Tension Thaïlande-Cambodge : un retrait cambodgien porteur d’espoir

Sous pression, le Cambodge a accepté de retirer ses troupes d’une zone contestée à la frontière avec la Thaïlande le dimanche 8 juin.

Le 28 mai, des troupes cambodgiennes ont établi un avant-poste et creusé des tranchées dans une zone frontalière disputée, provoquant une confrontation avec l’armée thaïlandaise au cours de laquelle un soldat cambodgien a été tué.

Le refus initial de Phnom Penh de retirer ses troupes a entraîné une montée des tensions entre les deux pays.

Voir : La tension monte entre la Thaïlande et le Cambodge : une guerre en vue ?

La Thaïlande a ensuite mis en place des restrictions frontalières.

Voir : Chaos à la frontière Thaïlande-Cambodge après une fermeture surprise

Retrait cambodgien après la pression thaïlandaise

Les tranchées creusées par les troupes cambodgiennes proches de la province d’Ubon Ratchathani en Thaïlande. Photo : Thai PBS World

Après avoir durci les contrôles à la frontière et coupé l’accès à Internet dans certaines zones, la Thaïlande a obtenu le retrait des troupes cambodgiennes de la zone contestée dans la province d’Ubon Ratchathani.

Le major général Winthai Suwaree, porte-parole de l’armée royale thaïlandaise, a déclaré :

« La partie cambodgienne, dirigée par le commandant de la 3ᵉ division de soutien, a invité l’armée thaïlandaise, représentée par le commandant de la force opérationnelle Suranaree, à discuter de la question de l’empiètement frontalier dans la zone contestée de Chong Bok, à Ubon Ratchathani. »

Lors des premières discussions, les deux parties sont parvenues à un accord essentiel :

Les troupes cambodgiennes ont accepté de se retirer vers leurs positions initiales, loin du lieu des affrontements, plus à l’intérieur du territoire cambodgien, dans une zone traditionnellement utilisée par le Cambodge comme base militaire.

En outre, le Cambodge a accepté de combler les tranchées afin de rétablir l’état naturel de la zone, conformément à la proposition de la Thaïlande, dans le but de réduire les tensions et de favoriser la coopération.

Les deux parties ont également convenu de recourir au mécanisme du comité local de frontière pour discuter de la gestion durable de la zone à l’avenir, a-t-il déclaré.

Restrictions frontalières en cascade, coup dur pour les casinos

Des agents gardent une barricade après avoir fermé le poste-frontière de Ban Khlong Luek dans le district d’Aranyaprathet, dans la province de Sa Kaeo, le samedi 7 juin 2025. Photo : Radio Sa Kaeo

Les négociations ont eu lieu après que l’armée royale thaïlandaise a renforcé les restrictions à neuf des seize postes-frontières avec le Cambodge.

Ils ont interdit aux joueurs et aux gros camions commerciaux de passer et ordonné une réduction des heures d’ouverture aux principaux points de passage entre les deux pays.

Parmi les postes-frontières concernés par cette mesure figure celui de Ban Khlong Luek, dans le district d’Aranyaprathet, dans la province de Sa Kaeo, qui relève de la juridiction de la première région militaire.

Ce poste-frontière n’est désormais accessible qu’entre 8 h et 16 h, contre 6 h et 22 h auparavant.

Depuis dimanche, les Thaïlandais ne sont plus autorisés à passer la frontière pour se rendre à Poipet, une ville connue pour ses casinos.

De plus, les camions de plus de six roues ont également été interdits de franchir le pont de l’amitié entre la Thaïlande et le Cambodge.

Des restrictions similaires ont été signalées aux postes de contrôle de Khao Din et Ban Taphraya.

Dans les zones relevant de la juridiction de la deuxième région militaire, plusieurs postes de contrôle temporaires ont également vu leurs heures d’ouverture considérablement réduites.

De plus, l’exportation de matériaux de construction est désormais interdite aux principaux points de passage des provinces d’Ubon Ratchathani et de Surin.

Ces mesures font suite à une directive urgente du commandant de la force opérationnelle Burapha, le général de division Benjapol Dechatavong Na Ayudhya.

Les agents d’immigration de Sa Kaeo ont également reçu l’ordre de réduire de 14 à 7 jours la durée de validité des laissez-passer frontaliers pour les résidents éligibles, y compris les Thaïlandais qui travaillent et/ou ont des activités commerciales de l’autre côté de la frontière, selon une source.

La décision d’empêcher les Thaïlandais de traverser la frontière pour jouer dans les casinos cambodgiens a transformé cette zone commerciale autrefois très animée en une ville fantôme, avec des étals de marché déserts et une activité visiblement réduite.

Conséquences pour les civils des deux côtés

Fermeture d’un poste frontière entre la Thaïlande et le Cambodge le samedi 7 juin 2025. Photo : Matichon

Sak Rayabsri, un chauffeur routier de 43 ans basé dans le district de Khlong Yai à Trat, a déclaré qu’il devait désormais adapter son horaire de travail et ses plans de livraison en raison de la réduction des heures d’ouverture.

Une famille cambodgienne revenant d’un traitement médical en Thaïlande a déclaré au Bangkok Post qu’elle était également touchée par la révision des horaires d’ouverture de la frontière.

Après une opération chirurgicale d’urgence au cerveau en Thaïlande, la famille a été conduite au poste frontière de Chong Sa Ngam, où elle a constaté qu’il était fermé.

Elle a dû passer la nuit dans le district de Khukhan pour attendre la réouverture de la frontière lundi.

Menace sur les centres d’appels cambodgiens

Immeubles abritant des centres d’appels à Poipet au Cambodge.

Par ailleurs, le Centre pour la prévention et la résolution des menaces a annoncé dimanche matin des mesures comprenant la coupure de l’électricité et d’Internet dans les zones connues pour leurs activités de jeu et d’escroquerie dans la région frontalière avec le Cambodge.

Le centre veut aussi contrôler les marchandises pouvant être utilisées dans le cadre de cybercrimes et de crimes transnationaux.

La question sera soumise au Conseil national de sécurité.

Voir : Horreur des centres d’appels au Cambodge : kidnapping, torture, viol

Après le risque d’une confrontation, la diplomatie reprend le dessus

Les membres du bataillon d’infanterie blindée se dirigent vers un point de rassemblement dans le district d’Aranyaprathet, dans la province de Sa Kaeo, en prévision d’un éventuel conflit avec le Cambodge en juin 2025. Photo : Armée royale thaïlandaise

Nikorndej Balankura, porte-parole du ministère des Affaires étrangères (MAE), a déclaré dimanche :

« Les nouvelles mesures visant à restreindre les passages et à limiter les heures d’ouverture des postes-frontières seront mises en œuvre progressivement et par étapes, en fonction de la gravité de la situation dans chaque zone spécifique. »

Il a précisé que la frontière entre les deux pays n’est pas complètement fermée, car les activités transfrontalières régulières et essentielles, notamment le commerce, l’éducation, les soins médicaux et d’autres services, se poursuivront normalement.

La Thaïlande reste pleinement attachée aux mécanismes bilatéraux, en particulier au Comité mixte sur les frontières (JBC), qui se réunira le 14 juin, a déclaré le porte-parole.

Il a réaffirmé l’adhésion de la Thaïlande au protocole d’accord de 2000 (MOU 43), un accord juridiquement contraignant que les deux parties ont convenu de respecter.

Par ailleurs, le Sénat s’apprêtait à demander officiellement au gouvernement de convoquer une session parlementaire extraordinaire sur la situation à la frontière.

La session conjointe proposée permettrait un débat général sur le conflit frontalier.

Voir aussi :

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Source : Bangkok Post