Après la destitution de Paetongtarn Shinawatra, le Parlement a tranché : Anutin Charnvirakul devient le 32e Premier ministre de Thaïlande.
Voir : Thaïlande : la Première ministre destituée, une alliance surprise relance le jeu
Il hérite d’un pays en pleine tourmente politique.
Le vote a eu lieu le vendredi 5 septembre, sur un total de 490 votes, 311 ont été en faveur d’Anutin, 152 ont soutenu le candidat du Pheu Thai, Chaikasem Nitisiri, et 27 se sont abstenus.
Plus tôt, à 11 h 35, la Chambre a décidé d’avancer le vote sur la sélection du Premier ministre, le faisant passer du huitième point à l’ordre du jour au deuxième.
Cette décision a été prise à l’issue d’un long débat de plus de deux heures entre ceux qui étaient favorables à l’avancement immédiat du vote et ceux qui préféraient suivre l’ordre du jour initial.
À 12 h 05, le processus de vote a commencé, Chaichanok Chidchob, secrétaire général du Bhumjaithai, proposant la candidature d’Anutin Charnvirakul au poste de Premier ministre.
Sorawong Thienthong, député du Pheu Thai, a ensuite proposé la candidature de Chaikasem Nitisiri.
Ce vote a eu lieu après la décision de la Cour constitutionnelle du 29 août, qui a disqualifié Paetongtarn Shinawatra du poste de Premier ministre en raison de la fuite d’une conversation avec le président du Sénat cambodgien Hun Sen.
Cette décision a également entraîné la dissolution de l’ensemble du cabinet, déclenchant le processus de sélection d’un nouveau Premier ministre conformément à la Constitution.
Duel au Parlement : Anutin vs Chaikasem
Les deux candidats au poste de Premier ministre en Thaïlande : À gauche : Chaikasem Nitisiri, parti Pheu Thai, et à droite, Anutin Charnvirakul, parti Bhumjaithai.
La bataille pour le poste de 32e Premier ministre de Thaïlande a vu deux candidats issus de partis politiques différents se présenter :
1. Anutin Charnvirakul, leader du parti Bhumjaithai
Anutin s’est déclaré prêt à diriger un gouvernement minoritaire, soutenu par le Parti populaire, qui a confirmé qu’aucun député ne reviendrait sur son soutien à son égard.
Le Parti populaire a conclu un accord clair dans le cadre d’un protocole d’accord (MOA), dans le but de dissoudre la Chambre et d’organiser un référendum sur une nouvelle constitution afin de relever les défis auxquels le pays est confronté.
Le Parti populaire continuera à jouer son rôle d’opposition, en demandant des comptes au gouvernement, sans qu’aucun membre du parti n’occupe de poste ministériel ou ne négocie des avantages.
Voir : Crise politique : la Thaïlande choisira son nouveau Premier ministre vendredi
M. Anutin lui-même s’est dit confiant et ne s’est pas montré inquiet quant à la nomination éventuelle d’un candidat rival par le Pheu Thai.
2. Chaikasem Nitisiri, du parti Pheu Thai
Le Pheu Thai a confirmé la candidature de M. Chaikasem à ce poste, avec une proposition clé :
S’il se voyait confier le rôle de Premier ministre, il annoncerait immédiatement la dissolution de la Chambre après avoir prêté serment et présenté son programme au Parlement.
Le parcours d’Anutin vers le poste de Premier ministre
Vote à la Chambre des représentants pour élire le nouveau Premier ministre le vendredi 5 septembre 2025. Photo : The Nation Thailand
Le parcours d’Anutin vers le poste de Premier ministre était soutenu par le Parti populaire avec 143 voix, ainsi que par 146 voix supplémentaires provenant d’autres partis, ce qui permet la formation d’un gouvernement minoritaire.
Anutin Charnvirakul, également connu sous le nom de Sia Noo, est né le 13 septembre 1966 à Bangkok.
Il est le fils aîné de Chavarat Charnvirakul, ancien ministre de l’Intérieur sous le gouvernement du Premier ministre Abhisit Vejjajiva et fondateur de Sino-Thai Engineering and Construction (STECON).
Anutin est diplômé en ingénierie de l’université Hofstra aux États-Unis et a obtenu un mini-MBA à l’université Thammasat.
Fort d’une carrière politique de 29 ans, Anutin a débuté en tant que conseiller du ministre des Affaires étrangères en 1996, avant d’occuper les fonctions de vice-ministre de la Santé publique et de vice-ministre du Commerce dans le gouvernement de Thaksin Shinawatra.
Anutin a été interdit de politique pendant cinq ans après avoir été membre du conseil d’administration du parti Thai Rak Thai, dissous en 2006.
Après la levée de son interdiction en 2012, il a succédé à son père à la tête du Bhumjaithai.
Sous le gouvernement du général Prayut Chan-o-cha, Anutin a occupé les fonctions de vice-Premier ministre et de ministre de la Santé publique pendant la pandémie de Covid-19.
Récemment, dans le gouvernement de Srettha Thavisin et Paetongtarn Shinawatra, il a occupé le poste de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur avant de démissionner.
Anutin se met au travail
Les membres du Parlement félicitent Anutin Charnvirakul, au centre, pour son élection écrasante au poste de 32e Premier ministre de Thaïlande le vendredi 5 septembre 2025. Photo : Nutthawat Wichieanbut/Bangkok Post
Le nouveau Premier ministre se prépare à former un gouvernement après avoir été élu.
M. Anutin s’est engagé à se consacrer pleinement à sa fonction, affirmant que le temps était limité et que chaque jour ouvrable devait être utilisé au maximum.
« Il n’y aura pas de vacances », a-t-il ajouté.
Il a également remercié le Parti populaire (PP) et tous ses partisans.
Concernant les négociations avec les partenaires de la coalition sur la composition du cabinet, M. Anutin a appelé à la patience, mais a confirmé que les préparatifs étaient déjà en cours.
Il a ajouté qu’il rendrait d’abord visite à son père malade pour lui rendre hommage avant de retourner au Parlement pour poursuivre le vote et remplir ses fonctions de quorum.
L’élection de M. Anutin étant assurée, les négociations sur la répartition des portefeuilles ministériels battent leur plein.
Le parti Bhumjaithai devrait obtenir 12 postes ministériels, dont cinq seraient attribués à des personnalités extérieures.
Parmi les personnalités extérieures pressenties pour occuper des postes clés figurent :
- Sethaput Suthiwartnarueput, le gouverneur de la Banque de Thaïlande qui prendra bientôt sa retraite, au poste de ministre des Finances
- Supattanapong Punmeechaow, ancien ministre de l’Énergie sous le gouvernement Prayut, qui devrait à nouveau occuper le poste de ministre de l’Énergie
- le diplomate chevronné Sihasak Phuangketkeow, qui devrait être nommé ministre des Affaires étrangères
- Jatuporn Buruspat, l’actuel ministre du Commerce, devrait conserver son poste
Le candidat au poste de ministre de la Justice n’a pas encore été confirmé.
Les partenaires de la coalition comprennent le Parti Klatham, le Parti Palang Pracharath (PPRP), la faction du Parti de la nation thaï unie dirigée par Suchart Chomklin, un groupe de dissidents du Parti Pheu Thai dirigé par Sakda Wichiensilp et un groupe dirigé par Niphon Boonyamanee.
Selon certaines informations, le Klatham et le PPRP se disputeraient le portefeuille de la défense, le capitaine Thamanat Prompow, conseiller en chef du parti Klatham, et l’ancien secrétaire permanent à la défense, le général Nat Intaracharoen, apparaissant comme des candidats potentiels.
Le Pheu Thai a déclaré hier dans un message publié sur Facebook qu’il était prêt à servir dans l’opposition, conformément aux traditions parlementaires.
« De nombreuses politiques inachevées attendront le jour où nous reviendrons pour les mener à bien, pour tous les Thaïlandais… toujours », indique le message.
La victoire électorale assurée, les négociations pour la formation du cabinet sont en cours.
Les déclarations polémiques d’Anutin contre les Occidentaux
Anutin Charnvirakul en 2020 alors qu’il était ministre de la Santé lors de la pandémie.
Anutin est aussi connu pour avoir posté des messages jugés racistes sur les occidentaux, lorsqu’il était ministre de la Santé en 2020, alors que le pays était en proie au Covid 19.
Dans des messages Twitter, le compte indiquait que les farangs – un mot qui désigne les Caucasiens – « ne se douchent jamais » et posent des risques pour la santé de la population thaïlandaise.
« C’est l’hiver en ce moment en Europe, alors ces gens fuient le froid en Thaïlande.
Beaucoup sont habillés de façon sale et ne prennent jamais de douche.
En tant qu’hôtes, nous devons être prudents.
Même eux ne veulent pas se mêler les uns aux autres, en fermant leurs frontières », a déclaré le post.
« Aujourd’hui, je suis à Chiang Mai. Il n’y a presque plus de touristes chinois, seulement des farangs.
Plus de 90 % des Thaïlandais portent des masques, mais pas un seul farang n’en a.
C’est pourquoi il y a tant d’infections dans leur pays », dit un autre tweet d’Anutin.
« Nous devons faire plus attention aux Occidentaux qu’aux Asiatiques. »
Ces messages sur X, ainsi que d’autres sur Facebook, avaient ensuite été supprimés, mais beaucoup d’expatriés n’ont pas oublié et lui en tiennent toujours rigueurs.
Voir aussi :
Thaïlande : le départ surprise de Thaksin vers Dubaï alimente les soupçons
Thaïlande : le Parti populaire détient la clé du choix du futur Premier ministre
Sources : Bangkok Post, The Nation Thailand
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4 commentaires
Houlala si cette personne reste en place comme ministre, alors, nous les farangs, nous allons subir encore beaucoup plus de pression.
Bonjour Louis, pourrais-tu développer ton opinion ?
Je ne connais pas spécialement le passé d’Anutin…
Est-il « anti-farang » au point de nous mener la vie dure ?
Et par quelles mesures supplémentaires à celles qui existent actuellement ?
Non, faut arrêter là.
La banque de Thaïlande n’a rien fait pour empêcher le baht de s’apprécier de plus de +13% depuis un an.
Elle a commencé à baisser ses taux trop tard et trop peu alors que le mal était déjà fait.
Et c’est ce clown qui va devenir ministre des Finances ?
On n’est pas près de voir nos retraites reprendre des couleurs….
La confirmation de l’hypothèse la plus probable depuis plusieurs jours pour la nomination d’Anutin au poste de PM est donc consommée.
Il n’est pas anodin de constater que le candidat du parti Pheu Thai de la famille Shinawatra n’a obtenu que 31% des voix des parlementaires présents !
C’est une cinglante défaite pour un parti qui a toujours eu les préférences de vote des Thaïlandais issus des classes ouvrières et moyennes et du monde agricole.
Le plus dur reste à faire pour Anutin : reconstituer un cabinet ministériel qui tienne la route et qui puisse être soutenu par le parti populaire lors du vote des lois et décrets royaux qui seront pris dans les prochaines semaines et prochains mois, et ensuite s’engager à mettre en œuvre les exigences du Parti populaire, jusqu’à la dissolution de la Chambre et du Sénat endéans les 4 prochains mois, et la préparation de nouvelles élections législatives pour le printemps 2026 au plus tard…
Le parti populaire, Phoenix renaissant du « Move Forward Party » de Pita, reste le pion majeur de cette coalition sous conditions et peut faire basculer ce gouvernement minoritaire à tout moment, dans le cas où Anutin ne tiendrait pas ses promesses politiques, le but du « Parti du Peuple » étant à terme une nouvelle victoire « démocratiquement propre » aux prochaines élections législatives, plus écrasante qu’en 2023, même si Pita est encore inéligible et hors course pour plus de 7 longues années !
Wait and see…!
Quant à Taksin Shinawatra, parti se faire « soigner » dans les Émirats Arabes Unis, on saura d’ici quelques jours, si de son côté, il tiendra sa promesse de revenir en Thaïlande pour se présenter à son procès pour « abus de conditions de détention avec version thaïlandaise du « Malade Imaginaire », ou si, comme le pensent certains milieux politiques et médias, il a appliqué l’adage « Courage, fuyons » et s’apprête à un nouvel exil pour échapper à une possible condamnation le 9 septembre prochain…
Aaaah !!! « Thaïdallas », ton univers impitoyable…..