La Thaïlande peut-elle mettre en place un visa de type Schengen avec ses voisins ?

La Thaïlande a annoncé qu’elle voulait mettre en place un nouveau système de visa de type Schengen en Asie du Sud-Est pour stimuler le tourisme.

Le royaume veut un visa conjoint avec le Cambodge, le Laos, la Malaisie, le Myanmar et le Viêt Nam.

Voir : La Thaïlande veut créer un visa conjoint avec 5 pays afin d’attirer les touristes

Si le système proposé est mis en place, alors les voyageurs pourront faire une seule demande de visa et voyager ensuite dans les six pays.

Les médias locaux ont rapporté cette semaine que le Premier ministre thaïlandais avait proposé ce plan pour améliorer les chances du pays d’atteindre son objectif de 80 millions de touristes par an d’ici 2027.

Voir : La Thaïlande se prépare à accueillir 80 millions de voyageurs d’ici 2027

Une idée qui intéresse de nombreux pays

Plage de Nha Trang au Vietnam. Photo : Quangpraha

La plupart des dirigeants des pays concernés ont répondu positivement au concept de visa unique.

Le Premier ministre thaïlandais a reçu des éloges internationaux pour ce projet, mais en fait, cette suggestion a été lancée il y a 10 ans et n’a abouti à rien en raison de la nature de l’ANASE.

C’est une organisation régionale, certes, mais elle est fondée sur le principe de non-intervention.

La non-ingérence dans les politiques et les lois nationales des États membres est un énorme obstacle à l’innovation politique.

Mais le journal Bloomberg pense qu’il pourrait en être autrement cette fois-ci.

Un article récent souligne que l’initiative thaïlandaise n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd dans toute la région.

Mais, les règles relatives aux visas dans les six pays sont actuellement très diverses.

L’entrée des touristes en Thaïlande est en grande partie gratuite, bien que la durée de 15, 30 ou 90 jours dépende du pays, de son passeport.

Le Cambodge, en revanche, fait payer à presque tout le monde entre 30 et 40 dollars américains pour une durée forfaitaire de 30 jours, soit à l’arrivée, soit par le biais d’un e-visa.

Le Vietnam a un mélange complexe d’entrées payantes et non payantes qui semble changer régulièrement.

Certains partenaires de l’ANASE permettent aux ressortissants chinois et indiens d’entrer facilement, tandis que d’autres exigent une autorisation préalable au vol et des frais importants.

Bill Bennett, directeur général de C9 Hotelwork, pense que les accords bilatéraux pourraient être la meilleure solution : deux pays ont plus de chances de créer une zone commune que les six.

Cette solution prudente permettrait également d’éviter le problème bien connu du visa Schengen en Europe, où certains visiteurs potentiels cherchent à savoir quel membre offre les conditions d’entrée les plus légères afin de pouvoir visiter les autres sans problème.

Une autre variante, parfois défendue par les porte-parole thaïlandais, est qu’un accord local de type Schengen pour six pays dépendrait du fait que la Thaïlande devienne le seul pays d’entrée.

En d’autres termes, les touristes ne pourraient se rendre dans les pays partenaires sans visa et sans problème qu’à condition de se rendre d’abord en Thaïlande.

Cela donnerait à la Thaïlande une très lourde responsabilité en matière d’approbation et de sécurité dans toute la région, peut-être trop lourde à avaler pour ses rivaux potentiels.

Une zone pan-asiatique transformerait certainement le tourisme international, et potentiellement les affaires, dans toute la région.

À quoi ressemblerait un système de visas de type Schengen en Asie du Sud-Est ?

Temple d’Angkor Vat au Cambodge

L’année dernière, les six pays ont reçu au total quelque 70 millions de touristes, la Thaïlande et la Malaisie accueillant la majorité d’entre eux.

La Thaïlande est confrontée à de graves problèmes économiques, avec un secteur manufacturier en perte de vitesse et des exportations en baisse.

Voir : L’économie de la Thaïlande est loin derrière les autres pays d’Asie du Sud-Est

Sa popularité auprès des voyageurs a été cruciale pour sa survie, l’industrie du tourisme représentant environ 12 % de son économie et environ 20 % des emplois.

Les autres pays qui seront inclus dans le système de type Schengen bénéficieront probablement d’un tel coup de pouce.

Actuellement, les Européens peuvent se rendre en Thaïlande avec une exemption de visa de 30 jours, les prolongations n’étant disponibles que moyennant un coût supplémentaire.

Voir : Visas pour la Thaïlande : les différents types

De même, le Cambodge et le Laos offrent des visas électroniques de 30 jours ou des visas à l’arrivée, tandis que le Vietnam propose un séjour de 45 jours sans visa et la Malaisie de 90 jours.

Les touristes européens doivent faire une demande en ligne pour obtenir un visa touristique de 28 jours pour le Myanmar.

Les experts en voyage de la région affirment que tout nouveau système devrait plutôt donner des visas de 90 jours, ce qui signifie que les touristes pourraient passer plus de temps dans chaque pays qu’ils choisissent de visiter.

Cependant, la mise en œuvre effective du processus pourrait ne pas être aussi claire.

En Asie du Sud-Est, le processus risque d’être lent, les accords bilatéraux prenant du temps à se mettre en place dans un monde politique souvent compliqué.

Quels autres changements la Thaïlande a-t-elle apportés aux accords internationaux sur les visas ?

Des voyageurs à l’aéroport Suvarnabhumi à Samut Prakan. Photo : Varuth Hirunyatheb – Bangkok Post

Cette semaine, les autorités thaïlandaises ont révélé qu’elles prévoyaient de supprimer les exigences en matière de visa avec l’Australie.

Bien qu’aucune date n’ait encore été fixée, cet accord renforcera probablement les accords commerciaux entre les deux pays et stimulera le tourisme.

La Thaïlande cherche aussi à obtenir une exemption du visa Schengen.

Voir : La Thaïlande veut obtenir une exemption du visa Schengen avec l’aide de ses voisins

En mars, la Chine et la Thaïlande ont introduit un système mutuel et permanent d’exemption de visa, ce qui signifie que les citoyens peuvent voyager entre les deux pays pour des séjours allant jusqu’à 30 jours.

Depuis la mise en place de ce système, les réservations de voyage ont grimpé en flèche dans les deux pays.

Voir : L’exemption de visa entre la Thaïlande et la Chine supporte le tourisme

Cette politique fait suite à une mise en œuvre similaire en novembre 2023, où les visiteurs indiens peuvent également se rendre en Thaïlande sans demander de visa.

Ces mesures positives pourraient inspirer d’autres discussions axées sur les visas dans un avenir proche.

Ces mesures fonctionnent bien pour la Thaïlande, qui a vu une augmentation significative du nombre de touristes internationaux au cours du premier trimestre 2024, accueillant plus de neuf millions de personnes.

Les touristes chinois, environ 1,7 million, ont représenté le plus grand nombre de visiteurs en Thaïlande, suivis par les voyageurs de Malaisie, de Russie, de Corée du Sud et d’Inde.

Voir aussi :

La Thaïlande attend plus de 10 millions de touristes de l’ANASE en 2024

Exemptions de visa en Thaïlande : entre avantages, surtourisme et travail clandestin

La France soutiendra la Thaïlande dans l’initiative d’exemption de visa

Source : Euronews