L’homme qui est accusé d’avoir fait tuer un policier thaïlandais incorruptible par son homme de main devant d’autres policiers est maintenant libre.
Voir : Un chef mafieux fait tuer un agent incorruptible devant 28 policiers en Thaïlande
Praween Chankhlai, 35 ans, l’ancien Kamman (chef de sous-district) de la commune de Takong dans la province de Nakhon Pathom, qui était détenu à la prison de Bangkok, a été libéré sous caution et sera jugé en avril 2024.
Le 1er décembre 2023, le tribunal pénal de Ratchadaphisek Road a vécu un moment décisif, Praween, surnommé Kamnan Nok, a été accusé de complicité dans le meurtre du lieutenant-colonel de police Siwakorn Saibua, officier de la police de la route.
Au cours de la procédure judiciaire, Praween a nié sans équivoque toutes les accusations liées à l’engagement de M. Thananchai Manmak, son homme de main, pour tirer sur Siwakorn.
Ce dernier n’est hélas plus là pour confirmer ces dires, Thananchai a été tué par la police lors de la tentative d’arrestation.
L’accusation portée contre Praween est celle de meurtre avec préméditation de l’officier de police et les enjeux ne pourraient être plus élevés : la peine de mort.
Lors de sa libération de la prison de Bangkok vendredi, Praween s’est dit déterminé à lutter contre les accusations d’avoir orchestré l’assassinat de Siwakorn Saibua après une altercation verbale lors d’une fête qu’il avait organisée le 6 septembre dernier à son domicile.
Rappel de l’affaire

Praween Chankhlai, le Kamnan, à gauche, est interrogé par la police de la division de la répression du crime à Bangkok. Photo : police thaïlandaise
L’incident s’est produit lorsque Praween Chankhlai a invité un groupe de 28 agents de police à dîner et à discuter de manière informelle chez lui le mercredi 6 septembre.
Lors du repas, le Kamman a tenté de persuader le major de police Sivakorn Saibua, avec qui il était déjà en conflit sur une autre affaire, de promouvoir un officier de police sous sa supervision.
Praween avait déjà tenté de corrompre le major Siwakorn pour lui faire accepter de laisser passer des camions en surpoids, donc dangereux pour la sécurité routière, mais celui-ci avait refusé.
Voir aussi : La corruption responsable de l’effondrement d’une route en Thaïlande
Sivakorn a aussi refusé de promouvoir le policier au service du Kamman en insistant sur le fait qu’il fallait suivre les règlements basés sur les performances du personnel de police.
Face à ce second refus, Praween s’est alors mis en colère, a quitté le repas puis son homme de main est ensuite arrivé sur les lieux et a tiré plusieurs coups de feu sur le major Sivakorn et sur son superviseur devant les autres policiers.
Le major Sivakorn a été tué et son superviseur grièvement blessé.
Aucun des policiers présent n’a ensuite cherché à arrêter le Kamman ou son homme de main.
Des policiers corrompus qui travaillaient pour le Kamman l’ont ensuite aidé à quitter les lieux tandis que d’autres ont effacé les preuves de la scène de crime.
Praween Chankhlai s’est rendu à la police de Nakhon Pathom le jeudi 7 septembre, peu après l’émission d’un mandat d’arrêt.
Son homme de main a ensuite été abattu lors d’un échange de coups de feu avec la police dans le district de Tha Rua, dans la province de Kanchanaburi, le vendredi 8 septembre.
Voir tous les détails sur le déroulement du crime ici : La Thaïlande veut mettre les chefs mafieux sur liste noire
L’affaire a entrainé une campagne nationale contre les chefs mafieux

Le major Sivakorn Saibua, assassiné pour avoir refusé de se laisser corrompre. Photo : The Nation Thailand
Cette affaire a choqué l’opinion publique et l’ancien chef de village est devenu l’emblème de la corruption en Thaïlande, ce qui a conduit le gouvernement à lancer une campagne contre les « personnes influentes ».
Voir : La Thaïlande va lancer une campagne contre les chefs mafieux
Le procureur, représentant la division criminelle 7, a intenté une action en justice contre Praween Chankhlai, entamant une bataille juridique qui a attiré l’attention du public.
Le vice-ministre de l’intérieur a ordonné l’arrestation de son gendre et a déclaré que le ménage commençait à la maison.
La mort du policier intègre a suscité un profond malaise dans l’opinion publique quant à l’impunité dont jouissent ces assassins et aux relations entre la police, les responsables locaux et les contrats du ministère de l’Intérieur.
Le meurtre du 6 septembre a eu des répercussions sur la police royale thaïlandaise, avec le « suicide », quelques jours plus tard, d’un commandant et des tensions dans les rangs.
Son commandant au sein de la police routière, le colonel Vachira Yaothaisong se serait suicidé, mais certains pensent qu’il a été tué, car il était prêt à parler.
C’est ce colonel, supérieur du major Sivakorn, qui lui avait donné l’ordre de participer au repas, pour tenter de trouver un « arrangement » avec le Kamman, suite à son premier refus de se laisser corrompre.
Après l’assassinat, Vachira était dans un état psychologique instable et des policiers avaient été chargés de « le surveiller », ce qui n’a pas empêché son « suicide » peu après.
Un autre policier intègre écarté de l’affaire ?

Raid de la police thaïlandaise sur des maisons louées par le général Surachate (l’homme en caleçon sur la photo) le lundi 25 septembre.
La poursuite zélée de l’affaire par le général Surachate Hakparn, commissaire adjoint de la police nationale, aurait suscité une certaine animosité dans les rangs de la police.
Juste avant la nomination du nouveau chef de la police, Surachate, qui était bien placé pour obtenir le poste, a été perquisitionné lors d’une opération très médiatisée.
Voir : Attaque contre le « monsieur propre » de la police en Thaïlande
L’homme, connu pour son intégrité et par le fait qu’il n’hésite pas à s’attaquer à des personnages importants et des policiers corrompus aurait été victime d’une opération visant à le décrédibiliser pour l’empêcher de devenir chef de la police.
Suite à la perquisition, Surachate a été écarté et le Premier ministre, Srettha Thavisin, a proposé le général Torsak qui a ensuite été élu nouveau chef de la police.
Voir : La Thaïlande nomme son nouveau chef de la police
Source : Thai Examiner
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4 commentaires
Très déçu de l’issue du sacrifice du lieutenant colonel Siwakorn Saibua, symbole de l’intégrité, de la Police Incorruptible…
La justice thaïlandaise dirigée telle comme celle en France me laisse hésiter aujourd’hui à passer ma retraite dans le royaume hautement spirituel…
Quel gâchis ! OM mani padme hum.
Cher Vu Son… C’est bien triste, en effet, et si, aujourd’hui, vous hésitez à prendre votre décision de venir vivre votre retraite en Thaïlande, vous n’êtes qu’au début de votre peine et de vos désillusions…
Il me semble que vous placez la barre de la spiritualité à un niveau auquel vous aspirez personnellement et auquel vous croyez…
Mais il y a un fossé, pour ne pas dire un gouffre entre vos aspirations personnelles à vous élever spirituellement selon les enseignements du Bouddha et la spiritualité de la nation « Thaïlande », qui est loin d’être appliquée par les autorités politiques, judiciaires et juridiques du pays dont la ligne de conduite coutumière est à un niveau bassement « terrestre ».
Vous risquez d’être encore maintes et maintes fois déçu… profondément déçu ! Errare humanum est, alea jacta est !
Je ne vais pas revenir sur les circonstances de l’élection du nouveau général en Chef de la police nationale, dont la nomination du chef-adjoint Surachate, réputé incorruptible, a été écarté lors d’une mise en scène d’une perquisition de son domicile digne d’un film de la Panthère Rose !
Cela en dit long sur la corruption au plus haut niveau politique du pays et sur l’infiltration des milieux mafieux au sein de la police.
Quand à la libération du chef local mafieux, Praween Chankhlai, on peut supputer à souhait sur les raisons de cette libération, sur l’origine de la caution qui a été payée pour cette libération et sur la suite des évènements qui interviendra certainement avant le procès en avril 2024….
Praween Chankhlai, à présent libre de ses mouvements va pouvoir reprendre une vie comme vous et moi, revenir à ses « affaires », reprendre son organisation en main.
Au vu du climat qui règne actuellement dans son district à son égard et d’un éventuellement isolement concernant ses agissements frauduleux, il est très possible qu’il décide de jouer les filles de l’air et de quitter la Thaïlande via les réseaux mafieux transfrontaliers afin d’échapper à la justice, car il est clair, quand on analyse les faits de l’assassinat de l’officier de police incorruptible et ceux qui ont suivi dans la foulée du crime, que la participation de Praween Chankhlai ne fait évidemment aucun doute…
Actif sur place aux yeux de tous les autres policiers passifs et complices, pour effacer les traces et déplacer le corps de la scène de crime, suivi quelques jours plus tard du « suicide » (ou de l’assassinat) du colonel chef de la police du district, supérieur direct du policier abattu, ainsi que la mort du meurtrier du même policier lors de son arrestation, abattu par un policier chargé de le traquer, il est clair, avec tous ces faits et indices mis bout-à-bout, que la défense de Praween, qui nie avoir une quelconque participation dans le meurtre du policier, ne tient absolument pas debout…
Mais la justice thaïlandaise, dont certains membres sont, eux aussi, mis en cause pour faits ou suspicion de faits de corruption majeure, pourrait là aussi nous surprendre dans ses conclusions à la fin du procès, si celui-ci aura bien lieu en avril 2024…
Avec la présence ou non du principal intéressé, dont la libération n’est probablement que le premier acte d’un feuilleton dont l’acteur principal pourrait bien faire reparler de lui d’ici quelques semaines ou quelques mois en disparaissant des radars thaïlandais…
Incroyable.