Thaïlande–Cambodge : l’accord de paix suspendu après l’explosion d’une mine

La Thaïlande a suspendu l’accord de paix avec le Cambodge après qu’une mine terrestre a blessé deux soldats thaïlandais près de la frontière.

Le royaume accuse le Cambodge d’avoir posé de nouvelles mines sur son territoire en violation de l’accord.

Une trêve négociée en Malaisie aujourd’hui fragilisée

Le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul et le Premier ministre cambodgien Hun Manet se serrent la main à côté du président américain Donald Trump, lors de la signature d’un accord de cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande en marge du sommet de l’ASEAN à Kuala Lumpur, en Malaisie, le dimanche 26 octobre 2025. Photo Reuters

Le président américain Donald Trump a contribué à négocier un accord de paix entre les deux pays d’Asie du Sud-Est, après un conflit frontalier de cinq jours qui a fait au moins 48 morts et déplacé environ 300 000 personnes.

Voir : Thaïlande–Cambodge : Trump célèbre la paix entre les deux pays voisins

Les deux parties ont signé une trêve élargie en Malaisie le 26 octobre 2025, mais le lundi 10 novembre, le chef des forces armées thaïlandaises a déclaré que celle-ci avait été suspendue.

Le commandant suprême thaïlandais, le général Ukris Boontanondha, a déclaré dans des messages publiés sur les réseaux sociaux par les forces armées thaïlandaises :

« L’armée thaïlandaise suspend tous les accords jusqu’à ce que le Cambodge montre clairement sa sincérité et son intention de ne pas être hostile ».

Dans un communiqué, le ministère cambodgien des Affaires étrangères s’est dit « gravement préoccupé » par la possibilité que la Thaïlande suspende l’accord.

L’accord prévoit le retrait des armes lourdes de la zone frontalière et la libération de 18 prisonniers de guerre cambodgiens détenus par la Thaïlande si toutes les mesures sont mises en œuvre.

Une explosion de mine qui ravive les accusations mutuelles

Des militaires thaïlandais transportent un soldat blessé par une mine près de la frontière cambodgienne le lundi 10 novembre 2025. Photo : The Nation Thailand

Quatre soldats thaïlandais ont été blessés lundi matin lors de l’explosion d’une mine PMN-2 pendant une patrouille dans la province thaïlandaise de Sisaket.

L’un d’eux a perdu son pied droit, a déclaré l’armée thaïlandaise dans un communiqué, ajoutant que trois autres mines avaient été trouvées près du lieu de l’explosion.

« D’après les preuves disponibles, on peut conclure que la mine a été introduite clandestinement en retirant les barbelés et qu’elle a été nouvellement plantée sur le sol thaïlandais », a-t-elle déclaré.

Bangkok suspend l’accord jusqu’à clarification du Cambodge

Photos de soldats cambodgiens dans un temple contesté, sur lesquelles on voit clairement des mines antipersonnel PMN-2 russes à leurs côtés. Ces mines sont semblables aux mines qui ont blessé des soldats thaïlandais qui patrouillaient sur le sol thaïlandais.

Quelques heures après l’incident, le Premier ministre thaïlandais Anutin Chanvirakul a déclaré aux journalistes que « tout doit s’arrêter jusqu’à ce que la situation soit clarifiée », faisant référence à l’accord avec le Cambodge.

Il n’a pas donné plus de détails.

Dans un communiqué, le ministère cambodgien des Affaires étrangères a nié l’accusation selon laquelle il aurait posé de nouvelles mines.

Le Cambodge continue de nier malgré de nombreuses preuves

Des soldats en uniforme cambodgien posent une mine antipersonnel russe PMN-2. Photo extraite d’un téléphone récupéré par l’armée thaïlandaise.

Les explosions de mines terrestres le long des zones frontalières contestées, qui ont amputé sept soldats thaïlandais, ont été l’un des catalyseurs des combats de juillet.

Bangkok accuse le Cambodge d’avoir posé ces nouveaux engins explosifs, tandis que Phnom Penh rejette ces accusations, comme dans les précédents incidents survenus dans des zones déjà déminées.

Pourtant, de nombreuses preuves de la responsabilité du Cambodge ont été présentées par la Thaïlande.

Des soldats cambodgiens ont partagé des photos les montrant dans un temple avec des mines russes PMN-2.

Voir : La Thaïlande exige la fin de l’aide internationale au Cambodge pour le déminage

Un téléphone a été retrouvé à la frontière, contenant des vidéos en langue khmère, montrant des soldats cambodgiens recevant des instructions pour poser des mines.

Voir : Thaïlande : des vidéos montrent des soldats cambodgiens posant des mines

Et des soldats cambodgiens ont été vus en train de poser des mines sur le territoire thaïlandais.

Thaïlande : des soldats cambodgiens aperçus en train de poser des mines

Selon Reuters, qui s’appuie sur l’analyse d’experts des informations fournies par l’armée thaïlandaise, les mines qui ont déclenché le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge au début de l’année ont probablement été posées récemment.

Le Cambodge, malgré les preuves, continue d’affirmer que ce sont d’anciennes mines datant de la guerre civile cambodgienne.

Voir : Mines : la Thaïlande accuse, le Cambodge dénie, les preuves accablent

Voir aussi :

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Source : The Guardian