires de l’armée thaïlandaise

Un conflit frontalier violent avec le Cambodge a également éclaté cette année, s’intensifiant au cours du dernier trimestre.

Les frontières thaïlandaises sont devenues des champs de bataille, les avions de combat et les tirs d’artillerie transformant la frontière en zone de guerre.

Avec plus de 100 morts et un demi-million de personnes déplacées, ce conflit est devenu le plus sanglant depuis des décennies, surpassant les affrontements de Preah Vihear en 2011 tant par son ampleur que par sa tragédie.

Une politique instable

Le Premier ministre Anutin Charnvirakul, au centre, s’adresse aux journalistes après avoir présidé une réunion du cabinet à la Maison du gouvernement, à Bangkok, le mardi 9 décembre 2025. Photo : Chanat Katanyu/Bangkok Post

De toutes les tempêtes auxquelles la Thaïlande a été confrontée en 2025, notre instabilité politique a été la moins choquante.

En seulement deux ans, le pays a connu trois Premiers ministres, dont deux rien qu’en 2025.

Nous avons essentiellement changé de cap en cours de route lorsque Anutin Charnvirakul a remplacé Paetongtarn Shinawatra en septembre, juste au moment où le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge s’est enflammé.

Bien qu’Anutin ait pris ses fonctions en promettant d’attendre janvier pour dissoudre la Chambre, l’instabilité de son gouvernement et la pression d’un débat de censure imminent l’ont contraint à agir.

Le 12 décembre, il a dissous la Chambre basse, détournant l’attention de la nation vers les élections à venir, dont l’enjeu est considérable.

Une année instable en perspective ?

Élections en Thaïlande.
Photo : Fortify Rights

Alors que 2025 touche à sa fin, un fragile cessez-le-feu avec le Cambodge offre un moment de paix, mais pas de solution.

La Thaïlande attend désormais les élections du 8 février 2026 comme un jour de vérité.

Dans une décision très attendue, la commission électorale va regrouper les élections générales et le référendum constitutionnel, permettant ainsi aux Thaïlandais de voter pour un nouveau gouvernement et une nouvelle loi suprême le même jour.

C’est notre chance de sortir le pays de sa spirale descendante.

Cependant, une élection n’est qu’une couche de peinture sur un mur qui s’effrite.

Les événements de 2025 montrent que notre pays est au bord de l’effondrement, exactement comme le bâtiment de la Cour des comptes, de l’intérieur vers l’extérieur.

La cupidité engendre la corruption, et la corruption alimente une alliance contre nature entre hommes d’affaires, fonctionnaires et moines.

Le prochain scrutin n’aura de sens que si nous choisissons d’éradiquer ces problèmes chroniques.

Si nous ne réparons pas les fondations dès maintenant, la prochaine secousse ne fera pas que secouer la maison, elle la fera s’effondrer.

Voir aussi :

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Face aux chocs globaux, la Thaïlande accélère sa transformation économique

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Source : Thai PBS World