Moody’s maintient la note Baa1 de la Thaïlande, mais passe sa perspective à « négative », en raison des risques économiques croissants.
L’agence de notation Moody’s Ratings a confirmé la note Baa1 attribuée à la Thaïlande en tant qu’émetteur et la note senior non garantie en monnaie locale.
Mais, elle a révisé ses perspectives de stable à négative, invoquant les risques croissants qui pèsent sur la solidité économique et budgétaire du pays.
L’agence a également confirmé la note P-2 attribuée à la Thaïlande pour ses billets de trésorerie en devises étrangères.
Un climat économique plus incertain
Ce changement de perspective reflète les préoccupations croissantes de Moody’s concernant le ralentissement de la dynamique économique thaïlandaise, la pression budgétaire croissante et la vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs.
En particulier ceux liés à l’évolution de la dynamique commerciale mondiale.
L’imposition récente de droits de douane par les États-Unis et l’incertitude entourant de nouvelles restrictions commerciales après une pause de 90 jours ajoutent aux difficultés économiques de la Thaïlande.
Voir : Droits de douane US : la Thaïlande forcée de négocier pour éviter une crise
Une économie exportatrice exposée
L’économie thaïlandaise, tirée par les exportations, devrait être la plus touchée par la montée du protectionnisme, les données de l’OCDE montrant que les exportations à valeur ajoutée vers les États-Unis représentaient environ 3 % du PIB en 2020.
Outre les effets directs sur le commerce, la Thaïlande est exposée à des risques indirects en raison de son rôle dans les chaînes d’approvisionnement régionales.
De plus, les tensions entre les États-Unis et la Chine pourraient détourner les excédents chinois vers les marchés thaïlandais, ce qui freinerait la production manufacturière nationale.
Voir : L’économie de la Thaïlande mise à mal par l’afflux de marchandises chinoises
Impact négatif sur les investissements étrangers
Le sentiment négatif devrait s’étendre aux investissements.
L’histoire montre que les tensions commerciales extérieures pèsent lourdement sur les investissements directs étrangers (IDE).
Par exemple, pendant le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine en 2018-2019, la Thaïlande a enregistré une baisse notable des IDE et des investissements bruts en capital fixe.
Un ralentissement de la diversification des chaînes d’approvisionnement, en particulier dans le cadre de la stratégie « Chine + 1 », pourrait réduire encore davantage les entrées de capitaux à long terme.
Tourisme fragilisé par les inquiétudes régionales
Ces défis sont aggravés par le récent tremblement de terre en Birmanie, qui a fait des victimes et de nombreux dégâts en Thaïlande et exacerbé les inquiétudes régionales en matière de sécurité.
Cela pourrait freiner le tourisme, un pilier économique essentiel qui a été affecté par l’incident qui a entraîné une baisse du nombre de touristes.
Voir : Crise touristique en Thaïlande : vers une nouvelle stratégie après le séisme
Prévisions de croissance en baisse
Moody’s prévoit désormais un ralentissement de la croissance du PIB réel de la Thaïlande à environ 2 % en 2025, contre 2,9 % dans ses précédentes prévisions.
Cette révision tient compte des faiblesses conjoncturelles et structurelles, notamment la diminution de la population active et les déficits de compétences.
Le ralentissement de la croissance menace également de compromettre l’assainissement budgétaire.
Cet assainissement avait déjà été reporté dans le cadre budgétaire à moyen terme (MTFF) adopté par le gouvernement en décembre 2024, avant même que les dernières inquiétudes commerciales mondiales n’apparaissent.
Dette publique en hausse, mais encore sous contrôle
La dette publique thaïlandaise a considérablement augmenté depuis la pandémie, passant de 34 % du PIB en 2019 à environ 56 % en 2024.
Si ce niveau reste gérable par rapport à celui de pays comparables, la faiblesse persistante de l’économie pourrait encore éroder les réserves budgétaires.
Ces risques pourraient être atténués si le gouvernement mettait en œuvre avec succès des mesures visant à augmenter les recettes et des réformes structurelles pour stimuler la croissance à long terme.
Des fondamentaux économiques encore solides
Malgré ces préoccupations, la note Baa1 reste soutenue par la bonne gestion macroéconomique de la Thaïlande, la résilience de ses marchés financiers nationaux et la solidité de ses réserves extérieures.
L’inflation reste faible et bien ancrée, soulignant l’efficacité de la politique monétaire.
Les paiements d’intérêts sont également contenus, à environ 6 % des recettes publiques pour l’exercice 2024, soit un niveau inférieur à la médiane de 10 % des pays comparables ayant une note similaire.
Un matelas de réserves conséquent
Les réserves de change de la Thaïlande s’élevaient à 215 milliards de dollars en mars 2025, soit environ sept mois d’importations, ce qui constitue un matelas confortable pour faire face aux chocs extérieurs.
Moody’s estime l’indicateur de vulnérabilité extérieure du pays à environ 50 % pour 2025, ce qui indique une position saine des réserves par rapport à la dette extérieure à court terme et à long terme arrivant à échéance.
Notes plafond inchangées
Les plafonds en monnaie locale et en devises étrangères de la Thaïlande restent inchangés, respectivement à Aa3 et A1.
L’écart de quatre crans entre la note souveraine et le plafond en monnaie locale reflète à la fois la solidité des fondamentaux externes et la capacité institutionnelle, contrebalancés par des risques politiques et économiques modérés.
L’écart d’un cran entre les plafonds en devises étrangères et en monnaie locale s’explique par les pratiques historiques de contrôle des capitaux, même si la crédibilité des politiques et le faible niveau de la dette extérieure atténuent ces risques.
Des défis sociaux et environnementaux persistants
Moody’s note également que les facteurs environnementaux et sociaux constituent des défis à long terme.
Le vieillissement de la population thaïlandaise réduit la participation au marché du travail et pèse sur le potentiel de croissance.
Voir : La Thaïlande sera une société « super-âgée » d’ici 2029
Les risques environnementaux, notamment les inondations, le stress hydrique et la vulnérabilité de l’agriculture, restent modérés mais pertinents.
Malgré ces préoccupations, la bonne gouvernance et l’historique de stabilité macroéconomique du pays soutiennent sa résilience.
Pas d’amélioration de note à court terme
Pour l’avenir, Moody’s indique qu’une révision à la hausse de la note est peu probable à court terme en raison des perspectives négatives.
Toutefois, les perspectives pourraient se stabiliser si la Thaïlande affiche une croissance et des résultats budgétaires meilleurs que prévu.
À l’inverse, une révision à la baisse pourrait intervenir si la croissance reste faible ou si les développements politiques entravent de manière significative la mise en œuvre des politiques et l’efficacité des institutions.
Voir aussi :
Thaïlande : crise dans la restauration face à une chute du pouvoir d’achat de 40 %
Crise du crédit : la Banque de Thaïlande tire la sonnette d’alarme
Vers une crise financière majeure en Thaïlande ?
La Thaïlande notée BBB+ avec une perspective stable par Fitch Ratings
Source : The Nation Thailand
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1 commentaire
Un tourisme international en déclin, une fragilité politique avec un gouvernement qui semble incapable de trouver la parade aux taxes imposées par le Trumpisme et qui semble accepter cette surcharge économique sans obtenir de la part des U.S.A la moindre diminution ou le moindre compromis à ce niveau, un équilibre économique en déclin sur tous les plans, un pouvoir d’achat intérieur de la population qui stagne ou régresse dans certains secteurs, une remise en question d’une hausse prévue fin avril du salaire journalier moyen par rapport à la hausse générale du coût de la vie, un endettement des ménages qui arrivent à peine à être contenus sous les 90% du PIB et maintenant, cette note négative de l’agence de cotations Moody’s qui ternit un peu plus l’image de la Thaïlande !!!
Arrêtez, la coupe est pleine et l’avenir tant économique que politique de la Thaïlande (l’un ne va pas sans l’autre) se couvre de plus en plus de nuages noirs et menaçants.
Lentement, mais sûrement, une crise économique et financière sournoise, telle une mélodie en sous-sol, semble s’installer dans les fissures étatiques du pays…
Ce ne sera pas un tsunami violent et brutal qui va voir s’effondrer un pays en quelques heures, mais une très lente dégradation de l’état de santé économique et financier du Royaume qui va s’installer comme une longue maladie chronique, dont la convalescence sera longue vers un retour à une prospérité durable, si tant soit peu qu’elle s’en remette complètement, ce qui n’est même pas certain à moyen terme, étant donné l’instabilité mondiale et le chaos des marchés boursiers et financiers mondiaux que Trump a déclenché depuis 2 mois !
La Thaïlande apprend aujourd’hui à ses dépens que son allégeance de toujours vis-à-vis des États-Unis se retourne contre elle, sans aucune considération de cet ex-allié, devenu ennemi commercial…