La police thaïlandaise a révélé de nouveaux détails édifiants sur le meurtre d’un policier à Nakhon Pathom dans le centre de la Thaïlande.
L’incident s’est produit lorsque Praween Chankhlai, le Kamman (chef de sous-district) de la commune de Takong à Nakhon Pathom, a invité un groupe d’agents de police à dîner et à discuter de manière informelle chez lui le mercredi 6 septembre.
Lors du repas, le Kamman a tenté de persuader le major de police Sivakorn Saibua, avec qui il était déjà en conflit sur une autre affaire, de promouvoir un officier de police sous sa supervision.
Mais, le major Sivakorn, un policier exemplaire, a refusé en insistant sur le fait qu’il fallait suivre les règles et les règlements, basés sur les performances du personnel de police.
Malheureusement, de nombreux policiers ne respectent pas ses règles et ce sont souvent les plus corrompus qui grimpent les échelons le plus rapidement.
Praween Chankhlai en colère a alors quitté le repas, son homme de main est ensuite arrivé sur les lieux et a tiré plusieurs coups de feu sur le major Sivakorn et sur son superviseur devant les autres policiers.
Le major Sivakorn a été tué et son superviseur grièvement blessé.
Aucun des policiers présent n’a ensuite cherché à arrêter le Kamman ou son homme de main.
Certains policiers corrompus qui travaillaient pour le Kamman ont ensuite aidé à effacer les preuves sur la scène de crime.
Mais, contrairement à ce que pensait certainement le Kamman, très sûr de lui grâce à l’emprise qu’il avait sur certains policiers, l’affaire n’a pas été étouffée et fait maintenant la une des médias thaïlandais.
Praween Chankhlai s’est rendu à la police de Nakhon Pathom le jeudi 7 septembre, peu après l’émission d’un mandat d’arrêt.
Il a été libéré sous caution le 1ᵉʳ décembre 2023 et sera jugé en avril 2024
Le chef mafieux accusé d’avoir fait tuer un policier en Thaïlande, libéré sous caution
Praween Chankhlai, le Kamman et chef mafieux, a été arrêté par la police.
Le tueur a ensuite été abattu lors d’un échange de coups de feu avec la police dans le district de Tha Rua, dans la province de Kanchanaburi, le vendredi 8 septembre.
Voir tous les détails sur le déroulement du crime ici : La Thaïlande veut mettre les chefs mafieux sur liste noire
Cette affaire incroyable a provoqué un terrible choc dans le pays et le nouveau gouvernement assure qu’il veut mettre fin à de tel agissement.
Voir : La police thaïlandaise doit servir le peuple, pas les puissants
L’enquête avance
Alors que l’on pensait au départ qu’il y avait 26 policiers lors du repas, on a appris qu’ils y en avaient deux de plus qui font partie des policiers qui se sont échappés après le meurtre.
Le chef adjoint de la police nationale, le général Surachate Hakparn, a déclaré le lundi 11 septembre que 28 policiers se trouvaient au domicile de Praween.
Les 28 policiers ont été répartis en trois groupes.
Le premier comprend ceux qui ont transporté le major Siwakorn et son superviseur blessé à l’hôpital et qui sont considérés comme « peut-être honnêtes ».
Le deuxième groupe (ceux qui sont clairement corrompus) a aidé les suspects.
Le troisième groupe est composé des policiers qui ont immédiatement fui la scène.
« Cela ne signifie pas que ceux qui ont amené les blessés à l’hôpital étaient innocents.
Nous devons savoir exactement combien d’officiers se sont rendus à l’hôpital…
S’ils ont menti, ils seront tenus pour responsables de fausses déclarations », a déclaré le général Surachate.
Outre les policiers impliqués, les enquêteurs ont inculpé cinq civils.
L’un d’entre eux a jeté dans l’eau deux serveurs de vidéosurveillance provenant de la maison de M. Praween.
Un autre a enterré le pistolet utilisé lors de la fusillade et trois autres ont détruit des preuves sur les lieux en nettoyant les taches de sang et en dissimulant les cartouches usagées.
Il faudra environ trois jours à la police pour récupérer les données des serveurs de vidéosurveillance, a déclaré Surachate.
Des sources ont déclaré que le Département des enquêtes spéciales a découvert que M. Praween dirigeait deux entreprises de construction qui ont remporté des appels d’offres pour plus de 1 000 projets d’une valeur d’environ 3,5 milliards de bahts (91,6 millions d’euros) entre 2015 et 2022.
Le major général Charoonkiat Pankaew, commandant par intérim de la police routière, a déclaré qu’il demanderait aux fonctionnaires compétents d’examiner les activités de M. Praween, qui comprenaient également des camions.
Le major Siwakorn a été honnête dans sa répression de la surcharge des camions et a refusé d’être indulgent, a déclaré le commandant par intérim.
Cela veut donc dire que Praween Chankhlai avait déjà tenté de corrompre le major Siwakorn pour lui faire accepter de laisser passer des camions en surpoids, donc dangereux pour la sécurité routière, mais que celui-ci avait refusé.
Avant la fête, un superviseur du major Siwakorn lui a ordonné d’assister au rassemblement afin de se réconcilier.
Il faut imaginer la difficulté que cela doit être pour un policier honnête de travailler quand ses supérieurs sont corrompus.
Au cours de l’événement, il a été demandé à l’homme assassiné de transférer le neveu de M. Praween, un policier, à un poste désiré, mais il a rejeté la demande, a déclaré le major général Charoonkiat.
M. Praween est soupçonné d’avoir ensuite demandé à son homme de main d’abattre le major Siwakorn.
L’ancien kamnan avait déjà été démis de ses fonctions au sein de l’administration locale.
« Avant son dernier souffle, j’ai touché sa tête et lui ai promis que ses supérieurs et ses subordonnés au Bureau de la police royale thaïlandaise lui rendraient justice », a déclaré le major général Charoonkiat.
La police et d’autres organisations, y compris le département des recettes, examineront les activités et les transactions des suspects dans cette affaire, a-t-il ajouté.
Le comportement exemplaire du major Sivakorn, qui fait penser à l’image bouddhiste du lotus, vénéré, car sa fleur apparait propre et pure à la surface d’une eau boueuse, pourrait être utilisé pour créer une unité spéciale de lutte contre la corruption au sein de la police.
Une affaire de plus qui dévoile l’étendue de la corruption en Thaïlande et qui ne va pas aider à redorer l’image de sa police.
Voir entre autres :
Un officier de police thaïlandais impliqué dans la série de meurtres au cyanure
Un ex-policier abat 37 personnes, dont 23 enfants, dans une crèche en Thaïlande
Une vidéo montre des policiers torturer et tuer un homme en Thaïlande
Le policier tueur « Joe Ferrari » condamné à la prison à vie
Comment les mafias chinoises et les policiers corrompus sapent la sécurité de la Thaïlande
Source : Bangkok Post
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4 commentaires
C’est une histoire sans fin…
Après l’affaire de l’héritier de Red Bull, celle du policier « Jo Ferrari » et bien d’autres, cette affaire sanglante de plus montre à quel point les agissements des groupes mafieux et particulièrement de leurs « parrains » locaux, régionaux et nationaux, se croyant intouchables, pourrissent les rouages du Royaume tout entier et gangrènent, empoisonnent et détournent à leur profit la hiérarchie des hauts fonctionnaires des différents départements de pouvoir, qu’ils soient militaires, policiers ou civils…
Il faut espérer que toutes les forces de police qui restent intègres et font leur devoir arriveront à inverser l’état des choses et à remettre l’ordre et la loi à leur place face à la toute puissance de l’argent géré par les activités illicites, pots-de-vin, commerce de la drogue, prostitution et corruptions en tout genre, touchant les grandes entreprises du pays et en particulier l’immobilier, le secteur de la construction et en particulier les chantiers publics…
Mais je me pose une question fondamentale quant à l’ampleur du problème au sein des forces de police et je vous la pose :
Si on pouvait mettre le camp des policiers, tous grades confondus qui ont été corrupteurs, complices actifs ou passifs au moins une fois d’un acte de corruption à gauche d’une ligne continue et à droite, tous les policiers intègres et honnêtes, quelle proportion en % croyez-vous que la file de droite serait représentée par rapport à la file de gauche ?
Comment peut-on être à la fois flic et diriger pendant des années deux entreprises de construction ?
C’est tellement gros que c’en est risible…
Bonjour Jean Pierre,
Non, Praween, le chef mafieux, n’est pas policier, c’est un homme d’affaires qui corrompait des policiers.
Après, oui, de nombreux policiers thaïlandais gèrent aussi des entreprises.
Merci de m’avoir corrigé.
Le chef de sous-district ou kamman est en fait nommé par les chefs du village pour une durée de 4 ans.