Des enfants du nord de la Thaïlande ont été contaminés à l’arsenic après avoir consommé du poisson issu de rivières polluées.
La pollution proviendrait de mines de terres rares situées en Birmanie, exploitées par des compagnies chinoises sur le territoire contrôlé par les Red Wa, un groupe armé soutenu par la Chine.
Ces terres rares sont ensuite envoyés en Chine.
Voir : La ruée chinoise sur les terres rares en Birmanie empoisonne la Thaïlande
Les autorités thaïlandaises sont accusées d’avoir dissimulé l’affaire.
Les enfants victimes de la pollution à l’arsenic des rivières du nord

Un habitant montre un poisson avec des cloques. Photo : The Nation Thailand
Deux enfants du district de Mae Ai, à Chiang Mai, présentaient des taux anormalement élevés d’arsenic dans leur organisme.
Âgés de 2 et 6 ans, ils consommaient régulièrement du poisson pêché dans la rivière Kok, qui coule de l’État Shan, en Birmanie, jusqu’en Thaïlande.
Plusieurs cours d’eau, dont les rivières Kok, Sai et le fleuve Mékong, sont contaminés par des métaux lourds provenant des mines birmanes.
Voir : Thaïlande : niveaux dangereux d’arsenic confirmés dans les rivières du nord
La Thaïlande tente de cacher l’importance des empoisonnements

Des responsables du Bureau des ressources naturelles et de l’environnement de Chiang Mai ont prélevé des échantillons d’eau à trois endroits le long de la rivière Kok pour les analyser à la fin du mois d’avril 2025. Tous les échantillons contenaient des niveaux dangereux d’arsenic et de plomb. Photo : Panumet Tanraksa
Lundi, Transborder News a rapporté que le bureau provincial de la santé publique de Chiang Mai avait reçu les résultats des tests de dépistage de métaux lourds effectués sur quatre villageois de Kaeng Sai Mun, situé à la source de la rivière Kok.
Les échantillons d’urine, prélevés le 19 mai 2025, ont révélé des niveaux alarmants d’arsenic chez les enfants.
Selon une source, bien que les résultats des tests soient disponibles depuis un certain temps, les autorités locales ont choisi de ne pas divulguer immédiatement cette information.
Bien que le bureau provincial de santé publique de Chiang Mai ait demandé plus de détails au district de Mae Ai, les autorités provinciales ont fait pression sur le bureau du district.
Ils ont ordonné aux chefs du village de Kaeng Sai Mun de ne pas divulguer l’information aux médias afin d’éviter de semer la panique parmi les villageois.
Une source a indiqué qu’outre l’arsenic, d’autres métaux lourds tels que le plomb et le manganèse avaient également été détectés à des niveaux supérieurs aux limites autorisées dans la rivière Kok, bien que les tests précédents se soient principalement concentrés sur l’arsenic.
Le bureau provincial de santé publique a été invité à étendre ses tests afin d’inclure des échantillons sanguins prélevés sur les habitants des zones à risque afin de détecter la présence de plomb et de manganèse.
Les villageois inquiets face à la pollution et interdits de protester

Pêcheur dans une rivière du nord de la Thaïlande. Photo : The Nation Thailand
« Actuellement, les chefs de village et les organisations locales se sentent stressés par la pression exercée par les autorités provinciales et du district, qui tentent de minimiser l’impact des toxines présentes dans la rivière Kok », a déclaré une source.
« Malgré les effets importants sur les villageois, notamment en matière d’eau potable, d’alimentation et de cultures agricoles, le gouvernement n’a pas de plan systématique pour remédier au problème.
Cette situation a provoqué un malaise considérable parmi les villageois.
Même tenter de protester est devenu impossible, car les autorités ont émis une interdiction. »
Samadul Utcharoen, député de Chiang Mai du Parti populaire, a fait part de ses inquiétudes quant au manque de transparence de la situation.
Il a souligné que le gouvernement devait immédiatement informer la population afin de l’aider à se protéger contre d’autres dommages.
Il a également demandé que des contrôles sanitaires complets soient effectués le long de la rivière Kok, en particulier pour les groupes à haut risque, et qu’un plan soit mis en place pour aider et indemniser les personnes touchées par la contamination.
Samadul a souligné que trois mois s’étaient écoulés depuis que les plaintes locales avaient donné lieu à une enquête sur la présence de métaux lourds dans la rivière, sans que des progrès significatifs aient été réalisés pour résoudre le problème.
Il a exhorté le gouvernement à déclarer la zone de la rivière Kok zone sinistrée afin de garantir que les communautés touchées reçoivent l’aide dont elles ont besoin.
Il s’est également inquiété de la sécurité des sources d’eau souterraines dans la région, car de nombreux villageois restent sceptiques quant à l’utilisation de l’eau provenant de puits peu profonds, même après que des tests aient été effectués.
Une contamination grave passée sous silence

Une image satellite montre une vue d’ensemble de la mine de terres rares de West River en Birmanie, le 6 mai 2025. Photo : Maxar Technologies
Samadul a souligné la nécessité pour le gouvernement d’élaborer un plan de traitement de l’eau pour les habitants de la région.
Sathien Chantha, professeur à l’université Rajabhat de Chiang Rai, a fait écho aux propos du député, affirmant que la présence d’arsenic chez l’homme indique une contamination grave.
Il a critiqué le gouvernement pour avoir caché des informations par crainte de semer la panique parmi la population, arguant que les villageois ont le droit de connaître les risques auxquels ils sont exposés afin de pouvoir prendre les mesures appropriées.
Il a appelé les agences gouvernementales à accélérer leurs efforts pour lutter contre les risques sanitaires, agricoles et halieutiques liés à la contamination et à cesser de dissimuler le problème en raison de pressions politiques.
Cette affaire met en lumière les conséquences transfrontalières de l’exploitation minière, ainsi que l’opacité des autorités face à un scandale sanitaire grandissant.
Les terres rares sont stratégiques pour la Chine, qui les utilise actuellement comme levier dans sa guerre commerciale avec les États-Unis.
La Thaïlande sacrifie-t-elle la santé de ses citoyens pour préserver ses relations avec Pékin ?
Voir aussi :
Thaïlande : découverte de poissons mutants dans le Mékong, alerte arsenic
Les Red Wa intoxiquent la Thaïlande : drogue et pollution à l’arsenic
Thaïlande : les rivières empoisonnées à l’arsenic menacent des milliers de vies
Pollution à l’arsenic en Thaïlande : les touristes fuient la plage de Chiang Rai
Source : The Nation Thailand
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3 commentaires
Je cite : « Les terres rares sont stratégiques pour la Chine, qui les utilise actuellement comme levier dans sa guerre commerciale avec les États-Unis.
La Thaïlande sacrifie-t-elle la santé de ses citoyens pour préserver ses relations avec Pékin ? » Fin de citation…
Manifestement au lu de cet article, édité au départ par le quotidien thaïlandais « The Nation », la réponse est OUI !
Certains niveaux de pouvoir font tout pour limiter l’impact médiatique de cette pollution venant d’une activité industrielle d’un pays voisin dont certaines régions ne sont plus contrôlées par le pouvoir central (la junte militaire qui est incapable de contrôler la totalité du pays) mais sont sous domination de milices armées dissidentes, soutenues et alimentées en hommes et en matériel par la Chine, mêlant pouvoir d’État, filières d’exploitations et trafics mafieux.
En l’occurrence, dans ce cas-ci, toute une population thaïlandaise, répartie dans de nombreux villages installés le long des rivières venant de Birmanie et dont l’eau sert en amont à l’extraction et l’exploitation des terres rares, est empoisonnée à petit feu via leur alimentation de base, issue de l’eau des rivières, des poissons et des légumes cultivés et arrosés avec cette eau contaminée, toute cette population, donc est mise sous éteignoir, ignorée et cachée par l’administration thaïlandaise régionale.
Il est très probable que l’influence chinoise et des pressions aux relents de corruption venant des exploitants de ces mines pèsent sur les autorités thaïlandaises, provinciales et locales des districts concernés.
Il est navrant de constater que ce grave problème de pollution environnementale et sanitaire, affectant la vie des riverains de ces rivières et pouvant provoquer des maladies graves et irréversibles, des cancers, et donc à terme le décès des personnes contaminées ne semble pas être une préoccupation majeure du gouvernement de Bangkok…
Au plus le temps passe, on vient à se demander d’ailleurs ce que l’ensemble du gouvernement actuel maitrise encore dans le cadre constitutionnel et ministériel de ses devoirs vis-à-vis de la population thaïlandaise dans son ensemble…
Cela ressemble de plus en plus à une fuite en avant au cours de laquelle chacun tente de sauver ses meubles avant la grande débâcle et le grand déménagement qui semble se préparer dans les hautes sphères d’un pouvoir central qui en a de moins en moins…
Bonjour Hansson,
Pour info, l’article de The Nation ne parle pas des mines chinoises.
Bien sûr, il s’agit bien de mines birmanes, exploitées par une entreprise chinoise dont l’opacité (quid des conditions de travail des ouvriers ?) pose la question de savoir si elle est directement reliée au pouvoir central de Pékin, entreprise protégée sur le terrain d’exploitation par les militaires birmans du groupe « RED WA » qui contrôle cette partie du territoire du Myanmar.
Les minéraux rares ainsi récoltés ne profitent en l’occurrence en aucune manière à l’économie du pays birman, puisque exportés à 100% vers la Chine.
Il y a donc là, de manière tout à fait claire d’une exploitation économique « sauvage » d’un pays étranger de matières premières, avec ou sans l’accord des autorités officielles de ce pays (???), et tout cela dans des conditions qui ignorent totalement les normes de sécurité, les conséquences sanitaires et la protection des populations directement et indirectement impactées par l’exploitation de ces mines.
Pendant ce temps, la Thaïlande se contente d’un constat officiel, de communiqués plus ou moins étouffés et minimisés de la part des autorités régionales et provinciales, allant jusqu’à interdire de communiquer avec les médias sur la réalité quotidienne des riverains des rivières polluées.
Quand à la mise sur pied de mesures concrètes pour dépolluer l’eau des rivières destinées aux besoins des populations locales et à leurs cultures, rien n’a été programmé sur place jusqu’à présent par les autorités gouvernementales thaïlandaises, alertées depuis maintenant 3 mois de cette situation alarmante.
On se contente d’analyser l’eau, semaine après semaine et de constater la pollution et ses effets à venir qui, nécessairement, vont s’amplifier et s’aggraver au fil du temps…