Face à l’explosion des réseaux de cybercriminalité et de traite des êtres humains au Cambodge, la Thaïlande appelle l’ASEAN à une riposte.
D’après des observateurs, les tensions frontalières entre la Thaïlande et le Cambodge auraient été provoquées pour créer une diversion alors que le pouvoir cambodgien est accusé par plusieurs rapports internationaux d’être lié aux réseaux d’escroqueries en ligne et à la traite des êtres humains.
Voir : Conflit Thaïlande – Cambodge : une diversion pour les centres d’appels ?
La Thaïlande riposte et ne prend plus de pincettes pour accuser les dirigeants cambodgiens d’être à la tête de ces réseaux criminels.
La criminalité transnationale soutenue par l’État au Cambodge
La Thaïlande et l’ASEAN (ANASE) doivent rapidement renforcer leur intégration dans tous les secteurs pour faire face aux menaces croissantes des réseaux de centres d’appels et de blanchiment d’argent.
Cela passe par la mise en œuvre de mesures de sécurité, de lois renforcées et d’initiatives solides de la société civile, avant qu’il ne soit trop tard.
Les recommandations politiques pour la Thaïlande et l’ASEAN ont été compilées par le général Jerdwut Kraprayoon, expert en sécurité nationale et stratégie à l’Institut national d’études de défense.
Citant le rapport du Harvard Asia Centre intitulé « Politiques et tendances : la criminalité transnationale soutenue par l’État au Cambodge, une menace pour la sécurité mondiale », les principales conclusions sont les suivantes :
1. Le Cambodge, plaque tournante mondiale de la cybercriminalité et de la traite des êtres humains
L’industrie de la cybercriminalité génère entre 12,5 et 19 milliards de dollars américains par an, soit environ 60 % du PIB du Cambodge.
Environ 150 000 travailleurs sont impliqués, dont beaucoup sont victimes de traite des êtres humains ou de travail forcé.
2. Réseaux criminels soutenus par l’État
Le Parti populaire cambodgien (PPC), dirigé par l’ancien Premier ministre Hun Sen et l’actuel Premier ministre Hun Manet, joue un rôle direct dans la protection et l’exploitation de cette industrie.
Les systèmes de clientélisme et les mécanismes de pouvoir coercitif rendent les réformes internes pratiquement impossibles.
3. Implication de l’élite et collusion internationale
Des hauts fonctionnaires, dont le vice-Premier ministre Sar Kheng et le sénateur Ly Yong Phat, sont directement liés à ces activités.
Certaines personnalités influentes de Chine, notamment des investisseurs étrangers détenteurs d’un passeport cambodgien, sont également impliquées.
4. Blanchiment d’argent et cyberinfrastructure
L’industrie des casinos au Cambodge et des plateformes telles que Huione Group servent de systèmes de blanchiment d’argent à grande échelle, utilisant la cryptomonnaie, les jeux d’argent en ligne et des systèmes bancaires informels.
5. Répression de la société civile et des médias
Le gouvernement cambodgien a contrôlé et réduit au silence les médias indépendants, arrêté des journalistes et réglementé strictement les ONG.
6. Échec de la réponse internationale
Plus de 100 ONG luttant contre la traite des êtres humains opèrent au Cambodge, mais la plupart sont inefficaces ou étroitement contrôlées.
Les sanctions imposées par les États-Unis et le Royaume-Uni ont eu un impact limité, car l’élite cambodgienne est capable de s’adapter rapidement et de protéger ses intérêts.
Recommandations pour la Thaïlande
1. Renforcer la sécurité aux frontières et le renseignement financier
Surveiller les mouvements dans les provinces frontalières telles que Sa Kaeo, Trat et Chiang Rai, où se déroulent des activités liées à des escroqueries, telles que des casinos et des complexes.
Appliquer des règles plus strictes en matière de connaissance du client (KYC) et de lutte contre le blanchiment d’argent (AML), en particulier pour les sociétés écrans et les entreprises impliquées dans les jeux d’argent.
2. Créer un centre national d’intégration des renseignements sur la cybercriminalité
Relier les données de la police, des services d’immigration, des agences de lutte contre le blanchiment d’argent et des organismes de télécommunications afin de se concentrer sur les réseaux de fraude en ligne, le blanchiment d’argent crypté et la traite des êtres humains.
3. Accroître la pression diplomatique et la transparence
Utiliser les mécanismes bilatéraux et ceux de l’ASEAN pour promouvoir des enquêtes indépendantes, la transparence des arrestations et la liberté de la presse.
4. Protéger les citoyens thaïlandais
Améliorer la communication publique et les services consulaires afin d’aider les Thaïlandais victimes de traite vers le Cambodge, le Laos et la Birmanie.
Collaborer avec les survivants afin de mettre en place des programmes de réadaptation centrés sur les victimes.
Recommandations pour l’ASEAN
1. Déclarer les réseaux de fraude transnationale comme une menace pour la sécurité régionale
Intégrer cette question dans la réunion des ministres de la Défense de l’ASEAN (ADMM) et dans la Communauté politique et de sécurité de l’ASEAN en tant que menace non traditionnelle pour la sécurité.
2. Créer un groupe de travail de l’ASEAN sur la cybercriminalité et la traite des êtres humains
Dirigé par la Thaïlande, l’Indonésie et Singapour, ce groupe de travail devrait partager des renseignements en temps réel, suivre les flux financiers transfrontaliers et coordonner les processus de rapatriement et d’identification des victimes.
3. Élaborer des sanctions régionales ou des stratégies de stigmatisation sociale
Si la diplomatie échoue, dénoncer publiquement les entreprises ou les réseaux frauduleux liés à l’État.
4. Renforcer les réseaux régionaux de la société civile
Soutenir le financement et la protection des journalistes d’investigation, des lanceurs d’alerte et des ONG dirigées par des survivants, en particulier au Cambodge, en Birmanie et au Laos.
5. Créer une base de données commune de l’ASEAN
L’ASEANAPOL ou une agence indépendante devrait compiler des données sur les réseaux frauduleux, les fausses offres d’emploi et les cas de traite des êtres humains, et les mettre à la disposition des États membres.
Conclusion
L’économie souterraine cambodgienne issue de l’industrie de l’escroquerie est une menace transnationale soutenue par l’État et enracinée dans les systèmes de clientélisme, l’élite et la collusion internationale.
Ce problème s’est étendu au-delà des frontières du Cambodge et a un impact profond sur la sécurité de la Thaïlande et de l’ASEAN.
Il est essentiel que la Thaïlande et l’ASEAN réagissent de manière intégrée, à travers la sécurité, la diplomatie, l’application de la loi et le soutien à la société civile, afin de contrôler et de démanteler ces réseaux criminels avant qu’il ne soit trop tard.
Voir aussi :
La Thaïlande accuse Hun Sen d’avoir menacé sa sécurité nationale
Centres d’appel frauduleux : la Thaïlande met en cause l’élite cambodgienne
Une trahison de Hun Sen sème la zizanie en Thaïlande : la coalition éclate
Centres d’appel au Cambodge : l’étau se resserre sur la famille de Hun Sen
Le Cambodge ferme sa frontière et cesse d’acheter l’électricité à la Thaïlande
Le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge affecte les marchés boursiers
Tension Thaïlande-Cambodge : un retrait cambodgien porteur d’espoir
La tension monte entre la Thaïlande et le Cambodge : une guerre en vue ?
Source : The Nation Thailand
Préparez votre voyage en Thaïlande
Souscrire une assurance voyage
Réservez bus, train, bateau en Thaïlande
Gérer son argent en voyage avec Wise
Voyage sur mesure avec Evaneos
Si nos actualités, nos informations touristiques ou culturelles vous ont été utiles et que vous souhaitez nous remercier :
Vous pouvez nous suivre sur :
Twitter, LinkedIn, Facebook, Google Actualités
Ou installer notre application :
Installez l’application de Toute la Thaïlande sur votre smartphone
⚠️ Les cryptomonnaies comportent des risques : Investissez uniquement des sommes que vous êtes prêt à perdre.