Conflit Thaïlande – Cambodge : une diversion pour les centres d’appels ?

Le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge pourrait avoir été déclenché par le Cambodge comme une diversion pour les centres d’appel.

Le journal Thai PBS World s’interroge sur l’étrange enchaînement des événements entre les accusations américaines visant des proches du pouvoir cambodgien soupçonnés de liens avec des centres d’appel frauduleux, et l’émergence des tensions frontalières avec la Thaïlande.

Voir : L’industrie de la cyber-escroquerie se développe au vu et au su de tous au Cambodge

En attendant, les escroqueries liées aux centres d’appel, qui font de nombreuses victimes en Thaïlande, sont repartis à la hausse après la forte baisse liée à la fermeture de centre en Birmanie.

Article de Thai PBS World :

« Chronologie curieuse du Cambodge

Hun Manet, le Premier ministre du Cambodge. Photo : Thai PBS World

Les tactiques de diversion font partie des bases de la politique.

Presque tous les politiciens les connaissent bien (sinon les utilisent directement).

C’est aussi pourquoi les « théoriciens du complot » ne pourront jamais être éradiqués de la planète.

Cela ne signifie pas que les tensions militaires et diplomatiques concernant la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge ne sont absolument pas ce qu’elles semblent être.

Cela ne signifie toutefois pas que cette chronologie ne mérite pas d’être lue.

Le 1er mai, le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN), un bureau du Trésor américain, a proposé une règle visant à couper l’accès du groupe cambodgien Huione au système financier américain en raison de son rôle présumé dans le blanchiment de fonds provenant de cyberattaques et d’escroqueries en ligne.

Cette décision fait suite à de nombreux soupçons et enquêtes (menées en dehors du Cambodge) reliant cette entreprise, qui entretient des liens avec le monde politique, à des réseaux de blanchiment d’argent liés à des groupes criminels transnationaux en Asie du Sud-Est impliqués dans des escroqueries en ligne et des opérations de cybervol attribuées à la Corée du Nord.

Vous vous souvenez de ce que Thaksin Shinawatra a dit sur la facilité avec laquelle il était possible de traiter avec les escrocs ?

Les commentaires et l’attitude de la Thaïlande à l’égard de ce problème n’étaient pas très agréables à entendre pour le Cambodge. (Si vous croyez aux théories du complot, bien sûr.)

Selon un rapport médiatique publié par le FinCEN, l’agence américaine a découvert que ce groupe commercial très en vue avait blanchi au moins plusieurs milliards de dollars américains provenant d’activités illicites entre août 2021 et janvier 2025.

Ce conglomérat exploiterait plusieurs places de marché et applications financières « facilitantes ».

Une plateforme aurait été liée à un nombre considérable de transactions illicites présumées.

Hun To, cousin du Premier ministre cambodgien Hun Manet, est directeur de la société Huione.

Une recherche sur Google indique que cette connexion politique « met en évidence un lien étroit entre le groupe Huione et le gouvernement cambodgien » par l’intermédiaire des familles politiques au pouvoir.

La décision du FinCen fait suite à un article percutant publié dans The Diplomat, un média grand public basé actuellement aux États-Unis.

« Une société holding cambodgienne obscure, liée aux plus hautes sphères du parti-État, est devenue le plus grand marché criminel en ligne de l’histoire », affirmait l’article publié en janvier, mentionnant directement le nom du groupe commercial.

« Huione, portrait de la domination criminelle de la nouvelle génération, souligne à la fois la rentabilité relative de la cybercriminalité […] et, tout aussi important, l’ampleur considérable des opérations qui peuvent être menées lorsque des criminels d’élite bénéficient d’un soutien fiable de l’État », affirmait l’article.

Toujours selon The Diplomat : « Huione n’est en aucun cas un cas isolé parmi les élites et les entreprises cambodgiennes impliquées dans des escroqueries et liées à l’État. »

Il énumérait ensuite une série de noms de personnalités politiques de haut rang, mais précisait que ces noms « ne sont que quelques-uns parmi les nombreux membres de l’élite ayant des liens avérés avec les complexes frauduleux du Cambodge ».

L’article indiquait que pendant des mois, alors que les soupçons s’intensifiaient à l’échelle mondiale, le gouvernement cambodgien n’avait cessé de nier avec force ces accusations choquantes, ce qui, selon The Diplomat, était courant dans l’histoire du Cambodge, où les rivaux politiques s’appuyaient souvent sur des financements douteux.

Le 28 mai, un affrontement a eu lieu entre des soldats thaïlandais et cambodgiens stationnés à Chong Bok.

Voir : Tensions à la frontière Thaïlande-Cambodge : un militaire tué

Selon les médias thaïlandais, l’armée thaïlandaise aurait remarqué des mouvements de troupes cambodgiennes dans la région.

Les médias cambodgiens ont mis en avant les dégâts et le mort signalés du côté cambodgien.

Quelques jours plus tard, une page Facebook thaïlandaise a demandé à tout le monde de vérifier la chronologie des événements concernant FinCen et Huione.

La page établissait un lien direct entre le problème frontalier et l’initiative de FinCen.

Huione ne fait l’objet d’aucune surveillance au Cambodge, surtout en ce moment, où le nationalisme est en plein essor en raison de la situation à la frontière. »

Voir : Thaïlande-Cambodge : la montée inquiétante de l’ultranationalisme

Source : Thai PBS World

Les plaintes pour escroquerie recommencent à augmenter en Thaïlande

Pirate informatique. Photo : ORF

Selon la Commission nationale de l’audiovisuel et des télécommunications (NBTC) de Thaïlande, le nombre de plaintes concernant les centres d’appels et les escroqueries en ligne a augmenté pour atteindre un niveau proche de celui enregistré en décembre 2024.

Les plaintes avaient fortement baissé en février 2025 après les actions de la Thaïlande contre les centres d’appel en Birmanie.

Voir : Thaïlande : diminution de 80 % des escroqueries des centres d’appel

Le commissaire de la NBTC, le général Nathathorn Prousoontorn, a attribué cette hausse à un manque de coordination dans l’arrestation des fraudeurs et des escrocs dans certaines régions.

Il a ajouté que les gangs de centres d’appels ont également constamment adapté leurs stratégies et sont toujours en mesure d’utiliser les réseaux de communication via des outils tels que les satellites en orbite basse.

La NBTC demande instamment aux opérateurs de télécommunications de se conformer à des mesures supplémentaires.

Ces mesures ont été lancées pour compléter le décret d’urgence modifié sur la prévention et la répression de la cybercriminalité, qui est entré en vigueur le 13 avril.

Le nombre de plaintes et le taux de dommages ont grimpé en flèche entre 2023 et 2024 avant de diminuer à partir du milieu de l’année dernière, grâce à une collaboration étroite entre les agences gouvernementales pour mettre en place des mesures plus strictes afin de lutter contre les escroqueries.

Le général Nathathorn a déclaré que la plupart des personnes arrêtées étaient des délinquants liés à des comptes mules, mais que les principaux auteurs n’avaient pas été inquiétés.

Ces derniers peuvent continuer à opérer dans des réseaux de communication sans frontières.

« Notre pays est un marché important.

Ces personnes n’abandonneront pas facilement ce marché.

Cependant, nous devons mettre en œuvre de manière sérieuse et continue des mesures préventives en coopération avec toutes les agences », a-t-il déclaré.

Voir : D’après un escroc, les Thaïlandais sont les plus faciles à arnaquer en Asie

La NBTC a également rédigé un nouveau règlement à l’intention des opérateurs de télécommunications afin de soutenir l’application du décret d’urgence modifié sur la cybercriminalité.

Ces mesures comprennent l’obligation pour les opérateurs de télécommunications de filtrer les comportements suspects en matière d’appels et de suspendre immédiatement le service fourni à ces appelants.

Les opérateurs de télécommunications doivent immédiatement suspendre le service aux utilisateurs suspects dès qu’ils sont informés par la NBTC qu’il s’agit de numéros suspects.

Les opérateurs sont tenus de vérifier les numéros nouvellement enregistrés dans la semaine suivant leur enregistrement afin de s’assurer que les informations enregistrées sont correctes.

En outre, l’opérateur ne doit pas autoriser les boîtes SIM non autorisées à se connecter au réseau de télécommunications.

La Thaïlande doit agir contre les centres d’appels au Cambodge

Immeubles soupçonnés d’être des centres d’appels à Poipet au Cambodge.

Il est peut-être temps pour la Thaïlande de s’attaquer plus sérieusement aux centres d’appels cambodgiens qui ruinent sa population, enlèvent des innocents de différents pays dont de nombreux thaïlandais, et leur font vivre un enfer quand ils refusent d’arnaquer leurs compatriotes.

Ces centres sont aussi la cause de la forte baisse des touristes asiatiques et particulièrement chinois dans le Royaume.

Voir :

Bâtir un mur entre la Thaïlande et le Cambodge contre les centres d’appel

Horreur des centres d’appels au Cambodge : kidnapping, torture, viol

Un Thaïlandais kidnappé et torturé dans un centre d’appel au Cambodge est mort dans une prison

Thaïlande : annulations ou voyage la peur au ventre pour les touristes chinois

Source : Bangkok Post