Des millions de Thaïlandais ont réduit, voire ont abandonné leur consommation d’alcool lors d’une fête bouddhiste célébrée tous les ans.
Une campagne de promotion de la sobriété est menée depuis des décennies pendant la retraite annuelle des pluies, mieux connue sous le nom de « carême bouddhique ».
Cette année, la période de trois mois du carême bouddhiste a débuté le 21 juillet lors du Khao Phansa et se terminera le 17 octobre lors du Ok Phansa.
La plupart des 72 millions de Thaïlandais se considèrent comme bouddhistes, ce qui ne les empêche pas de boire en moyenne 7,8 litres d’alcool par personne, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour 2019.
La consommation d’alcool des Thaïlandais est nettement plus élevée que la moyenne mondiale de 5,5 litres par personne.
Selon un rapport publié le 15 juillet 2024 par la Fondation thaïlandaise pour la promotion de la santé, au moins 10 % des Thaïlandais ont consommé des quantités excessives d’alcool au cours de l’année précédente.
Voir : Augmentation de la consommation excessive d’alcool en Thaïlande
Le code moral du bouddhisme, contenu dans les cinq préceptes, appelle pourtant à éviter les substances intoxicantes, y compris l’alcool, qui obscurcissent l’esprit et peuvent conduire à des comportements contraires à l’éthique.
Un nouveau vous
La Fondation thaïlandaise pour la promotion de la santé (ThaiHealth) s’est associée au réseau Stop Drink et à d’autres organisations pour encourager les gens à réduire leurs habitudes de consommation d’alcool.
Le slogan de leur campagne est : « New You Via Alcohol Abstinence » (Un nouveau toi grâce à l’abstinence d’alcool).
La campagne met en scène une jeune femme au cœur brisé dont la vie est transformée par son corps svelte et sa peau plus saine depuis qu’elle a renoncé à l’alcool.
Elle montre également comment les hommes peuvent se débarrasser de leur gros ventre et des poches sous les yeux en renonçant à l’alcool.
« Vous verrez des résultats positifs en trois mois », promet le Dr Pongthep Wongwatcharapaiboon, directeur général de ThaiHealth.
Depuis plus de 20 ans, la fondation organise des campagnes de sensibilisation à l’alcool pendant le carême bouddhiste.
Elle offre des conseils pratiques et un soutien pour arrêter ou réduire la consommation d’alcool, grâce à la ligne d’assistance téléphonique 1413 de ThaiHealth.
La fondation estime qu’il est essentiel de prévoir comment éviter l’alcool pour arrêter de boire ou, du moins, réduire sa consommation.
Par exemple, elle conseille aux gens d’occuper leur emploi du temps avec des activités communautaires ou familiales qui n’impliquent pas d’alcool.
Les personnes qui ressentent l’envie de boire sont encouragées à étancher leur soif avec des jus de fruits acides qui imitent le goût de l’alcool.
Il leur est également conseillé de se débarrasser des stocks d’alcool qu’ils conservent à la maison et de se préparer à dire « non » à toute personne qui les invite à boire un verre.
Les amis et les membres de la famille sont également considérés comme une source importante de soutien pour ceux qui essaient de se débarrasser de cette habitude.
La campagne du Carême bouddhiste comprend même des recettes de cocktails fictifs pour montrer aux buveurs qu’il n’est pas nécessaire d’avoir de la bière ou autre alcool pour s’amuser.
Taux de réussite
L’année dernière, 10,2 millions de buveurs sur les 24,8 millions que compte la Thaïlande ont participé à la campagne, soit 770 000 de plus que l’année précédente.
Parmi les participants, 21,3 % ont déclaré ne pas avoir touché à l’alcool pendant les trois mois du carême bouddhiste.
Environ 9,1 % se sont abstenus pendant une partie de la période, tandis que 10,5 % ont déclaré avoir moins bu.
Deux tiers des participants (66,3 %) ont déclaré qu’ils se sentaient émotionnellement et physiquement en meilleure santé après avoir arrêté ou réduit leur consommation d’alcool.
Une enquête menée auprès des participants a permis d’estimer qu’ils avaient économisé en moyenne 1 509 bahts (39,78 euros) par personne, soit un total d’environ 4,2 milliards de bahts au cours de la campagne.
Jarulak Rueangsuwan, secrétaire général du Fonds national d’épargne, a souligné que les personnes qui arrêtaient de boire pouvaient réorienter l’argent vers leur épargne-retraite.
Pongthep a ajouté :
« Arrêter ou réduire sa consommation d’alcool est également bénéfique pour les relations humaines ».
Alcool et santé
L’OMS avertit que la consommation d’alcool, une toxine, même en petite quantité, comporte des risques pour la santé.
Dans le monde, environ 2,6 millions de personnes sont mortes de causes liées à l’alcool en 2019.
Parmi elles, 1,6 million sont mortes de maladies non transmissibles, 700 000 de blessures et 300 000 de maladies transmissibles.
Des études montrent que l’abstinence d’alcool à long terme peut contribuer à réduire le risque de développer différents types de cancers.
Faxingtawan Wiykrrn a déclaré qu’on lui avait diagnostiqué une cirrhose du foie à l’âge de 38 ans, après une longue période de consommation quotidienne d’alcool.
« Les indicateurs de santé suggèrent que je pourrais développer un cancer du foie », a déclaré cette ancienne grande consommatrice d’alcool.
Cette alerte sanitaire l’a incitée à opérer de grands changements dans sa vie.
Non seulement elle a arrêté de boire, mais elle partage également ses recettes de boissons saines à base de plantes sur les réseaux sociaux afin d’encourager les autres à suivre la même voie.
Comme elle, des millions de Thaïlandais découvrent les bienfaits de la réduction ou de l’arrêt de la consommation d’alcool pendant le carême bouddhiste, et nombre d’entre eux font état de changements positifs qui se prolongent au-delà de la période de trois mois.
Voir aussi :
Démarrage difficile pour la baisse du prix du vin et autres alcools en Thaïlande
La Thaïlande veut mettre des avertissements sur les bouteilles d’alcool
La baisse radicale du prix du vin et autres alcools en Thaïlande met en colère une ONG
Les bars de Thaïlande invités à ne pas servir d’alcool aux clients ivres
L’interdiction de vente d’alcool lors des fêtes bouddhistes remise en question en Thaïlande
Alcool + durian : un mélange mortel normalement bien connu en Thaïlande
Source : Thai PBS World
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3 commentaires
« Boire en moyenne 7,8 litres d’alcool par personne, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour 2019 ».
Il faudrait ajouter « par an » et préciser le taux d’alcool dans les boissons.
Boire 7,8 de bière et de Cognac, ce n’est pas la même chose !
Cher Alex,
Si on se réfère aux statistiques de l’OMS, la consommation de « X » litres d’alcool par an, par habitant, correspond à des litres d’alcool pur…
Si on fait le calcul, ces 7,8 litres de bière, de vin ou de cognac deviennent en réalité pour un buveur de bière Chang, à 5° d’alcool, une consommation de 156 litres de bière par an ou pour du cognac (40°), à 19 litres de cognac…
Mais encore une fois, la plupart des européens sont bien au-dessus des 7,8 litres des thaïlandais !!!
Le problème de la consommation d’alcool en Thaïlande n’est pas plus un problème omniprésent que dans nos pays européens ou américains… les Russes, les Polonais (pour ne citer que les plus médiatisés) et la plupart des pays européens ont une consommation bien plus élevée par habitant que les thaïlandais qui se situent dans une fourchette de 7 à 8 litres d’alcool par an, alors que les français, belges, espagnols, italiens, etc… se situent entre 11 et 13 litres par an et par habitant…
Si on considère que 30 à 40 % de l’ensemble de ces populations ne boivent pas d’alcool, on peut considérer que certains européens en sont à consommer entre 20 et 30 litres annuellement !
Le problème en Thaïlande est que le thaïlandais buveur ne sait pas se modérer ou s’abstenir de boire des boissons alcoolisées alors que les circonstances l’exige, par exemple, quand il sait pertinemment bien qu’il va devoir rentrer chez lui en voiture ou en moto, ce qui ne l’empêche pas de s’enivrer au point de mettre en péril non seulement sa vie, mais aussi celle d’autres personnes innocentes qui se trouveraient sur son chemin, au mauvais endroit, au mauvais moment…
À population égale et avec une circulation routière quasi équivalente, la France compte quasi 10 fois moins de décès par accident de la route que la Thaïlande, où 70 % des accidents est la conséquence de prise de drogue ou de consommation d’alcool (en 2023, 3.126 décès en France contre 29.860 en Thaïlande).
Une consommation d’alcool régulière, contrôlée d’un thaïlandais qui en consommerait uniquement chez lui, sans provoquer de conséquences néfastes pour sa famille, ses proches et autrui, c’est un choix personnel… il ne détruit « que » sa santé, ce qui déjà, est le signe d’une grande faiblesse de caractère et d’intelligence, et comme dirait Monsieur VU SON, c’est une affaire entre lui et la gestion de son karma.
Malheureusement, la plupart des thaïlandais consomment de l’alcool lors de soirées, de festivités, de fêtes familiales ou entre amis sans aucune modération ni limites et la plupart d’entre eux ne boivent pas par soif ou pour le plaisir de dégustation, mais parce qu’ils n’ont pas vidé leur portefeuille ou le stock des boissons disponibles, mises à leur disposition… tant qu’il y a des bouteilles pleines, faut les vider !!!
Pas très « bouddhique » tout ça !