Un ex-policier abat 37 personnes, dont 23 enfants, dans une crèche en Thaïlande

La Thaïlande est en deuil après la mort de 37 personnes, pour la plupart de jeunes enfants, dans une attaque brutale dans un centre préscolaire du nord-est du pays.

L’agresseur, un ancien policier, a ouvert le feu et poignardé des enfants qui dormaient dans le centre du district de Na Klang, dans la province de Nong Bua Lamphu, le jeudi 6 octobre vers midi, selon la police et des témoins.

Situation de Nong Bua Lamphu sur une carte de Thaïlande

En quittant la crèche, l’agresseur s’est dirigé avec sa voiture vers les passants et a tiré sur eux, puis il est rentré chez lui, où il a tué sa femme et son enfant avant de se suicider.

Le gouvernement thaïlandais a ordonné la mise en berne de tous les drapeaux thaïlandais vendredi, tandis que le Premier ministre Prayuth Chan-ocha était attendu dans la matinée dans la région.

« Cela ne devrait pas arriver », a-t-il déclaré jeudi.

« Je ressens une profonde tristesse envers les victimes et leurs proches ».

Le roi et la reine de Thaïlande devaient se rendre dans la ville plus tard dans la journée de vendredi.

« Tous les Thaïlandais, et tous les gens du monde entier qui sont au courant de cette affaire (…) se sentiront déprimés et attristés », a déclaré le vice-Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul.

À l’extérieur du centre, vendredi matin, des familles étaient assises en rangs, beaucoup portant du noir.

Près d’elles gisaient de petits cercueils, jaunes, bleu pâle et blancs, décorés d’or.

Jeudi, certains membres des familles des victimes de l’attentat étaient restés sur les lieux jusqu’à tard dans la soirée.

Des agents de santé mentale se sont assis avec eux, a rapporté la télévision thaïlandaise TBS.

Un enseignant a déclaré à la chaîne que l’assaillant est sorti d’une voiture et a immédiatement tiré sur un homme qui déjeunait dehors, puis a tiré d’autres coups de feu.

Lorsque l’agresseur a fait une pause pour recharger, l’enseignant a eu l’occasion de courir à l’intérieur.

« J’ai couru à l’arrière, les enfants étaient endormis », a déclaré la jeune femme, qui n’a pas donné son nom, étouffant ses mots.

« Les enfants avaient deux ou trois ans ».

Un témoin a raconté au journal Thai PBS qu’elle l’avait supplié d’arrêter.

« Il se dirigeait vers moi et je l’ai supplié d’avoir pitié, je ne savais pas quoi faire », a-t-elle dit.

Un autre témoin a déclaré que le personnel de la garderie avait verrouillé la porte, mais que le suspect avait tiré pour entrer.

« L’enseignante qui est morte, elle avait un enfant dans les bras », a déclaré le témoin, dont le nom n’a pas été donné, à la télévision thaïlandaise Kom Chad Luek.

« Je ne pensais pas qu’il tuerait des enfants, mais il a tiré sur la porte et l’a traversée de part en part ».

Les ambulanciers ont décrit des scènes déchirantes.

« C’est une scène que personne ne veut voir.

Dès le premier pas, lorsque je suis entré, j’ai ressenti une sensation de déchirement », a déclaré à Reuters Piyalak Kingkaew, un secouriste à la tête de l’équipe de premiers intervenants.

« Nous sommes déjà passés par là, mais cet incident est plus déchirant parce que ce sont de petits enfants ».

Au moins 10 personnes ont été blessées, dont six grièvement, a déclaré le porte-parole de la police, Archayon Kraithong.

Parmi les blessés, on compte trois garçons et une fille.

Les fusillades de masse sont rares en Thaïlande, mais le taux de possession d’armes à feu est élevé.

Cette attaque survient deux ans après une fusillade de masse dans un centre commercial de Nakhon Ratchasima, perpétrée par un soldat en colère contre ses supérieurs.

Dans un éditorial publié vendredi, le Bangkok Post a déclaré :

« Ces deux affaires soulèvent des questions sur le processus de recrutement employé par l’armée et la police royale thaïlandaise (RTP) ».

« Avant tout, les gens voudront savoir comment la RTP a embauché cet homme, qui aurait admis à son supérieur qu’il prenait des stupéfiants depuis son adolescence.

De plus, il avait été puni pour mauvais comportement à plusieurs reprises. »

La police a identifié l’agresseur comme étant Panya Khamrab, un ancien lieutenant-colonel de police de 34 ans qui avait été renvoyé de la police depuis janvier pour possession de méthamphétamine, et officiellement licencié en juin.

Panya Khamrab

Il avait comparu devant un tribunal plus tôt dans la journée de jeudi pour une affaire de drogue et devait à nouveau comparaître vendredi.

Les autorités ont déclaré que les résultats d’une autopsie permettraient de déterminer si oui ou non, il avait pris des drogues avant l’attaque.

« Nous pensons avant tout que c’est à cause des drogues et du stress (de sa comparution au tribunal) », a déclaré le chef de la police, Damrongsak Kittiprapat.

« Je ne sais pas (pourquoi il a fait ça), mais il était sous pression », a déclaré la mère de Panya à Nation TV, citant les dettes accumulées par l’ancien policier et sa consommation de drogues.

Un nettoyage s’impose dans la police et l’armée

De nombreux crimes en Thaïlande, sont commis par des personnes consommant du Ya Ba, une méthamphétamine très populaire en Thaïlande.

Voir : Vies détruites, prisons surpeuplées : le coût caché du ya ba, la méthamphétamine en Thaïlande

Ce crime abominable doit faire réagir le pays, et la police et l’armée thaïlandaise plus particulièrement, devraient faire le ménage dans leurs rangs en organisant des tests et en renvoyant toutes les personnes qui consomment du ya ba.

Car ce massacre prouve que l’on ne peut pas laisser des personnes consommatrices de ces méthamphétamines avoir un entrainement et un accès facile aux armes à feu.

Le déchaînement de jeudi a été la pire fusillade de masse dans le pays depuis qu’un soldat a ouvert le feu au centre commercial Terminal 21 et à d’autres endroits à Nakhon Ratchasima le 8 février 2020.

Lors du massacre de 2020, le tireur a tué 29 personnes et en a blessé 58 autres avant d’être abattu.

Cela n’a pas été rapporté, mais il ne serait pas étonnant que le soldat ait aussi consommé du ya ba pour se donner du courage et de l’énergie avant de passer à l’acte.

Voir : Un soldat tue 26 personnes en Thaïlande avant d’être abattu

Source : The Guardian