L’histoire macabre des Kuman Thong de Thaïlande, amulette de fœtus humain

Un Kuman Thong est une amulette fabriquée à partir d’un fœtus humain séché et recouvert d’or, c’est une pratique de magie noire thaïlandaise.

Kuman ou Kumara (Pali) signifie « jeune garçon sanctifié » (femme kumari), Thong signifie « doré ».

La vénération de Kuman Thong ne fait pas partie des pratiques bouddhistes dominantes, mais elle est populaire en Thaïlande.

Le bouddhisme traditionnel ne reconnaît pas une telle pratique.

Cependant, en raison de la croyance largement répandue dans l’animisme en Thaïlande, le Kuman Thong a été adopté par les croyances bouddhistes et a mélangé les deux.

Voir aussi : La fusion des croyances religieuses en Thaïlande : bouddhisme, animisme et brahmanisme

Origine du kuman thong

Kuman Thong. Photo : Greg Field.

Le Kuman Thong est une pratique de nécromancie dont on ne connait pas l’origine.

Ils sont attribués à la Thaïlande, mais des Kuman Thong sont aussi fabriqués au Cambodge et lors de la guerre, des khmers rouges adeptes de magie noire ont tué des femmes enceintes pour en fabriquer.

Ils sont obtenus à partir de fœtus desséchés d’enfants morts alors qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère.

On dit que les sorciers avaient le pouvoir d’invoquer ces bébés mort-nés, de les adopter comme leurs enfants et de les utiliser pour les aider dans leurs efforts.

Un roman du poète Sunthon Phu, publié au XIXe siècle, « Khun Chang, Khun Phaen », raconte une histoire qui serait à l’origine de cette pratique, mais c’est vraisemblablement une fiction.

Peinture murale de Khun Phaen et de sa femme. Photo : Chris Baker

Dans ce roman, Khun Phaen, un soldat de haut rang proche du roi, s’attire les faveurs d’un puissant sorcier.

Le sorcier apprécie tellement Khun Phaen qu’il lui offre sa fille en mariage.

Malheureusement, quelque temps après que Khun Phaen a appris la grossesse de sa femme, Khun Phaen et son beau-père commencent à se disputer au point que le sorcier complote pour faire tuer Khun Phaen.

Khun Phaen découvre que son père a ordonné à sa femme de l’empoisonner et, dans un élan de vengeance, Khun Phaen découpe son propre enfant dans le corps de sa femme.

Le fœtus ensanglanté à la main, Khun Phaen fait un feu dans un temple et place le corps sur un gril après l’avoir enveloppé dans des morceaux de tissu sacré couverts de prières.

Tandis que Khun Phaen psalmodie des prières, la torréfaction réduit rapidement le fœtus à une enveloppe desséchée.

À la fin du rituel, l’enfant violemment avorté est devenu un fantôme avec lequel Khun Phaen peut parler et communiquer, une sorte d’esprit tutélaire pour son père.

La croyance au kuman thong

Illustrations d’embryons de Léonard de Vinci.

La croyance au kuman thong aurait pris racine dans le sud de la Thaïlande, où l’on pensait que ces enfants fantômes protecteurs pouvaient mettre en garde contre les dangers qui menaçaient le foyer.

D’anciens manuscrits décrivent en détail les étapes de la fabrication du kuman thong, notamment la nécessité d’accomplir le rituel avant l’aube dans un cimetière et de peindre le bébé rôti à sec avec de la laque avant de le recouvrir de feuilles d’or.

Bien que la législation thaïlandaise interdise l’utilisation de produits d’origine humaine pour la consécration des kuman thong, des histoires occasionnelles surviennent encore, donnant un aperçu de l’étendue des marchés clandestins de ces artefacts troublants.

En mai 2012, des policiers thaïlandais ont trouvé six fœtus humains qui avaient été rôtis puis soigneusement recouverts de feuilles d’or dans le sac de voyage d’un touriste taïwanais.

Chow Hok Kuen, 28 ans, a rapidement admis avoir acheté les petits corps pour un peu plus de 6 000 dollars (environ 5 552 euros), avec l’intention de les revendre à Taïwan comme porte-bonheur pour au moins six fois le prix d’achat.

En 1995, un novice bouddhiste du nom de Samanen Han Raksachit a été arrêté après la diffusion d’une vidéo le montrant en train de percer, de saigner, de rôtir, de chanter et de recueillir les gouttes provenant d’un bébé au temple Wat Nong Rakam, dans la province de Saraburi.

Il vendait ce liquide gras aux visiteurs du monastère sous le nom de ya sane (médicament de la luxure).

Raksachit a été expulsé du monastère et arrêté, mais il n’a pas purgé de peine de prison.

D’autres cas de kuman thong ont été signalés :

Des personnes ont acheté des cadavres de fœtus dans des cliniques d’avortement illégales.

En juin 2010, 14 bébés morts ont été découverts dans une maison rurale abandonnée de la province d’Ubon Ratchathani, et une ancienne infirmière a été accusée d’avoir vendu illicitement les cadavres pour 30 dollars.

Plus tard dans l’année, en novembre, 348 fœtus avortés ont été découverts enveloppés dans des sacs en plastique putrides dans un monastère bouddhiste au temple Wat Phai Ngoen, au cœur de Bangkok.

Ils avaient été achetés auprès de cinq cliniques d’avortement illégales différentes dans le but d’être vendus à des sorciers et à des marchands d’amulettes.

Dès que la nouvelle a été connue, des centaines de personnes ont envahi le monastère pour prier pour les fœtus décédés, et certains ont même demandé si les cadavres seraient mis à disposition pour un usage rituel.

Aujourd’hui encore, on peut trouver en vente dans divers temples de petites statues en bois représentant un garçon aux cheveux noués, assis les mains en prière.

Forme la plus inoffensive de kuman thong, certaines des effigies les plus précieuses sont sculptées dans le bois de temples bouddhistes démolis, car on pense que le bâtiment lui-même s’est imprégné du caractère sacré des moines qui s’y asseyaient pour chanter des prières.

Malheureusement, la magie noire n’est pas exclue, car on pense que les amulettes les plus puissantes sont baignés dans la graisse extraite d’un enfant ou d’un adulte décédé dans des circonstances violentes.

L’entretien de ces statues est soumis à des règles précises :

Le propriétaire doit les placer sur une étagère et leur offrir des tasses de lait et des boissons sucrées.

Les kuman thong seraient capables de voir et d’entendre à une distance de 20 000 kilomètres, ce qui assure une protection suffisante à tous les foyers.

Il arrive cependant que les kuman thong soient considérés comme des filous, aimant particulièrement taquiner les jeunes enfants.

Dans ce cas, le propriétaire est censé châtier l’esprit en le frappant légèrement avec une baguette de bois tout en lui parlant d’un ton sévère.

Lorsqu’une personne n’est plus en mesure de s’occuper d’un kuman thong de manière appropriée, elle peut s’en débarrasser dans un temple.

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Source : Atlas Obscura, Wikipedia