Thaïlande : 9 policiers tués dans des crashs aériens à cause de la corruption

L’Organisation anti-corruption de Thaïlande (ACT) a déclaré que la corruption était responsable des accidents de deux avions de la police.

La corruption gangrène la police thaïlandaise et si les victimes sont généralement des civils, ce sont parfois des policiers qui en paient le prix.

Dans un message publié le lundi 23 juin 2025 sur Facebook, le président de l’ACT, Mana Nimitmongkol, a affirmé que deux accidents mortels survenu récemment n’étaient pas dus à une erreur humaine, mais à un entretien déficient résultant de la corruption.

Il faisait référence à deux accidents survenus plus tôt cette année.

Le premier accident s’est produit le 25 avril, lorsqu’un avion DHC-6-400 appartenant à la police royale thaïlandaise (RTP) s’est écrasé en mer au large du district de Cha-am, dans la province de Phetchaburi, tuant six policiers.

Environ un mois plus tard, un hélicoptère Bell-212 appartenant à l’unité aérienne de la police de Kanchanaburi s’est écrasé dans la province de Prachuap Khiri Khan, tuant trois policiers.

Le message citait une conversation Line qui avait fuité, dans laquelle un pilote de la police affirmait que les avions « n’étaient absolument pas en état de voler ».

82 appareils, mais seulement 10 en état de voler

À l’heure actuelle, la RTP dispose d’une flotte de 82 appareils (avions, hélicoptères), dont plus de la moitié ont plus de 25 ans.

Certains des hélicoptères Bell-212 de la flotte sont en service depuis plus de 50 ans.

Plusieurs pilotes de la RTP ont déclaré que seuls une dizaine de ces appareils étaient réellement en état de voler, a indiqué M. Mana dans son message.

Malgré l’âge avancé de la flotte, le budget annuel consacré à la maintenance reste stagnant à 950 millions de bahts, ce qui n’est pas suffisant pour couvrir le total des dépenses de réparation et de mise à niveau urgente nécessaires pour maintenir les appareils en état de vol.

Il a affirmé que ce montant avait été délibérément maintenu à 950 millions de bahts, car toute demande budgétaire supérieure à un milliard de bahts doit être approuvée par le cabinet, ce qui la soumet à un examen plus approfondi.

Une maintenance bâclée à cause de la corruption

Le président de l’ACT a également affirmé que la maintenance des avions de la RTP n’était pas effectuée de manière transparente.

À l’heure actuelle, la flotte est entretenue par les techniciens internes de la RTP, en collaboration avec Thai Airways, qui facture environ 142 millions de bahts par an pour l’entretien des avions.

Cependant, les techniciens de Thai Airways n’ont pas la capacité d’assurer la maintenance de la majorité des avions de la flotte de la RTP.

Cela signifie que jusqu’à 90 % du travail doit être sous-traité à des sociétés tierces, souvent sélectionnées au terme de processus opaques contrôlés par de hauts responsables de la police, a déclaré le président de l’ACT.

Les pots-de-vin sont monnaie courante tout au long de la chaîne de maintenance, ce qui se traduit par des coûts de réparation gonflés et l’utilisation de pièces de rechange hors de prix pour l’entretien des avions, a-t-il déclaré.

Comme le budget de maintenance n’a pas été ajusté depuis un certain temps, de nombreux avions immobilisés finissent par être « cannibalisés », leurs pièces étant démontées pour permettre à d’autres de continuer à voler.

Mana a qualifié l’ensemble du processus de « chaîne de corruption » qui profite à plusieurs agences au détriment de la sécurité des équipages.

Il a appelé à une révision de la chaîne de maintenance, affirmant que la corruption rampante avait coûté des vies.

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Source : Bangkok Post