La Thaïlande a introduit une réglementation plus stricte sur le cannabis qui met des milliers de dispensaires dans une situation difficile.
Voir : Fin de la récréation : la Thaïlande interdit le cannabis récréatif
Ordonnance médicale exigée, culture strictement encadrée : ce virage brutal plonge les acteurs du secteur dans l’incertitude totale.
Pour beaucoup, c’est la survie qui est en jeu.
Un revirement législatif brutal

Photo : Unsplash / Crystal Weed Cannabis
Trois ans après être devenue le 1ᵉʳ pays asiatique à dépénaliser le cannabis, la Thaïlande fait marche arrière dans un contexte de troubles politiques et exige désormais une ordonnance pour acheter du cannabis dans l’un des 10 000 à 18 000 dispensaires qui ont vu le jour depuis 2022.
Les nouvelles règles ont plongé cette industrie naissante dans le chaos et suscité les critiques des militants pro-cannabis, qui défendaient la libéralisation comme un moyen de stimuler les secteurs du bien-être et du tourisme en Thaïlande.
Les dispensaires ne peuvent désormais vendre que du cannabis produit par des exploitations agricoles ayant obtenu la certification « Bonnes pratiques agricoles et de collecte » délivrée par le gouvernement, et les quantités sont limitées à un approvisionnement de 30 jours par client.
Une vengeance politique déguisée en réforme

Anutin Charnvirakul dans une ferme de cannabis à l’époque où il était ministre de la Santé, il est aujourd’hui dans l’opposition.
Les dernières réglementations, entrées en vigueur le jeudi 26 juin, font suite à l’engagement pris par le parti Pheu Thai de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra de durcir la politique antidrogue du pays et de limiter l’usage du cannabis à des fins médicales.
Cette décision intervient dans un climat politique tendu.
Quelques jours plus tôt, le parti pro-cannabis Bhumjaithai, quittait la coalition gouvernementale pour rejoindre l’opposition.
La rupture a commencé par un conflit interne autour d’un poste ministériel et s’est aggravée après la fuite d’un enregistrement téléphonique entre Paetongtarn Shinawatra et Hun Sen, président du Sénat cambodgien.
Voir : Une trahison de Hun Sen sème la zizanie en Thaïlande : la coalition éclate
Une industrie dans l’incertitude

Un homme rentre dans un dispensaire de cannabis en Thaïlande. Photo : CTN News
Rattapon Sanrak, propriétaire du Highland Cafe, un dispensaire situé dans le quartier de Khao San road, très fréquenté par les routards à Bangkok, a déclaré :
« Les coûts liés à la mise en conformité vont peser davantage sur les dispensaires, qui ont déjà dû faire face à une forte concurrence et à une baisse du nombre de touristes étrangers l’année dernière.
Ces mesures sont une vengeance politique, mais c’est le public qui en fera les frais », a déclaré M. Rattapon.
« La majorité des exploitations agricoles du pays ne sont pas encore certifiées par le gouvernement.
Et les produits qui ne seront pas conformes à la réglementation en cours d’élaboration n’auront d’autre choix que de se tourner vers le marché clandestin. »
Le ministre de la Santé publique, Somsak Thepsutin, a déclaré en début de semaine que le gouvernement prévoyait de réinscrire le cannabis sur la liste des stupéfiants illégaux du pays, il est actuellement classé comme « plante contrôlée ».
Au cours des prochaines semaines, de nouvelles règles seront élaborées afin d’exiger que chaque dispensaire dispose d’un médecin sur place dans le cadre des critères d’octroi de licence, a-t-il ajouté.
Le secteur contre-attaque : recours collectifs et manifestations

Manifestation pro cannabis en 2024, en Thaïlande. Photo : AP/Sakchai Lalit.
De nombreuses entreprises se sont dites prises au dépourvu par la mise en place soudaine de ces nouvelles règles, publiées mercredi soir sans période de transition.
Des dispensaires ont fermé leurs portes jeudi afin de décider de la marche à suivre.
Certains entrepreneurs ont déclaré qu’ils envisageaient un recours collectif afin de retarder au moins l’entrée en vigueur des nouvelles exigences.
Un groupe de défense appelé Writing Thailand’s Cannabis Future a appelé la population à manifester devant le ministère de la Santé publique le 7 juillet.
Selon lui, la nouvelle réglementation ne mettra pas fin à l’usage récréatif du cannabis, mais entraînera la vente de fausses ordonnances médicales.
« Il est tout à fait possible d’acheter un certificat médical », a déclaré Prasitchai Nunual, secrétaire général du groupe.
« Les autorisations délivrées par des soi-disant experts reconnus entraîneront de la corruption et des prescriptions qui ne refléteront pas la réalité médicale. »
L’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise (UTCC) a estimé le marché national du cannabis à 28 milliards de bahts (736,76 millions d’euros) en 2022 après l’entrée en vigueur de la dépénalisation, ajoutant qu’il pourrait atteindre 43 milliards de bahts en 2025.
Voir aussi :
Thaïlande : un certificat médical bientôt requis pour consommer du cannabis
Voyages gratuits en Thaïlande : le piège des trafiquants de cannabis
Une star de Netflix revient d’un voyage en Thaïlande avec 40 kilos de cannabis
La Thaïlande veut réglementer le cannabis tout en le gardant légal
De nombreux touristes arrêtés avec du cannabis après leurs voyages en Thaïlande
Thaïlande : politique et profits bloquent la recriminalisation du cannabis
Le marché du cannabis en Thaïlande pourrait perdre 10 milliards de bahts
Source : Bangkok Post
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5 commentaires
Suffit de faire un certificat medic via ChatGPT et le tour est joué, maintenant avec internet, on peut absolument tout contourner.
Seuls les réacs se réjouissent… un trait sur 43 milliards de bahts de revenus, des milliers de commerçants, des dispensaires et les agriculteurs sans travail et de milliers de touristes qui iront ailleurs…
Pour un pays qui se plaint d’un manque de touristes… et qui de plus a les caisses vides, juste par idéologie et influencée par des intérêts particuliers tels que les industries de l’alcool et de la pharmacie… et le retour de corruption pour de fausses ordonnances et la vente sous le manteau avec tous les risques de voir d’autres drogues…
Au cours des prochaines semaines, de nouvelles règles seront élaborées afin d’exiger que chaque dispensaire dispose d’un médecin sur place dans le cadre des critères d’octroi de licence, a-t-il ajouté.
Hilarant !!!
Il fallait s’y attendre !
Des années à vendre de la fumée sans cadre, et maintenant, on découvre que ça brûle.
Quand on ouvre un marché à la va-vite, sans garde-fous, ça ne fonctionne pas…
La Thaïlande a voulu jouer au pays cool, sans jamais poser de vraies limites.
Résultat ? Des rues de Bangkok transformées en salon à ciel ouvert, des dispensaires comme des 7-Eleven, et des familles qui évitent certains quartiers à cause de l’odeur.
Super pour le tourisme “premium”… LOL
Aujourd’hui, les règles tombent d’un coup, sans transition, et tout le monde crie au chaos.
Mais le vrai chaos, c’était justement de croire qu’on pouvait légaliser sans encadrer, libéraliser sans réfléchir, et faire du cannabis une vitrine touristique.
Bienvenue dans le retour de flamme !
Ben oui, du « travail » d’amateurs depuis la dépénalisation pour redynamiser le tourisme et l’économie à la sortie de la crise du COVID jusqu’à aujourd’hui avec un retour quasiment à la situation de 2019….
Instabilité chronique et incompétences cumulées des différents responsables politiques qui ont ce dossier à gérer !!!
C’est à pleurer… Et après, on se demande pourquoi la Thaïlande prend l’eau de tous les côtés !