La Thaïlande cherche à accroître son approvisionnement en gaz

La Thaïlande se joint à la ruée vers d’autres sources d’approvisionnement en gaz alors que la demande mondiale augmente.

La pénurie mondiale d’énergie fait grimper les prix du gaz naturel liquéfié en flèche, mais la Thaïlande doit augmenter ses achats pour compenser la chute brutale de la production de son plus grand gisement de gaz et les sanctions qui menacent les approvisionnements en provenance du Myanmar.

Les acheteurs thaïlandais se précipitent pour obtenir des cargaisons afin de remplacer le gaz et le Gaz naturel liquéfié (GNL) russes, alors que la guerre en Ukraine s’intensifie.

Le déficit de la Thaïlande, importateur net de pétrole et de gaz qui, l’an dernier, a dû recourir aux importations pour couvrir près de 75 % de ses besoins en électricité, en pétrole brut, en charbon et en gaz naturel, pourrait s’aggraver avec la poursuite de la flambée des prix.

Le déficit de la Thaïlande est en grande partie dû à la forte baisse de la production du champ offshore d’Erawan, qui fournit la part du lion des besoins en gaz du pays.

Les menaces de nouvelles sanctions américaines contre le Myanmar à la suite d’un coup d’État militaire ont également jeté un doute sur les importations de gaz en provenance de ce fournisseur de longue date.

« Nous devions faire face à un déclin du gaz dans le golfe de Thaïlande et à des sanctions potentielles à l’encontre du Myanmar, maintenant nous ajoutons une autre situation de flambée des prix du gaz en raison de la situation entre l’Ukraine et la Russie « , a déclaré le secrétaire permanent à l’énergie, Kulit Sombatsiri.

PTT Exploration and Production Pcl (PTTEP), une unité de la société publique d’énergie PTT Pcl, doit racheter le champ gazier d’Erawan à Chevron Corp en avril et cherche à y avoir accès depuis 2021.

Les transitions entre les concessions sur les champs pétroliers sont souvent collaboratives, mais les retards dans les pourparlers entre PTTEP et Chevron surviennent dans le cadre d’un différend entre la major pétrolière américaine et le gouvernement sur la question de savoir qui doit payer pour retirer les actifs offshore du champ.

Environ un quart des besoins en gaz naturel de la Thaïlande provenait du champ Erawan, qui devrait produire moins d’un cinquième de sa capacité le mois prochain.

Le retard du transfert a également ralenti les investissements nécessaires pour soutenir la production du champ, cruciale pour la sécurité énergétique à long terme de la Thaïlande.

En 2021, 54 % de l’électricité du pays était produite à partir de gaz naturel et une infime partie provenait de sources pétrolières.

Elle avait prévu d’augmenter ses importations cette année, mais les prix du carburant super réfrigéré ont doublé en un peu plus d’un mois en raison des sanctions imposées à la Russie pour son invasion de l’Ukraine, que Moscou a qualifiée d' »opération spéciale ».

Lorsque Chevron se retirera, la production pourrait être aussi faible que 200 millions de pieds cubes standard par jour de gaz (mmsfcd) avant de grimper à 400 mmsfcd au quatrième trimestre, a déclaré l’analyste de SCB Securities, Chaipat Thanawattano.

En 2019, le champ a produit 1200 mmsfcd.

« La transition ne s’est pas faite sans heurts et nous avons commencé à constater un manque à gagner à la fin de l’année dernière », a déclaré Komkrit Tantravanich, secrétaire général de la Commission de régulation de l’énergie (ERC).

Pour compenser le déclin d’Erawan, l’ERC a augmenté les quotas d’importation de GNL.

Cela porte les importations totales à 9,7 millions de tonnes cette année, contre 6,4 millions de tonnes l’année dernière.

La société d’État PTT importera 1,2 millions de tonnes sur le marché spot de janvier à avril, car la situation était « urgente et nécessitait des décisions rapides », a déclaré M. Komkrit.

Suwat Sinsadok, analyste de Finansia Syrus Securities, a déclaré qu’il s’attendait à ce que le quota soit entièrement utilisé et il estime qu’il faudra deux ans avant qu’Erawan atteigne 800 mmsfcd – l’objectif de production de l’opérateur thaïlandais.

Un porte-parole de Chevron a déclaré dans un courriel :

« Malgré les défis complexes présentés par la transition, nous sommes déterminés à atteindre l’objectif d’une transition sûre d’Erawan en avril 2022. »

PTT a refusé de commenter ses réserves existantes, les importations de GNL et la capacité du champ Erawan.

Changement de combustible

La Thaïlande hésitera à acheter du GNL au comptant si les prix augmentent d’environ 40 dollars par mmBtu, a déclaré Komkrit.

Le prix moyen pour la livraison d’avril en Asie est retombé à environ 38 dollars par mmBtu, après avoir atteint des sommets en raison du risque de coupure du gaz russe.

Certaines centrales électriques vont passer à l’utilisation du pétrole pour produire de l’électricité afin de réduire la demande de gaz, a indiqué M. Komkrit, tandis que le gouvernement prolonge la fermeture d’une centrale à charbon et les contrats de biomasse.

« Ce que nous pouvons faire de mieux est d’économiser l’énergie afin de pouvoir traverser ces temps incertains », a déclaré le ministre de l’Énergie, Supattanapong Punmeechaow, aux journalistes la semaine dernière.

La Thaïlande a importé près de 90 % de ses besoins en pétrole l’année dernière.

Les sanctions potentielles sur les approvisionnements en provenance du Myanmar, qui représente environ 14 % des besoins en gaz naturel de la Thaïlande, ont également ajouté à l’incertitude.

« Si cela se produit, nous devrons trouver un remplacement, mais en attendant, nous avons augmenté la capacité de regazéification pour être prêts », a déclaré Komkrit.

La semaine dernière, le gouvernement a déclaré qu’il commencerait les opérations partielles d’un terminal de regazéification six mois avant la date prévue, en mai, ajoutant une capacité de 2,5 millions de tonnes par an (tpa) à partir de 7,5 millions de tpa.

Le GNL doit être regazéifié avant d’être utilisé dans les centrales électriques.

Le déclin des champs au Myanmar aurait un impact permanent sur la demande thaïlandaise de GNL à long terme.

« Nous estimons que cela pourrait augmenter les importations thaïlandaises de GNL de 2,3Mt par an d’ici 2030 », a déclaré Angus Rodger, analyste chez Wood Mackenzie.

Source : Zawya