Le cannabis sera-t-il encore légal en Thaïlande après les élections ?

Les deux partis politiques les plus populaires d’après les sondages, veulent remettre en question la loi sur la légalisation du cannabis en Thaïlande.

Quatre ans après que le parti Bhumjaithai ait obtenu près de quatre millions de voix en promettant de dépénaliser le cannabis, le vent a tourné.

La majorité des partis en lice pour les élections nationales du dimanche 14 mai veulent abroger la loi et limiter l’usage du cannabis à des fins médicales.

Parmi les principaux partis qui menacent de faire dérailler le programme, on trouve le parti Pheu Thai, qui devrait remporter le plus grand nombre de sièges dans la nouvelle Chambre des représentants, qui compte 500 membres, selon tous les sondages préélectoraux.

Voir : Ce qu’il faut savoir sur les élections en Thaïlande

Selon le Pheu Thai, la réinscription du cannabis sur la liste des stupéfiants, tout en conservant son usage médical, protégera les jeunes Thaïlandais de l’usage récréatif.

Même le parti Move Forward, qui a appelé à la libéralisation dans la plupart des autres secteurs, tente de faire de même, affirmant qu’il est vital de revenir au début avant de légaliser progressivement l’usage généralisé du cannabis.

Restaurant proposant des plats à base de cannabis en Thaïlande. Photo : Pattaya Mail

Le cannabis est devenu un sujet controversé, divisant les partis politiques ainsi que les 52,3 millions d’électeurs du pays, depuis que sa dépénalisation est entrée en vigueur il y a près d’un an.

Voir : Le cannabis est légal en Thaïlande, mais c’est compliqué : ce que les voyageurs doivent savoir

Les opposants à cette politique s’inquiètent de l’influence néfaste de cette drogue sur la société.

Toutefois, le vide juridique qui s’est créé lorsque la plante a été décriminalisée, lançant ainsi un nouveau secteur avant que les législateurs ne puissent adopter une législation pour le contrôler, n’a pas été sans susciter un certain mécontentement.

Quelques mois plus tard, la législation visant à interdire un usage plus large du médicament s’est enlisée au parlement, certains politiciens se plaignant qu’elle n’allait pas assez loin pour freiner l’usage récréatif.

Le 20 mars, le Parlement thaïlandais a été dissous pour préparer les élections.

L’industrie du cannabis a pris son essor avec peu de réglementation.

Inquiétudes des agriculteurs et des revendeurs de cannabis

Selon l’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise, le secteur du cannabis devrait représenter un milliard de dollars d’ici 2025, avec plus d’un million d’agriculteurs cultivant la plante et environ 4 500 points de vente la distribuant dans toutes les provinces du pays.

Le ministre de la santé thaïlandais, Anutin Charnvirakul, dans une ferme de cannabis

Loin de la politique et des controverses de Bangkok, les agriculteurs s’inquiètent de perdre une importante source de revenus si peu de temps après l’avoir reçue.

Depuis des années, des millions d’agriculteurs sont soumis à l’imprévisibilité des prix à l’exportation de produits agricoles importants, allant du riz au caoutchouc, ainsi qu’à des catastrophes naturelles telles que la sécheresse et les inondations.

Ils en sont venus à considérer le cannabis comme une bouée de sauvetage plus solide, qui leur permet d’augmenter leurs revenus et d’améliorer leur mode de vie en l’espace d’un an seulement.

Selon Siwasan Khobjaiklang, 41 ans, chef d’un réseau appelé Sanom, qui comprend sept fermes appartenant à de jeunes agriculteurs de Buri Ram, les agriculteurs peuvent gagner environ 500 000 bahts (13 526 euros) pour une récolte de bourgeons de cannabis dans un rai (1 600 m2), contre environ 8 000 bahts (216 euros) pour le riz cultivé dans le même espace.

M. Siwasan déclare que son ambition est que la Thaïlande dispose d’une loi sur le cannabis qui réglemente la production et la vente de marijuana, ce qui permettrait aux agriculteurs d’entrer plus facilement en contact avec les entreprises nationales et même d’exporter les produits.

Ce qui est en jeu ici peut rendre les choix électoraux du groupe très simples et d’autant plus importants.

« Le cannabis est pris en otage politique », a déclaré M. Siwasan dans sa ferme, où les plants de cannabis dominent les potagers.

Champ de marijuana

« Il n’a fait que la moitié du chemin vers le rêve, qui est difficile à réaliser sans clarté juridique. »

Le parti thaïlandais Bhumjaithai a « tenu ses promesses » en dépénalisant le cannabis, selon Kajkanit Sakdisubha, fondateur de Taratera, qui achète la plante à des producteurs locaux pour la vendre dans ses cinq dispensaires de Bangkok et de Chiang Mai.

« Si la décision est annulée, je pense que nous verrons beaucoup de gens dans les rues se demander s’ils doivent fermer des magasins et des fermes parce qu’un autre parti est au pouvoir et a une opinion différente. »

On ne sait pas exactement comment ils réagiront si la législation thaïlandaise, qui autorise une utilisation restreinte du cannabis dans l’alimentation et les cosmétiques, est remise en question.

Voir aussi :

10 choses que les touristes doivent savoir sur le cannabis en Thaïlande

L’avenir des vendeurs de cannabis sur la sellette en Thaïlande

Discussion sur la possibilité de rendre le cannabis à nouveau illégal en Thaïlande

Source : Chiang Rai Times