Des affrontements éclatent à la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar

Les rebelles ont attaqué des soldats de la junte coincés près d’un pont qui relie le Myanmar à la Thaïlande depuis la chute de Myawaddy.

Quelque 200 soldats de la junte se sont regroupés près d’un pont qui traverse la frontière entre les deux pays depuis que les rebelles se sont emparés du plus grand camp militaire du Myanmar et de l’important comptoir commercial de Myawaddy début avril.

Voir : La junte du Myanmar est au bord du gouffre, la Thaïlande revoit sa position

Le samedi 20 avril, les forces de la résistance ont lancé une attaque sur ces soldats, le bataillon 275 de l’armée du Myanmar, avec des tirs de mortier et des attaques de drones.

L’assaut a eu lieu sous le pont de l’amitié n°2 entre la Thaïlande et le Myanmar, près du village de Yebu dans le canton de Myawaddy, dans l’État de Kayin, à seulement 1,5 kilomètre de la frontière.

Les attaques ont déclenché une fusillade intense, avec des duels de mortiers et des échanges de tirs d’armes légères.

Aucun rapport n’est disponible sur les victimes de part et d’autre.

La junte a également envoyé des hélicoptères de combat et des chasseurs MiG-29 pour mitrailler et bombarder les forces rebelles.

Le bruit des combats était nettement audible depuis le district de Mae Sot, dans la province de Tak.

L’armée de l’air royale thaïlandaise a envoyé deux chasseurs F-16 patrouiller dans les régions frontalières des provinces de Kamphaeng Phet et de Tak afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de violations de l’espace aérien.

Pendant ce temps, dans la province de Mae Hong Son, la résistance a lancé des mortiers de 60 mm, dont certains ont atterri en territoire thaïlandais dans le sous-district de Sob Moei.

La veille, la zone située près de la rivière Yuam dans le sous-district de Mae Sam Laep a également été touchée par des mortiers de 120 mm, bien qu’aucun blessé ni dégât n’ait été signalé.

Au cours de la semaine dernière, l’intensité du conflit à Myawaddy a légèrement diminué suite à sa capture par les forces de la résistance.

L’armée du Myanmar a tenté de reprendre la zone sans succès.

En prévision de l’attaque, l’armée de l’Union National Karen (KNU) a mis en place de nouvelles installations pour détenir les soldats du Myanmar capturés, alors qu’ils détiennent actuellement plus de 600 détenus.

1 200 civils du Myanmar se sont réfugiés en Thaïlande

Des civils du Myanmar fuient en Thaïlande le samedi 20 avril 2024. Photo : Thai PBS World

Ces violents combats ont entrainé la fuite d’environ 1 200 civils de Myawaddy vers Mae Sot, ils ont traversé samedi la rivière Moei, qui marque la frontière, pour chercher un refuge temporaire sur le sol thaïlandais.

Deux centres de rétention dans le sous-district de Tha Sai Luad ont été mis en place pour héberger les personnes déplacées.

Une véritable guerre

Attaque du plus grand camp militaire du Myanmar à Myawaddy.

Le professeur associé Dulyapak Preecharush, directeur adjoint de l’Institut d’étude de l’Asie du Sud-Est de l’Université Thammasat, a déclaré que les combats au Myanmar s’étaient transformés en une véritable guerre entre la junte et les forces rebelles.

Selon lui, bien que les forces gouvernementales aient perdu beaucoup de territoires et de petites villes au profit des forces rebelles, elles contrôlent toujours les principales localités stratégiques.

Les rebelles ont désormais le contrôle de presque toutes les principales frontières terrestres du pays qui rapportaient auparavant des sommes considérables au régime militaire qui est actuellement à court d’argent.

Des milliers de soldats de la junte ont déjà été tués, se sont rendus ou ont fait défection à l’opposition, obligeant l’armée à imposer la conscription à la population pour tenter de compenser les pertes.

Mais il va sans dire que les civils enrôlés de force ne risquent pas de se montrer très motivés lors des combats et profiteront certainement de la moindre occasion pour se rendre aux rebelles.

Source : National News Bureau of Thailand, Thai PBS World