La Thaïlande présente un traitement à base de tabac pour soigner le cancer

Alors que le tabac est le premier facteur de risque de cancer dans le monde, la Thaïlande a développé un médicament à base de tabac pour le soigner.

Pour la première fois en Thaïlande, des enseignants de la faculté des sciences pharmaceutiques de l’université Chulalongkorn ont réussi à développer des anticorps à partir de plantes de tabac ayant des effets inhibiteurs sur la croissance des cellules cancéreuses chez les animaux de laboratoire.

Cela laisse espérer un accès à des médicaments et à des traitements efficaces contre le cancer à moindre coût.

Les chercheurs de Baiya Phytopharm Co. Ltd, une entreprise thaïlandaise dépendant de l’université Chulalongkorn, avaient déjà développé un vaccin contre le Covid-19 à base de tabac.

Voir : Un vaccin thaïlandais contre la Covid-19 à base de plantes sera testé sur l’homme en avril

Ces chercheurs ont franchi une nouvelle étape dans la recherche et le développement de médicaments anticorps à partir de plantes de tabac, en testant des solutions qui se sont révélées capables de réduire la taille et d’inhiber la croissance des cellules cancéreuses chez les animaux de laboratoire.

Le professeur associé Waranyoo Phoolcharoen, du département de pharmacognosie et de botanique pharmaceutique de la faculté des sciences pharmaceutiques de l’université Chulalongkorn a déclaré :

« Notre équipe de recherche a mis au point la technologie et le système permettant de produire des protéines végétales pour fabriquer des anticorps, dans l’espoir de contribuer à réduire le coût de production des médicaments afin que les patients cancéreux du pays puissent accéder plus facilement et plus largement aux médicaments ».

Le potentiel de cette recherche a récemment été reconnu par une bourse de recherche 2023 du Conseil national de la recherche de Thaïlande (NRCT).

Origine de la production d’anticorps à partir de plants de tabac

Waranyoo a expliqué l’immunothérapie contre le cancer :

« Le cancer est causé par des cellules cancéreuses qui se lient à des cellules du système immunitaire et bloquent le fonctionnement des cellules de l’organisme.

La chimiothérapie la plus connue utilise des médicaments pour tuer les cellules cancéreuses dans l’organisme.

Dans le cas de l’immunothérapie ou de la thérapie cellulaire, l’objectif n’est pas de détruire les cellules cancéreuses, mais de stimuler le renforcement des cellules du système immunitaire du patient, afin d’empêcher les cellules cancéreuses de se lier aux cellules du système immunitaire et de permettre au système de traiter lui-même les cellules cancéreuses. »

L’immunothérapie est de plus en plus populaire, mais les anticorps qu’elle utilise sont très coûteux.

« Le processus de production dépend encore de technologies étrangères.

L’équipement et les milieux de culture utilisés dans la culture cellulaire et l’expansion de l’échelle de production avec les techniques de culture cellulaire contribuent à des coûts de production élevés, ce qui rend les médicaments par conséquent chers. »

Avec le soutien de CU Enterprise, Waranyoo supervise l’unité de recherche sur les produits pharmaceutiques produits par les plantes.

Elle travaille aussi au développement et à la production de protéines recombinantes, de métabolites secondaires et de virus végétaux par le biais de la biotechnologie végétale, en utilisant des plantes telles que le tabac comme hôtes pour produire des médicaments et des vaccins.

Le tabac utilisé est une espèce australienne appelée Nicotiana benthamiana.

Selon Waranyoo, la bactérie peut pénétrer facilement dans la plante et la souche peut produire de grandes quantités des médicaments nécessaires.

« Nous utilisons les plantes comme des usines pour produire les protéines dont nous avons besoin.

Nous insérons des gènes producteurs d’anticorps dans des plants de tabac afin que ces derniers produisent les anticorps (médicaments) dont nous avons besoin.

La protéine extraite (anticorps) est ensuite purifiée.

Nous avons découvert que les anticorps produits par les plantes peuvent se lier aux protéines présentes à la surface des cellules immunitaires ».

Le Dr Waranyoo a évoqué les résultats de la recherche sur les animaux de laboratoire :

« Les anticorps que l’équipe de recherche a produits à partir de plantes peuvent inhiber la croissance des cellules cancéreuses chez les animaux de laboratoire.

La taille des cellules tumorales chez les souris a diminué.

Cette capacité à faire diminuer la taille des cellules est comparable à celle des médicaments utilisés sur le marché. »

Les résultats de cette recherche ont été publiés pour la première fois le 23 octobre 2020 dans la revue Scientific Reports.

Des médicaments à partir de plantes moins chers pour les Thaïlandais

Dans les prochaines étapes de la recherche, Waranyoo a mentionné les tests de sécurité et de toxicité et l’étude de la structure du médicament.

Toutes les données doivent être soumises à la Food and Drug Administration (FDA) avant d’obtenir l’autorisation d’effectuer des tests sur l’homme.

« Si ces recherches aboutissent, nous serons en mesure de produire nos propres médicaments localement, ce qui réduira le coût de production des médicaments et les dépenses médicales.

Un plus grand nombre de personnes auront alors accès aux médicaments contre le cancer. »

Outre le cancer, la technologie de production d’anticorps à partir de protéines végétales peut également être utilisée pour développer des médicaments ou des vaccins pour de nombreuses autres maladies.

Les chercheurs étudient actuellement le traitement et la prévention de maladies particulièrement problématiques dans les pays en développement, telles que la rage, le syndrome pieds-mains-bouche, Ebola, Nipah, etc.

Le Dr Waranyoo a souligné que l’objectif ultime de l’innovation et du développement de la médecine est de renforcer et de stabiliser la médecine et les traitements médicaux pour la population thaïlandaise.

Les chercheurs thaïlandais ont le potentiel et la technologie nécessaires pour mettre au point des médicaments compétitifs permettant d’atteindre cet objectif.

Source : The Nation Thailand