Phuket en plein essor grâce aux Russes fortunés à la recherche de résidence secondaire

L’immobilier sur l’île de Phuket, dans le sud de la Thaïlande, a le vent en poupe alors que de nombreux russes fortunés cherchent des logements de luxe.

La célèbre île province de Phuket, qui attire des touristes du monde entier, bénéficie maintenant des tensions internationales, car de nombreux habitants de pays en conflit cherchent des résidences secondaires dans des endroits sûr et accueillant pour mettre leurs familles à l’abri.

« Phuket est un paradis et nous accueillons tous ceux qui veulent en faire leur résidence secondaire », a déclaré Sophon Suwannarat, le nouveau gouverneur de Phuket.

Il était l’invité d’honneur de la soirée de lancement de Gardens of Eden, qui s’est déroulée dans une luxueuse villa située au sommet de l’hôtel cinq étoiles Anantara Phuket, sur la plage de Layan.

Lancé en décembre, le projet Gardens of Eden, d’une valeur de 11 milliards de bahts (286,9 millions d’euros), est le plus grand projet immobilier réalisé à ce jour à Phuket.

Gardens of Eden à Phuket. Photo : Phuket Buy House

C’est l’un des meilleurs exemples de l’évolution du marché immobilier de Phuket, où les ventes de résidences privées et d’appartements en copropriété sont en plein essor.

Selon le cabinet de conseil en hôtellerie C9 Hotelworks dans une analyse de décembre intitulée « The Phuket Report » :

« Le changement majeur est que ces marchés, menés par la Russie, la Chine, l’Inde et l’Europe, n’achètent plus pour investir, mais pour se reloger, les familles cherchant une vie meilleure ».

Le rapport indique que les Russes étaient de loin les plus gros acheteurs de maisons au premier semestre 2023, dépensant 875 millions de bahts pour 240 unités, dépassant de loin les acheteurs français, américains, chinois et britanniques.

Le projet Gardens of Eden de 73 rai (11,7 hectares) sur la plage de Bang Tao a été décrit comme une « communauté résidentielle de bien-être et d’accueil de luxe », dont 70 % des terrains sont consacrés en permanence à des bois, des jardins, des plans d’eau, des aires de jeux et des zones d’exercice.

Construit en deux phases, le complexe comptera plus de 560 unités résidentielles.

Il est développé par le groupe thaïlandais Amal avec le soutien de DPD Invest, un fonds d’investissement privé basé à Dubaï qui sert principalement des investisseurs russes et du Moyen-Orient.

« Nous sommes inspirés par l’idée de faire de cette région un meilleur endroit où vivre pour la communauté mondiale et nous sommes très attachés au programme de développement durable », a déclaré Yana Chuvalova, directrice du marketing et des ventes, originaire de Sibérie (Russie).

Banana beach à Phuket. Photo : Kaimark Lifestyle

Mme Chuvalova est mariée à Aleksandr Chuvalov, directeur général de Gardens of Eden et promoteur immobilier chevronné de la ville de Sochi, sur la mer Noire.

Le couple prévoit d’élever sa jeune famille dans le complexe.

M. Chuvalov estime que 27 000 Russes se sont installés à Phuket au cours des 12 à 18 derniers mois.

Voir : Les Russes s’enracinent en Thaïlande

« Ils sont venus avec des revenus et ont trouvé un logement », a-t-il déclaré au journal Nikkei Asia.

L’arrivée de nombreux russes a aussi créé des tensions avec les habitants, qui ont accusé cette communauté d’accaparer l’économie de l’île.

Voir : Certaines activités russes rendent les Thaïlandais furieux à Phuket

Car il n’y a pas que des très riches, mais également des russes qui fuient la guerre et cherchent des moyens de survivre en Thaïlande et principalement à Phuket, où il y a déjà une grande communauté d’expatriés.

Mais, les autorités thaïlandaises ont démenti ces allégations.

Selon Ravi Chandran, qui supervise les affaires générales du projet, les prix d’entrée de gamme pour les condominiums à Phuket se situent entre 100 000 et 140 000 bahts (2 608 à 3 652 euros) par mètre carré.

Mais Gardens of Eden demande 220 000 à 300 000 bahts (5 739 à 7 826 euros).

« En termes de valeur, de cadre, d’emplacement et de tous les avantages environnementaux, c’est un bon point.

Je ne vois pas de problème de prix », a-t-il déclaré.

« La croissance rapide de l’île après la pandémie est stupéfiante », a déclaré The Phuket Report, « indiquant des chiffres records d’ici la fin de l’année ».

Depuis le début de l’année, les arrivées dans les aéroports nationaux et internationaux ont dépassé les 6,24 millions en novembre, soit une augmentation de 88 % par rapport à 2022.

Arrivée de touristes russes à l’aéroport de Phuket. Photo : The Nation Thailand

Les arrivées internationales ont augmenté de près de 140 %.

Le secteur immobilier de la région, en plein essor, était évalué à 27,5 milliards de bahts en ventes et en stocks à la fin du mois de juin.

Parmi les attraits de la région figurent neuf hôpitaux, avec un hôpital privé Bumrungrad International Hospital en cours de construction ; 13 écoles internationales, avec au moins six autres en projet ; huit centres commerciaux ; quatre ports de plaisance ; et six terrains de golf.

Selon CBRE, une société internationale de conseil en immobilier, la côte centrale ouest de Phuket a été la plus active en matière de lancement de condominiums, avec Bang Tao Beach et Layan Beach en tête.

Il a récemment indiqué que les condominiums de Phuket « ont démontré une performance exceptionnelle au cours du premier semestre 2023, atteignant le volume de ventes le plus élevé de la dernière décennie. »

« Renforçant encore cette tendance, au troisième trimestre 2023, la valeur des transactions de CBRE à Phuket a grimpé de 113 % par rapport à l’ensemble de l’année 2022 », a déclaré l’agence.

Plage de Phuket. Photo : Autorité du tourisme de Thaïlande

Phuket, surnommée la Perle de la mer d’Andaman, est à bien des égards le joyau de la couronne touristique thaïlandaise, avec ses 26 plages de sable, sa mer limpide, ses décors naturels spectaculaires et l’air le plus pur de la région.

Le nombre total de visiteurs en Thaïlande s’est d’ailleurs redressé l’année dernière pour atteindre plus de 28 millions, selon l’Autorité du tourisme de Thaïlande.

Voir : La Thaïlande a accueilli plus de 28 millions de voyageurs étrangers en 2023

Le pic de 2019, antérieur à la pandémie, s’élevait à un peu moins de 40 millions.

Avec environ un cinquième de son économie lié au tourisme, le pays a été gravement touché par la pandémie, mais Phuket a beaucoup plus souffert, la moitié de son produit provincial brut dépendant de l’hôtellerie et de la restauration.

C’est la population locale qui a le plus souffert.

Selon certaines sources, plus de 100 000 personnes ont quitté l’île.

Preuve de la pénurie de main-d’œuvre, Phuket a enregistré l’un des taux de chômage les plus bas du pays : environ 0,45 % au premier trimestre 2023 pour une population de quelque 420 000 habitants, selon les chiffres officiels.

Le danger d’une dépendance excessive à l’égard du tourisme a été confirmé.

Comme l’a dit le gouverneur Sophon, il s’agit désormais d’encourager les riches étrangers à acheter des résidences secondaires, à s’installer complètement ou à prendre leur retraite de façon permanente sur l’île.

Des touristes se promènent sur la plage de Patong à Phuket.

Un résident français, dont la société de restauration a été mise en faillite lors de la pandémie, s’est lancé dans l’immobilier et n’a jamais regardé en arrière.

Selon lui, la valeur de certains biens immobiliers résidentiels a augmenté de 17,5 % par an et Phuket soutient un véritable marché secondaire qu’il est beaucoup plus difficile de trouver ailleurs en Thaïlande, en particulier dans la ville de Bangkok, qui est peu approvisionnée et surchargée.

Bill Barnett, directeur général de C9 Hotelworks, a déclaré à Nikkei Asia qu’il n’y avait rien de nouveau à ce que des étrangers veuillent s’installer à Phuket.

C’est une décision qu’il a lui-même prise il y a plus de 20 ans, lorsqu’il a quitté Hong Kong, et c’était avant tout une question de style de vie.

C’est simplement leur nombre qui explose aujourd’hui.

« Les gens viennent à Phuket pour des raisons géographiques », explique M. Barnett, qui note que 53 compagnies aériennes ont atterri sur l’unique piste de l’île en novembre.

« C’est incroyable. Il y a des endroits dans le monde qui mourraient pour cela », a-t-il ajouté.

« Vous pouvez voler directement vers 40 villes, et vous êtes à sept heures d’un tiers de la population mondiale.

Ce n’est pas possible à Bali ».

Aéroport international de Phuket

Les écoles internationales sont essentielles pour rendre l’île viable pour les jeunes familles.

À la suite de la libéralisation de l’éducation au début des années 1990, la première grande franchise thaïlandaise a été le Dulwich International College du Royaume-Uni à Phuket, aujourd’hui la British International School.

L’United World College Thailand est arrivé plus tard, offrant « un enseignement holistique, transformateur et rigoureux du continuum de l’IB, de la maternelle à la terminale, pour les élèves externes et internes », selon son site Web.

« L’UWC a été un excellent indicateur », a déclaré M. Barnett.

« Elle a attiré d’anciens employés de Microsoft à Singapour qui sont venus vivre ici pour leurs enfants et qui voulaient créer des entreprises.

Ce sont des entrepreneurs.

Je pense qu’il y aura de plus en plus de start-ups ».

Mais les maux de tête ne manquent pas.

Thanusek Phungdet, président de la Chambre de commerce de Phuket, a déclaré à Nikkei que le plus gros problème était de loin la circulation.

Elle étouffe les villes et est difficile à réduire le long des routes côtières escarpées et sinueuses.

Il y a également des problèmes de gestion des eaux usées et la nécessité d’acheminer de l’eau depuis le continent, ainsi que des projets en cours ou prévus pour l’agrandissement de l’aéroport, les transports publics EV, un projet de métro léger et une autoroute à péage pour relier l’ancien pont Sarasin à l’aéroport existant, à la plage agitée de Patong Beach et à la ville de Phuket.

La liste est impressionnante.

« Tout cela a été planifié il y a quatre ou cinq ans par la Chambre de commerce, avant le COVID », a déclaré Thanusek à Nikkei.

« Le gouvernement de Prayuth a tout accepté, mais il y a 77 provinces en Thaïlande.

La démocratie peut être lente avec ses contrôles et ses vérifications.

Ce n’est pas la même chose qu’en Russie ou en Chine ».

Quelques jours après son entrée en fonction, le 22 août, le Premier ministre Srettha Thavisin s’est rendu à Phuket avec des membres du comité de politique touristique de son parti, le Pheu Thai, afin de voir ce qui pouvait être fait pour promouvoir la plus grande île de Thaïlande et la deuxième plus petite province du pays.

Srettha Thavisin dans l’aéroport de Phuket le 25 août 2023. Photo : Pheu Thai Party.

Voir : Le Premier ministre thaïlandais a de grands projets pour le tourisme à Phuket

La croissance nationale a chuté à seulement 2 % au cours du deuxième trimestre de 2023, marqué par une grave incertitude politique.

« Nous devons oublier la politique et penser à l’intérêt supérieur du pays », a déclaré M. Srettha aux journalistes, notant que le Pheu Thai n’avait pas un seul député représentant Phuket.

« Le tourisme est le meilleur moyen de stimuler la croissance à court terme lorsque l’économie ralentit », a-t-il ajouté.

Ancien président du promoteur immobilier Sansiri, le nouveau premier ministre est revenu le mois suivant, puis en décembre, pour assurer le suivi.

Thanusek, de la chambre de commerce, s’est dit encouragé.

« Maintenant que Srettha est arrivé, je pense qu’il comprend mieux le secteur des affaires. »

Source : Nikkei Asia