La corruption responsable de l’effondrement d’une route en Thaïlande

Un camion surchargé, mais qui aurait été autorisé à rouler par des policiers corrompus, a provoqué l’effondrement d’une route en Thaïlande.

Le Premier ministre Srettha Thavisin a appelé à une répression rigoureuse de la corruption à la suite d’un incident au cours duquel un tronçon de route à Bangkok s’est effondré sous le poids d’un camion surchargé le mercredi 8 novembre.

Le camion est soupçonné d’avoir été autorisé à circuler grâce à des paiements illicites à des fonctionnaires.

Cet incident a provoqué deux accidents de la circulation en début de semaine sur la route très fréquentée de Sukhumvit.

La réaction du Premier ministre a été déclenchée par des rumeurs selon lesquelles un autocollant en forme d’étoile verte avec un B imprimé, visible sur le pare-brise du camion, serait un symbole secret utilisé par les camionneurs.

Cet autocollant indiquerait à la police, qui a accepté des pots-de-vin, de ne pas tenir compte des infractions relatives au poids et de laisser passer ces camions surchargés sans les inspecter.

Le camion stationné mercredi dans un tronçon effondré de Sukhumvit Road à Bangkok porte un autocollant « B ». Photo : Nutthawat Wichieanbut

Le camion de 10 roues, qui était lourdement chargé, a endommagé une dalle de béton couvrant l’entrée d’une tranchée de câbles souterrains dans le district de Phra Khanong mercredi matin.

Cet incident, qui s’est produit près de la rue Sukhumvit 64/1, est le deuxième du genre.

Un problème similaire s’est produit sur Ratchaprarop mardi.

Les deux incidents ont causé des blessures à d’autres automobilistes, avec un SUV et son conducteur coincés dans un trou sur la chaussée mardi.

Pour s’attaquer au problème des camions illégalement surchargés, le ministère des Transports, l’administration métropolitaine de Bangkok (BMA) et le département des autoroutes ont uni leurs forces.

Le Premier ministre thaïlandais leur a demandé de mettre au point des stratégies efficaces pour éviter tout nouvel incident de cette nature, afin d’atténuer l’impact de la corruption à Bangkok.

Le jeudi 9 novembre, le colonel de police Witthawat Chinkham, commissaire par intérim de la division 5 du Bureau de la police métropolitaine (MPB) a annoncé :

« Le MPB a ouvert une enquête pour déterminer si le camion à 10 roues est responsable de l’incident de mercredi, si des paiements illicites ont été impliqués et quelle est l’importance de l’autocollant suspect ».

Un comité a été mis en place mercredi pour enquêter sur le poids excessif du camion et sur toute implication potentielle de corruption.

Le général de police Torsak Sukvimol, chef de la police nationale thaïlandaise, a souligné que des preuves concrètes étaient nécessaires pour étayer les accusations de corruption, car de telles allégations ont terni la réputation des forces de police.

Le président de l’Association thaïlandaise des transports terrestres (LTAT), Apichart Pairoonrueng, a confirmé que la vignette verte permettait aux poids lourds de dépasser les limites de poids et de circuler en dehors des heures autorisées dans la ville.

Sans cette vignette, ces camions ne pourraient pas franchir certaines intersections où des points de contrôle de la police sont souvent établis.

Apichart a ajouté que la vignette verte est attribuée en échange de pots-de-vin versés à la police et aux fonctionnaires de la BMA.

Elle permet aux camions de transporter de la terre vers et depuis les sites de construction à travers Bangkok sans craindre l’intervention de la police.

En ce qui concerne le B de la vignette verte, que les spéculateurs en ligne ont associé à un riche individu appelé Big, Apichart a déclaré qu’il n’avait jamais entendu parler de ce surnom auparavant.

En tant que membre de la sous-commission d’enquête sur la corruption de la Chambre des représentants, il a assuré qu’il fournirait toutes les informations dont il dispose au président de la sous-commission.

Enfin, M. Apichart a souligné le fait que la BMA ne dispose pas d’un système pour peser les camions.

Un policier assassiné pour avoir refusé de se laisser corrompre

Le major Sivakorn Saibua, assassiné pour avoir refusé de se laisser corrompre. Photo : The Nation Thailand

C’est pour avoir refusé de se laisser corrompre dans ce genre d’affaire qu’un policier intègre s’est fait tuer par l’homme de main d’un chef mafieux lors d’un repas devant de nombreux policiers le mercredi 6 septembre 2023.

Voir : Un chef mafieux fait tuer un agent incorruptible devant 28 policiers en Thaïlande

Praween Chankhlai, le chef mafieux, dirigeait deux entreprises de construction et également une entreprise de transport.

Il payait des policiers corrompus pour, entre autre, autoriser des camions surchargés à circuler, mais le major Siwakorn a refusé de se laisser corrompre.

Alors Praween a organisé un repas avec d’autres policiers corrompu et a tenté de convaincre Siwakorn de promouvoir un officier de police sous sa supervision.

Mais, le major Sivakorn, un policier exemplaire, a aussi refusé en insistant sur le fait qu’il fallait suivre les règles et les règlements, basés sur les performances du personnel de police.

Pris de colère, Praween a quitté le repas et a ordonné à son homme de main de supprimer le policier incorruptible devant les autres policiers.

Ensuite, une partie des policiers corrompus ont aidé Praween à quitter la scène de crime et d’autres se sont activés pour effacer les preuves.

Mais l’affaire est quand même sortie et a provoqué un choc dans le pays, l’homme de main de Praween s’est fait tuer lors de la tentative d’arrestation et le chef mafieux est aujourd’hui emprisonné.

Ensuite, le nouveau gouvernement a fait des annonces assurant qu’il allait s’attaquer à la corruption et aux chefs mafieux.

Voir : La Thaïlande veut mettre les chefs mafieux sur liste noire

Malheureusement, les affaires de corruption impliquant des policiers continuent, mettant, comme le révèle cette dernière affaire, la vie des habitants en danger.

Et, malgré les dernières annonces du gouvernement, il y a peu d’espoir que cela change.

Voir aussi :

La police thaïlandaise doit servir le peuple, pas les puissants

La série de scandales impliquant la police thaïlandaise appelle à une réforme

Les réformes de la police en Thaïlande ont « des années de retard »

Source : Bangkok Post