Après une tentative de corruption de policiers qui a mal tourné et conduit à l’assassinat d’un agent, la Thaïlande veut s’attaquer aux chefs mafieux.
Le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, Anutin Charnvirakul, a déclaré le vendredi 8 septembre qu’il avait chargé son adjoint, Chada Thaiset, et tous les gouverneurs de province de recueillir des informations sur les chefs locaux impliqués dans des gangs mafieux et de les inscrire sur une liste noire.
Il réagissait à un nouvel incident violent au cours duquel un agent de la patrouille routière a été abattu et un autre grièvement blessé lors d’un dîner organisé au domicile d’un dirigeant local très influent dans la ville de Nakhon Pathom, tard dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 septembre, auquel participaient au moins 25 autres officiers de police.
L’incident s’est produit lorsque M. Praween Chankhlai ou Kamman Nok, (Kamman veut dire chef de sous-district en thaï), a invité un groupe d’agents de la police routière à dîner et à discuter de manière informelle chez lui, à Nakhon Pathom.
L’invitation a été faite sous le prétexte de favoriser de meilleures relations, étant donné qu’ils travaillaient dans la même région.
Cependant, des tensions sont apparues lorsque le Kamnan a tenté de persuader le major de police Sivakorn Saibua de promouvoir un officier de police sous sa supervision.
La demande a été rejetée, car le major Sivakorn a insisté sur le fait qu’il fallait suivre les règles et les règlements, basés sur les performances du personnel de police.
Ce refus a donné lieu à une discussion animée, et le Kamnan a brusquement quitté la table à manger sous le coup de la colère.
Peu après, le tireur, identifié comme Thanatchai Munmak, qui est l’homme de main du Kamnan Nok, s’est approché de la table où étaient assis les policiers et a ouvert le feu sur eux avant de s’enfuir.
Le major Sivakorn a reçu plusieurs balles et a succombé à ses blessures.
Le lieutenant-colonel Wasin Wanpee, commandant adjoint de la sous-division 2 de la police routière, a été grièvement blessé.
Le Kamnan a disparu après l’incident.
Il est vraiment triste d’apprendre la mort d’un policier honnête, qui a refusé de se laisser corrompre, dans un pays où il y a tant de policiers corrompus.

Le major Sivakorn Saibua, assassiné parce qu’il a refusé de se laisser corrompre.
La police a déployé du personnel armé dans la région pour retrouver le tireur, connu sous le surnom de « Nong ».
Nong, a été abattu lors d’un échange de coups de feu avec la police dans le district de Tha Rua, dans la province de Kanchanaburi, tôt vendredi matin.
Praween, l’hôte du dîner, s’est rendu à la police de Nakhon Pathom jeudi après-midi, peu après l’émission d’un mandat d’arrêt.
Le kamnan sera démis de ses fonctions administratives locales et doit maintenant faire l’objet d’une enquête sur son implication présumée dans la fusillade, a déclaré M. Anutin, citant un rapport qui lui a été soumis par le gouverneur de Nakhon Pathom.
Selon M. Anutin, il est désormais indispensable d’examiner et d’inscrire sur une liste noire les dirigeants locaux qui ont des antécédents d’implication dans des gangs de type mafieux.
« Ce type de personne ne devrait plus être actif dans la société et ne devrait plus être autorisé à continuer à blesser et à tuer des gens », a-t-il déclaré.
« La tragédie de Nakhon Pathom est un exemple parfait de la raison pour laquelle les « mauvais » dirigeants locaux doivent être mis à l’index pour la sécurité publique », a déclaré M. Anutin.
M. Anutin a également ordonné une réglementation plus stricte pour contrôler les personnes autorisées à posséder ou à porter des armes à feu, affirmant que le fait d’être autorisé à posséder une arme ne permet pas à son propriétaire de la porter en public quand il le souhaite.
Les détenteurs d’un permis de port d’arme doivent respecter de nombreuses restrictions.
Le général de police Damrongsak Kittiprapas a ordonné le transfert des 25 officiers de police présents à la fête de Nakhon Pathom à des postes inactifs au centre d’opérations de la police royale thaïlandaise pendant qu’une commission d’enquête examine les raisons de leur présence.
Le Bureau de la police métropolitaine a également lancé une enquête distincte pour déterminer pourquoi le tireur n’a pas été appréhendé sur les lieux où un grand nombre de policiers étaient présents.
Le Premier ministre Srettha Thavisin a quant à lui promis de rendre justice à l’agent de la police routière qui a été tué, déclarant qu’il était absolument choquant d’apprendre que l’agent avait été abattu parce qu’il avait refusé de coopérer à une tentative de gangsters d’interférer avec un remaniement de la police locale.
Quant à la suggestion que la tragédie pourrait avoir un rapport avec le versement de pots-de-vin liés au lobbying pour une promotion dans le cadre du remaniement de la police, M. Srettha a déclaré que le général de police Torsak Sukvimol, chef adjoint de la police nationale, interrogeait déjà tous les officiers de police qui étaient présents au dîner de Nakhon Pathom.
Source : Bangkok Post, Pattaya Mail
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2 commentaires
Pour moi, il est clair que Khaman Nok avait déjà sous sa coupe ou était prêt à le faire, les 25 autres officiers déjà présents au dîner, avant l’invitation particulière et l’arrivée sur place à cette « réunion festive » du major de police intègre qui a payé son sens du devoir de sa vie…
Ce sont sans contexte des pratiques liées à l’esprit mafieux qui prévaut dans le cas où une personne approchée par un chef mafieux local ou régional refuse de collaborer avec la pègre de son district.
C’est la règle et dans ce cas-ci c’était aussi un message envoyé aux 25 autres officiers de police présents : « ou tu marches avec nous, ou tu meurs ».
Heureusement que les circonstances ont tourné du côté des autorités et de la loi, car tout cela ressemble furieusement à un scénario digne d’une réunion mafieuse dans un entrepôt de Chicago, au temps de la prohibition !!!
Il n’aura pas fallu longtemps pour que Monsieur Anutin, nouveau ministre de l’Intérieur, puisse se mettre en évidence dans ses nouvelles fonctions, ainsi que ses 3 vice-ministres de l’Intérieur qui vont avoir du pain sur la planche et du grain à moudre au cours des semaines à venir…
Mettre les lieutenants et les parrains des différentes « familles » mafieuses opérant en Thaïlande, sur une liste noire est une bonne chose, mais ce n’est là qu’une étape de routine, car la plupart sont déjà connu des forces de police…
Les étapes suivantes seront cruciales pour la lutte contre la criminalité organisée, le racket, la traite des êtres humains, la prostitution forcée et les trafics de drogues en tous genres… et cela ne se fera malheureusement pas sans effusion de sang..
Et si Monsieur Anutin veut vraiment aller au fond des choses, de nombreuses personnes bien placées dans la hiérarchie administrative et policière de l’État peuvent commencer à faire leurs valises…
Car, on ne parle plus ici de mettre les menottes à des petits malfrats ou trafiquants de rue à la petite semaine, mais à la chasse aux dirigeants de gangs organisés pour démonter des toiles d’araignées complexes et arriver au centre pour détruire le nid.
Cela demande aussi très souvent une collaboration avec les forces de police et les autorités politiques de pays voisins, comme cela s’est fait quand l’Italie, suite à l’assassinat du juge Falcone et d’autres magistrats par la branche mafieuse « Cosa Nostra » a mené et mène toujours une lutte acharnée avec l’aide des polices européennes d’Interpol, lutte de tous les jours contre cette famille hyper puissante présente dans toute l’Europe…
Quand on voit les difficultés que la Thaïlande rencontre actuellement pour avoir la collaboration de la police cambodgienne, corrompue jusqu’à l’os, on peut se dire que les mafias chinoises, russes et autres milieux thaïlandais corrompus ont encore de beaux jours devant eux et que la lutte et la mission dont Monsieur Anutin a voulu se charger en revendiquant le poste de ministre de l’Intérieur, ne sera pas de tout repos au cours des 4 prochaines années de son mandat…
J’espère qu’il a de bons gardes du corps et qu’il effectue toutes ses sorties publiques avec un gilet de kevlar-carbone !!!
Que le ministre de l’Intérieur s’occupe des brebis galeuses au sein de la police et des différentes identités locales, avant de poursuivre et d’harceler les expatriés qui sont tranquilles ici.